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08 / 04 / 2022 | 749 vues
Alberta Dulymbois / Membre
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Inscrit(e) le 06 / 04 / 2022

Quel avenir pour l'AFPA, sur fond de maltraitance institutionnelle ?

Alberta D. Formatrice à l’AFPA
                                                                                                 

Madame, Monsieur le candidat à l’élection présidentielle,



Je travaille depuis dix ans dans ce qu’il est convenu d’appeler le premier organisme de formation professionnelle pour adultes en France, c’est-à-dire l’AFPA.
 

Travailler à et pour l’AFPA a été un choix après d’autres expériences professionnelles et ça l’est encore. C’est, en effet et à mon sens, la possibilité de participer à :

  • l’insertion professionnelle de chômeurs, grâce à leur montée en compétences pour leur offrir la possibilité de réalisations de projets professionnels et personnels, grâce à ce retour à l’emploi,
  • la possibilité de reconversion professionnelle pour tous ceux qui en éprouvent simplement le désir ou qui y sont contraints pour raisons de santé,
  • sur le plan humain, une revalorisation de la confiance et de l’estime de soi pour de nombreuses personnes qui ont été en difficultés ou en échec (voire rupture) scolaire et qui retrouvent le goût d’apprendre et obtiennent des résultats grâce à la reprise d’un parcours de formation professionnalisant basé sur « le geste professionnel », notre « signature pédagogique ».


Aujourd’hui, mon sens de l’engagement est gravement malmené.
 

La maltraitance institutionnelle, présente à tous les postes de travail et à tous les étages hiérarchiques, me rend amère.
En cette période d’élection présidentielle, j’entends de nombreux candidats prôner la formation des chômeurs parce que la baisse du chômage concourt à la reprise économique qui elle-même participe à la bonne santé économique et sociale du pays…


Mais je n’entends aucun candidat se préoccuper des moyens alloués aux organismes de formation pour mener cette mission de service public à bien.

 

La réalité de mon entreprise est que l’immense majorité du personnel en charge de la future insertion professionnelle des apprenants est en situation d'extrême précarité de travail, en CDD, intérim, CDII ou contrat d’apprentissage puisque tous les recrutements en CDI sont gelés.

 

Dans ces conditions d’emploi, quelle légitimité avoir pour promettre un meilleur avenir professionnel aux gens dont on est chargé, en étant soi-même sur la sellette du chômage, d’une fin de contrat de travail ou d’une période de carence entre deux contrats ?


Comment continuer de se mobiliser pour préparer un retour à l’emploi, un salaire futur offrant la possibilité d’envisager un achat de logement, un changement de voiture ou seulement la sortie de la précarité de ses apprenants, en étant soi-même privé de ces possibilités ?

 

Si la formation professionnelle des adultes a autant d’importance politique et économique qu’elle semble en avoir pour notre pays, pourquoi dépend-elle grandement de politiques d’achats par appels d’offres de deux ans renouvelables une fois et comment peux t-on garantir un service de qualité avec une main d’œuvre précaire ?
 

Ce mode de fonctionnement à un effet pervers désastreux. Depuis de trop nombreuses années en CDD, certains de nos formateurs font le choix « d’aller voir ailleurs ». En ce moment même, nous avons de vraies difficultés à recruter des formateurs, le métier étant très attractif mais les conditions d’emploi tout à fait décourageantes.
 

L’AFPA est un outil du service public. L’État doit prioriser l’utilisation de cet outils auprès des organismes régulateur de l’emploi.

 
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur le candidat à l’élection présidentielle, l’expression de ma respectueuse considération.

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Bonjour,

Voir https://www.capital.fr/economie-politique/afpa-le-pionnier-de-la-formation-est-devenu-un-vrai-boulet-pour-les-finances-publiques-1326457

L etat met beaucoup d argent pour sauver l afpa.

Mais la concurrence voulue entre les organismes a fait baisser le cout des formations. Les organismes ne peuvent plus investir puisqu ils peuvent perdre les appels d offres meme si leur formation est qualitative : il suffit qu un nouvel organisme arrive et baisse les coûts de la formation. 

La cour des comptes avait demandé de réduire les dépenses . Malheureusement l afpa a encore + précarisé ses formateurs au lieu de diminuer les couts de direction et  quitter son siege de Montreuil.... 

Bon courage !