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24 / 10 / 2008 | 26 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Comment les directions communiquent-elles sur les impacts de la crise ?

La discussion est toujours ouverte.

Rémy Chambard-Williams, délégué CFDT de l'éditeur informatique SAP rapporte que la direction a annoncé très rapidement au personnel, avec retransmission internationale, "des mesures immédiates de gel des embauches" tout en précisant que "l'emploi est annoncé comme une priorité et qu'il n'est pas encore question de couper les investissements internes." Concernant les objectifs commerciaux, "la direction s'affirme incapable de toute prévision dans cet univers", souligne le délégué CFDT. Même manque de visibilité dans le secteur automobile. "Il n'y a aucune vraie vision d'avenir de la part du groupe", estime David Modeste, délégué du syndicat SIA chez PSA.

Certains témoignages sont remontés via la messagerie par des contributeurs qui préfèrent garder l'anonymat. Comme ce DRH qui écrit, le 8 octobre, que la question de la crise financière est "à l'ordre du jour des comités de direction afin que nous puissions déjà à notre niveau avoir une bonne compréhension des impacts et des enjeux à venir, puis de construire une communication pour le CE et les salariés fondée sur les résultats de l'entreprise à fin septembre, son niveau de résultat, de trésorerie et son taux d'endettement puis les perspectives commerciales sur les marchés internationaux pour 2009."

Une transparence qui refroidit

Un exercice de transparence qui refroidit beaucoup de directions. " Les directions des groupes non bancaires sont trop fileuses à rassurer sur leurs fondamentaux ", regrette ainsi Lionel Tourtier, le délégué général de Fondact, l'association qui assure la promotion de l'épargne salariale, dans son interview du 10 octobre. La direction d'Atos Origin n'a pas communiqué sur le sujet mais "on peut penser qu'elle a déjà pris des mesures concrètes - gel des embauches, diminution des déplacements , report de formations - sans pouvoir imputer l'origine de ces décisions ou leur niveau à la crise car c'est une pratique quasiment installée de voir ce genre d'opération mise en oeuvre dans le seul objectif de surperformer en marge opérationnelle ou simplement d'atteindre les objectifs", explique Marie Chistine Lebert, délégué CFDT de la société informatique.

" Cette activité ralentie induit un sureffectif de 20% de l'effectif employé " - Stéphane Pacceu.

Un autre DRH du secteur industriel affiche une vision plus claire des impacts de la crise financière sur son entreprise en expliquant que les clients  "cherchent à réduire leurs stocks au minimum pour la fin de l'année afin de pouvoir dégager une marge qui restera en ligne par rapport à leurs prévisions. Nous encaissons donc un effet "baisse des stocks" consécutif à la baisse des ventes (double effet pas cool du tout!). Cette activité ralentie induit un sureffectif de 20% de l'effectif employé"

Optimisme pour d'autres

D'autres se montrent plus optimistes à l'instar de Cyril Lazaro, délégué syndical FO chez Eurodisney qui estime que l'impact "devrait rester très limité, si la crise ne dure pas trop longtemps, contrairement aux attentats du 11 septembre 2001 qui avaient carrément plombé l'ouverture du second Parc, les Walt Disney Studios qui a eu lieu le 16 mars 2002. "

La crise a même des effets positifs pour certaines entreprises. Chez EADS, la direction met ainsi en avant "un effet conjoncturel positif sur certains contrats du à un réequilibrage de la parité Euros/Dollars", rapporte Eric Sabathier, délégué CFTC chez EADS Test & Services.

La question de la capacité d'investissement des entreprises est posée. "On peut s'inquiéter pour EDF et GDF qui ont copieusement investi en bourse l'argent de vos factures au lieu de le consacrer à l'investissement productif", lance "Fredo" de la CGT d'EDF. L'investissement productif, mais aussi l'investissement humain.

Voilà des remises en question qui donnent des arguments aux prestataires. "Si nous considérons que le facteur psychologique est un déterminant essentiel de l'évolution de la situation, nous ne pourrons que souhaiter que dans cette période difficile nos entreprises et administrations principales renforcent les moyens pour redonner de la confiance et du mieux être à leurs personnels", explique Jacques Rondeleux de l'IAPR, une société spécialisée dans l'accompagnement psychologique des salariés confrontés à des situations de violence dans leur univers professionnel.

Les cabinets d'expertise auprès des Comités d'Entreprise sont largement sollicités. "Nous sommes en ce moment noyés par les élus qui ressentent cette crise économique actuelle comme un séisme social, devenu le prétexte de réduire les effectifs, de geler les salaires, d'augmenter les cadences, de suspendre les contrats de travail....de la part d'employeurs qui préfèrent prévenir les baisses de marge plutôt que de soutenir l'économie en évitant la hausse de la précarité", écrit Fabrice Allégoé, de Conseil CE tandis que Aurora Reato (Arbolé) lance "cette crise aura cloué le bec des détracteurs du système par répartition pendant quelques années..."

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