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24 / 09 / 2013 | 35 vues
Olivier Hoeffel / Membre
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Une vision large de la QVT

Alors que la QVT (qualité de vie au travail) est particulièrement mise à l'honneur avec la validation de l'ANI vers une politique d'amélioration de la QVT et de l'égalité professionnelle (texte du 19 juin 2013) et à l'aube du déploiement de cet accord expérimental, il est important de considérer l'étendue du périmètre.

Une vision large de la QVT participe grandement à l'efficacité des démarches et des actions d'amélioration de la QVT.

Abordons cette question de deux points de vue :

  • le périmètre des parties prenantes,
  • la QVT se joue sur 24 heures.

Au-delà des murs de l'organisation

A contrario des démarches sur le stress au travail et les RPS principalement travaillées par les RH, CHSCT, préventeurs et médecine du travail, la QVT met en action et mobilise tous les acteurs de l'organisation en mettant la QVT comme élément contributeur du bien-être individuel et de la performance individuelle et collective, ce dernier point constituant en soi un véritable changement d'état d'esprit. Il est exprimé clairement en préambule de l'ANI.

Il est à noter que les salariés ne s'y trompent pas puisque, interrogés par l'ANACT à l'occasion de la dernière semaine de la QVT, ils sont 87 % (1) à considérer que l'amélioration de la QVT est bénéfique à la fois pour l'entreprise et les salariés.

L'ANI précise que la QVT est « l'un des éléments constitutifs d’une responsabilité sociale d’entreprise assumée ».

Si cet accord ne reprend pas explicitement le terme de « partie prenante » de la RSE, il faut en revanche bien considérer qu'il mentionne un ensemble de parties prenantes qu'elles soient internes (salariés, IRP, CHSCT, dirigeant, managers...) et externes (branches, partenaires sociaux au niveau territorial, partenaires sociaux au niveau national, ANACT et ARACT, pouvoirs publics...).

Il semble utile d'ajouter quelques parties prenantes pour une plus grande efficacité dans l'amélioration de la QVT :

  • le conseil d'administration : s'il est précisé dans l'accord que la démarche doit être portée par le dirigeant, il devrait en être de même pour les conseils d'administration où la question de la QVT devrait être stratégique puisque contribuant aux performances et à la RSE. Ceci en lien bien évidemment avec...
  • les actionnaires ;
  • les clients ou usagers : les exigences des clients ou usagers en termes de qualité de service ont un effet direct et indirect sur les individus au travail, et particulièrement pour ceux qui sont en contact direct. Une prise de conscience et de la pédagogie sont nécessaires pour répondre à cette tendance schizophrénique de l'individu au travail qui demande plus de QVT et qui, en tant que consommateur, devient de plus en plus exigeant et de moins en moins patient. L'amélioration de la QVT peut être vue comme un cercle vertueux de ce point de vue ;
  • les partenaires et les fournisseurs : à l'instar de la RSE, l'intérêt au sujet de la QVT doit se faire en coopération avec les partenaires et les fournisseurs. Il s'agit aussi dans certaines activités de repositionner les fournisseurs comme des partenaires et non comme la dernière roue du carosse vivant en la matière un quotidien de relations interpersonnelles déséquilibrées et dévalorisantes ;
  • l'entourage familial : citons par exemple une initiative, telle que celle lancée depuis l'année dernière par les ARACT à l'occasion de la semaine de la qualité de vie au travail, visant à organiser pour une entreprise une journée portes ouvertes orientée sur les conditions de travail. Sur les questions d'équilibre entre vie privée et vie professionnelle, il s'agit a minima de prendre conscience de l'existence de l'entourage familial comme partie prenante et de trouver les modalités de l'associer quand nécessaire.
Je vous renvoie à l'article « QVT et parties prenantes - des situations de travail » sur laqvt.fr, mettant en exergue l'importance de prendre en compte et d'associer des parties prenantes externes sur quelques situations de travail.

La QVT se joue sur 24 heures

La QVT se joue-t-elle uniquement pendant la période où l'on se trouve entre les murs du travail ?

Considérons déjà la question du trajet entre le domicile et le travail. On peut y observer deux dimensions, une objective et une subjective.

La première renvoie aux conditions objectives du trajet. De ce point de vue, il s'agit de trouver une bonne articulation entre responsabilités individuelle et collective. Collective non seulement en tant que responsabilité de l'organisation mais aussi plus largement au niveau sociétal.

La deuxième renvoie à l'état d'esprit dans lequel l'individu vit son trajet et évidemment par rapport aux conditions objectives. Le considère-t-il comme du temps travaillé, un sas entre vie professionnelle et vie privée ou un temps passé pour soi (par exemple lecture dans un transport en commun ou activité physique si le trajet est réalisé en vélo ou à pied) ?

Mais il ne faut pas s'arrêter au trajet.

Nous portons l'idée sur laqvt.fr et au sein de Novéquilibres que la QVT se joue de manière large sur 24 heures.

Quelques activités dans la journée affectant la QVT :

  • le sommeil et la gestion des moments de recharge des batteries sont tout à fait essentiels. Réduire son temps de sommeil a une conséquence sur les performances individuelles physiques et intellectuelles. Cela affecte également la qualité des relations interpersonnelles. Sur ce sujet, il faut évoquer comme pour la plupart des dimensions de la QVT l'articulation entre responsabilité individuelle et collective : à l'organisation d'assurer que les individus puissent gérer correctement les rythmes et s'assurer notamment des temps de récupération. À l'organisation de s'assurer que les individus puissent sortir de la sphère professionnelle chaque jour, sereins et fiers du travail réalisé. À l'individu de gérer au mieux son sommeil ; à lui aussi d'essayer de ne pas ruminer des petites contrariétés rencontrées au travail ;
  • s'alimenter correctement et régulièrement contribue à la QVT. Ne pas manger le matin, manger au lance-pierre à midi, finir sa journée en s'effondrant sur le canapé devant la télé avec des chips et de l'alcool sans compter... Ces comportements dégradent la QVT et la santé. L'organisation a un rôle à la fois en termes d'organisation du travail pour donner du temps pour s'alimenter correctement dans la convivialité et à la fois en termes de prévention de la santé. L'individu est responsable de sa santé et doit être vigilant en prenant conscience que, à l'instar du sommeil, son état physique, intellectuel et moral dépend aussi de sa façon de s'alimenter ;
  • avoir une activité physique (et de préférence avec plaisir) contribue à la bonne santé et à la bonne santé au travail. La responsabilité de l'organisation est de ne pas cultiver le surprésentéisme et au contraire de considérer comme normal et sain que les individus n'aillent pas au-delà d'horaires classiques, réglementaires et raisonnables. De telle sorte que les individus non seulement puissent dégager du temps pour pratiquer une activité physique (et pas forcément du sport) mais ne soient pas non plus dans un état de fatigue tel que le chemin de moindre résistance ne les conduisent inévitablement au creux du canapé susmentionné. La responsabilité individuelle, c'est justement de trouver des moyens astucieux de faire échec au chemin de moindre résistance. La responsabilité des organisations c'est aussi, pour celles qui en ont les moyens, de proposer des accès à des activités physiques intra muros ou à proximité.

C'est une façon de considérer la vie au travail dans une vision de vie intégrée dans laquelle l'individu occupe à plein les différentes sphères de sa vie, en étant épanoui et authentique dans chacune de ces sphères et en prenant conscience qu'une partie de ses pensées, de ses émotions et de ses comportements de la vie hors travail a un effet réel sur la qualité de vie au travail.

Les organisations et la société ont aussi leur responsabilité par rapport à la préservation, la facilitation et la reconnaissance des temps des invididus en dehors du travail engagés dans un certain nombre de rôles : le rôle éducatif, le rôle social (investissement dans le bénévolat), le rôle d'aidant (2)... 

La QVT est indéniablement au cœur du travail mais pas seulement. C'est une co-responsabilité large qui nécessite l'articulation d'actions individuelles et collectives, de manière coopérative et non une focalisation sur les potentiels coupables de déficit de la QVT.

 (1) « La qualité de vie au travail, pour vous c'est quoi ? », sondage TNC Sofres pour l'ANACT à l'occasion de la 10ème semaine de la qualité de vie au travail.

(2) « Convivialité et qualité de vie au travail : réflexions », article sur laqvr.fr, partie intitulée « Universitaires ».

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En fait, comme 87 % des salariés considèrent que l'amélioration de la QVT est bénéfique à la fois pour l'entreprise et les salariés, il ne reste plus à convaincre que les employeurs.