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20 / 10 / 2015
Denis Garnier / Membre
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Des cadres pour contrôler ou pour aider le travail ?

Sandrine est infirmière depuis une dizaine d’années. Elle effectue un bilan de compétences avant de s’engager dans la voie de l’encadrement.

Lorsqu’elle fait le point de ce bilan, le conseiller lui indique qu’elle n’a pas le profil idéal pour faire un bon cadre : « Vous avez trop le goût de la transmission mais pas celui du pouvoir ».

Cette réponse illustre parfaitement le délitement actuel de la fonction d’encadrement. Pour ces écoles et ces professeurs, il s’agit de répondre à la commande. Faire du management un outil de gestion pour optimiser le résultat de l’entreprise. Pour ce faire il est indispensable de faire preuve d’autorité sur les salariés qui pourraient s’écarter du moule dans lequel ils doivent se fondre. L’évaluation de leur travail avec des objectifs individualisés est l'un des outils préférés pour exercer cette pression. Le raccourci peut paraître brutal mais quasiment 50 % des traumatismes du travail, (risques psychosociaux, troubles musculo-squelettiques, accidents du travail et maladies professionnelles) sont la conséquence directe de ce management autoritaire, les autres 50 % pouvant être la conjugaison de facteurs économiques.

C’est pourquoi il est juste de considérer la quasi totalité des plans de prévention des risques professionnels comme des activités occupationnelles car ils ne s’attaquent pas aux causes réelles de ces traumatismes.

Une fonction cadre déconnectée du terrain

Plus étrange pourrait paraître la désertion des cadres des espaces de travail qu’ils sont censés organiser. Comme si les rapports sociaux et la rencontre avec l’autre venaient s'entrechoquer avec la déshumanisation qu’impose le goût du pouvoir.

Oui, c’est bien l’appétence pour le pouvoir qui exclut ces cadres du bon sens du travail. Faut-il gérer les travailleurs ou organiser le travail ? Les deux certainement. Mais pour organiser le travail encore faut-il que le cadre soit au milieu de son équipe pour aider au bon travail.

Il est donc grand temps de faire évoluer la fonction « cadre contrôlant » en l’extirpant du passé autoritaire pour l’épanouir dans le futur dans la fonction de « cadre aidant ».
La qualité du travail est le résultat d’un travail d’équipe au sein duquel le cadre ne doit pas imposer de l’extérieur mais s’engager de l’intérieur.

Pour compléter :
  •     « Bien-être et efficacité au travail », rapport Lachmann, Larose, Pénicaud, février 2010.
  •     « Le mal-être au travail : passer du diagnostic à l’action » (rapport du Sénat).
  •     « Et si le management reprenait le chemin du bon sens ? », Denis Garnier, 18 avril 2013.
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