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15 / 11 / 2013 | 8 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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FagorBrandt en redressement judiciaire malgré un carnet de commandes rempli

L’entreprise FagorBrandt a annoncé son dépôt de bilan le 6 novembre dernier et a été mise en redressement judiciaire le lendemain.

Faute de pouvoir payer ses fournisseurs, les sites de production sont à l’arrêt depuis la mi-octobre et les salariés au chômage technique.

L’électroménager de marque Brandt, Vedette ou De Dietrich est aujourd’hui fabriqué par FagorBrandt, dernier représentant de l’industrie de l’électroménager en France. L’entreprise, dont le carnet de commandes est plein, lutte pour sa survie, comme sa maison mère, la coopérative espagnole Fagor electrodomesticos. « Douze ans après le dépôt de bilan de Brandt Moulinex en 2001, c’est un retour à la case départ », constate avec dépit Jean-Luc Poiraud, délégué syndical du site de La Roche-sur-Yon et coordinateur national FO.

Un carnet de commandes de 80 millions d'euros

Depuis 2005, FagorBrandt est devenue une filiale à 100 % de la coopérative espagnole Fagor electrodomesticos, elle-même filiale du basque Mondragon, plus grand groupe coopératif mondial avec près de 37 000 salariés. Le 16 octobre, la maison mère, Fagor electrodomesticos, a déposé un prédépôt de bilan, une formule qui lui accorde un délai de quatre mois pour refinancer sa dette. Dette d’un montant total de 859 millions d’euros, qui a explosé à la suite de la crise de l’immobilier espagnol.

En France, près de 2 000 salariés sont actuellement menacés par l’effondrement du groupe dans les sites d’Orléans, Vendôme, La Roche-sur-Yon, Lyon, Pontoise et Rueil-Malmaison. Mercredi 6 novembre, FagorBrandt, elle-même endettée à hauteur de 176 millions d’euros, a annoncé être en cessation de paiement et a été placée en redressement judiciaire. « Aujourd’hui, il reste 9 millions d’euros dans les caisses, de quoi payer les salaires jusqu’à décembre, mais nous avons besoin de 20 à 30 millions d’euros pour payer nos fournisseurs et reprendre la production. Le plus rageant est que le carnet de commandes est plein : nous avons un portefeuille de commandes de 80 millions d’euros, que nous ne pourrons honorer sans l’injection rapide de trésorerie et la reprise de l’activité », explique Jean-Luc Poiraud.

Or, la période est cruciale pour l’entreprise. En effet, la grande distribution procède actuellement à son référencement annuel. Si Fagor n’est plus en mesure de fournir les produits commandés, ceux-ci ne seront plus référencés et donc plus présents sur les étals de la grande distribution... Une condamnation définitive en sorte. La tentation pourrait être grande pour un éventuel repreneur d’attendre l’écroulement de la société pour racheter à vil prix ses marques et brevets.

Plusieurs réunions se sont tenues avec les Ministères du Travail et du Redressement productif. Si la coordination franco-espagnole semble actée par les pouvoirs publics, le gouvernement a totalement rejeté l’idée d’entrer au capital de la structure ou de nationaliser temporairement cette activité. S’il n’a pas exclu l’idée de faire intervenir la Banque Publique d’Investissement (BPI), le gouvernement n’a à ce jour proposé que sa sempiternelle « boîte à outils », outils à base de PSE, de chômage partiel voire d’accompagnement des nouveaux chômeurs, qui ne semble pas à la hauteur des enjeux et de la volonté affichée de maintenir l’emploi industriel.

Depuis de longues années, le syndicat FO n’a de cesse de lutter pour maintenir cette industrie. Depuis quinze ans, plus de 20 000 postes ont été supprimés dans ce secteur. Pour Jean-Luc Poiraud, « le gouvernement ne peut se contenter de communiquer sur le maintien des emplois. Il doit rapidement dire comment il compte les maintenir ».
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