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09 / 08 / 2013 | 2 vues
Roman Bernier / Membre
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Réseaux sociaux : Ryanair fait fermer les comptes du syndicat des pilotes anonymes

Depuis plusieurs mois, une guerre interne fait rage au sein de la compagnie Ryanair. Dénonçant un contexte anxiogène et une pression constante, les pilotes du transporteur « low-cost » avaient finalement décidé de passer à la vitesse supérieure en faisant planer une menace de grève le mois dernier. Ryanair n’a pas tardé à sévir en faisant suspendre les comptes Twitter et Facebook d'un syndicat des pilotes anonymes de la compagnie.

Museler internet pour endiguer la contestation

La surprise a été totale pour les membres du Ryanair Pilot Group (RPG), qui se sont retrouvés, du jour au lendemain et sans explications, privés de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Le syndicat anonyme, qui représenterait plus de la moitié des pilotes de la compagnie, n’a jamais été officiellement reconnu par celle-ci.

A contrario, le RPG refuse encore de révéler les noms de ses adhérents, prétextant protéger ses adhérents de licenciements abusifs. Quand on sait que la compagnie a entamé des poursuites judiciaires pour obtenir les données personnelles de pilotes sur un forum, on peut légitimement comprendre la précaution.

  • C’est pourtant cette absence de légitimité apparente qui fragilise la structure et laisse planer le doute sur sa nature.

En jouant sur ce caractère anonyme, Ryanair a ainsi obtenu de Facebook et de Twitter que les comptes soient suspendus, alors même que ces derniers étaient suivis par un nombre important d’internautes (environ 1 500 personnes pour la page Facebook du groupe). Sans voix et désormais muselés, les pilotes du RPG voient leur marge de manœuvre réduite comme peau de chagrin.

Cette stratégie de contrôle d’internet se retrouve d’ailleurs partout : Ryanair a déjà, par le passé, tenté de changer le contenu d’articles de journaux spécialisés. En essayant au maximum de contenir ces réactions, la compagnie pour qui « le RPG n’existe pas » semble essayer de décrédibiliser le mouvement. Pour le groupe de pilotes, une seule issue possible désormais : sortir du bois.

La transparence, une position nécessaire mais risquée

Pour retrouver leurs voix, les pilotes du RPG sont désormais contraints de montrer patte blanche en révélant les noms de ceux qui le composent. Si le groupe a su gagner la confiance de la presse par le biais de révélations exclusives, cela ne représente rien sur le plan juridique. Mais la transparence est cependant plus facile à dire qu’à faire. En outre, les menaces déjà proférées à leur encontre présagent du pire pour l’avenir des pilotes si des noms venaient à être révélés.

Un autre problème se pose : bien que populaire, le RPG demeure une structure très jeune. Créée il y a moins d’un an, l’association a certes accompli des prouesses en réussissant à se structurer très vite (notamment avec le soutien actif d’autres associations de pilotes européens) mais le temps manque et le rapport de force joue clairement en sa défaveur.

Conscients de la nécessaire officialisation de la représentativité, le RPG marche cependant sur des œufs. Actuellement dirigé par un comité de tutelle dont le but est de chapeauter les futures élections de représentants syndicaux, le RPG a fait savoir au quotidien allemand Der Zeit qu’ils envisageaient de créer un syndicat officiel avant la fin de l’année.

Une initiative qui ne doit certainement pas plaire à la compagnie puisqu’elle remettrait en cause l’argument d’illégitimité qui avait fait foi jusqu’alors.

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