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24 / 11 / 2011 | 2 vues
Thierry Amouroux / Membre
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Comptes épargne temps : blocage à l'hôpital

Depuis l’instauration des 35 heures en 2002, le personnel hospitalier a stocké des millions d’heures de RTT qu’il n’a pas pu prendre, faute d'effectif. Dans les seuls hôpitaux parisiens, l'AP-HP doit un million de jours à ses 77 000 agents, soit une moyenne de 13 jours par agent.

Faute de remplacements, les infirmières sont obligées d'ouvrir des CET, comptes épargne temps, qui ne peuvent être utilisés, toujours faute de personnel, sauf lors d’un départ (mutation, retraite), ce qui fait que l’IDE figure virtuellement sur un planning pendant des semaines avant que quelqu’un d’autre soit recruté.

Par exemple, 608 emplois d’infirmiers et infirmières sur 16 000 restent vacants dans les hôpitaux parisiens. Du fait de la surcharge de travail pour celles qui restent en poste :

  • 10 % des effectifs, soit 1 600 infirmières, seraient en outre absents pour raisons de maladie, formation professionnelle ou congé maternité ;
  • 20 % des infirmières sont en invalidité lors de leur départ en retraite.

 

Dans les services, nous n’y arrivons plus : sous-effectif, non-remplacement des absences, augmentation de la charge de travail, glissement de tâches, mobilité etc.

Notre vie privée est perturbée par le non-respect des plannings, la flexibilité des horaires, les appels téléphoniques au domicile pour remplacer, la grande équipe imposée etc.

Les formations sont refusées d’entrée ou bien supprimées au dernier moment, faute d’effectif.

Paiement des heures : l'arnaque de 2008

En 2008, les heures Supplémentaires avaient été soldées à l’hôpital car les négociations sur la rémunération des heures sup et des CET dans la fonction publique hospitalière se sont terminées par une braderie :

  • 80 euros bruts par jour pour « l’indemnisation des jours épargnés dans un CET », soit le coût horaire d'une infirmière débutante ;
  • 13 euros bruts « l’indemnisation des heures supplémentaires restant dues au 31 décembre 2007 », soit le coût horaire d'une infirmière en milieu de carrière, donc toutes les IDE de classe sup, les infirmières spécialisées et les cadres infirmiers étaient perdants : travailler plus pour gagner moins !

À l'époque, sur les 23 millions d’heures concernées :

  • 7 590 000 concernaient les IDE (33 %),
  • 1 380 000 concernaient les infirmières spécialisées (6 %),
  • 1 403 000 concernaient les cadres infirmiers (6%).

Au total, seuls 30 % des heures de 2008 avaient été payées, les agents refusant majoritairement d'être sous-payés pour le travail fait en plus.


Pénurie et surcharge de travail

Et dans un contexte où la surcharge de travail comme le manque de personnel se fait ressentir dans de nombreux services, on note une augmentation des erreurs médicales.

Ces problèmes ont été abordés lors l'émission de France 5, Enquête de santé « Infirmières : profession en danger », diffusée à 20h30 le 8 novembre 2011. Le reportage de Géraldine Laura, « le blues des infirmières », sera de nouveau diffusée le lundi 5 décembre 2011.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC se bat régulièrement pour :

  • une véritable reconnaissance universitaire LMD (licence pour les IDE, master pour les infirmières spécialisées) avec un enseignement professionnel du cœur de métier, comme dans les autres pays de l’Union européenne ;
  • une revalorisation du salaire net du personnel infirmier (notre perte de pouvoir d’achat est de 21,6 % depuis 2001) avec une véritable catégorie A pour tous, sans chantage à la retraite ;
  • une juste rémunération des contraintes, comparable aux métiers du commerce et des services (qui sont payés double les dimanches et fériés), et qui ne doivent pas se contenter d’un euro par heure de nuit ;
  • une reconnaissance de la pénibilité de notre profession (seconde carrière, départ avancé à la retraite) ;
  • le recentrage de notre activité sur les soins : avoir plus de temps à consacrer aux patients, en réduisant les tâches administratives et la gestion du téléphone ;
  • la reconnaissance des infirmières cliniciennes, de l’expertise acquise par des diplômes universitaires ou en formation continue.

Ce n’est que lorsque la profession infirmière sera reconnue à hauteur de ses compétences et de ses responsabilités qu’elle redeviendra attractive et que l’administration arrivera à fidéliser le personnel en poste (la durée de vie professionnelle d’une IDE est de 12 ans).

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