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07 / 02 / 2012 | 5 vues
Denis Maillard / Membre
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Pour prévenir le suicide, encore faut-il se donner les moyens d’en comprendre les ressorts

En Grèce, le nombre de suicides a augmenté de 40 % avec la crise. Grand mystère en France où les dernières statistiques, encore très parcellaires, datent de 2009 avec près de 11 000 suicides et 200 000 tentatives. « Ce décalage révèle un tabou persistant. Les chiffres doivent être en phase avec le réel, comme c’est le cas par exemple pour les accidents de la route », affirme Jean-Claude Delgenes, directeur de Technologia, qui plaide pour la création d’un observatoire des crises suicidaires, un sujet qui sera en toile de fond du colloque « face à la crise : solitaire ou solidaires ? », co-organisé le 11 février au Sénat par le cabinet avec l’association France Prévention Suicide.

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« La prévention du suicide doit devenir une priorité sociétale. Pour mieux comprendre les causes, il ne suffit pas d’en rester aux statistiques mais de créer les conditions pour que les parties prenantes co-construisent des approches préventives », poursuit Jean-Claude Delgenes. C’est en effet un appel à l’interdisciplinarité qui est lancé à l’adresse des praticiens hospitaliers en psychiatrie et médecine légale, des médecins, des médecins du travail, des psychologues, des chercheurs en sciences sociales, des économistes de la santé...

Quel accompagement ?

Le colloque du 11 février, introduit par Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental, sera notamment l’occasion de poser la question des moyens à mettre en œuvre pour prévenir les récidives. Frédéric Mauriac, psychiatre, chef du service ERIC (équipe rapide d’intervention de crise) à l’hôpital Charcot de Plaisir (78) interviendra ainsi sur le thème de la prise en charge des personnes à risque. Un accompagnement manifestement insuffisant au regard du coût global du suicide et des conduites suicidaires, qui ne se trouvent toujours pas mesurés en France. En Belgique, et plus précisément en Flandre, ce coût est évalué à 600 millions d’euros par an.

En 2000, la Ministre de la Santé, Dominique Gillot, avait établi le premier plan national de prévention du suicide pour une durée de cinq ans. On attendait donc le deuxième plan en 2006 mais celui-ci a seulement été rendu public par Norra Berra le 10 septembre 2011 ! « Au-delà de cette perte de temps, pour laquelle nous n’avons aucune explication tangible (problèmes de budget ?), le plan de prévention a changé de nature en se transformant en un « plan d’actions contre le suicide ». En voulant combattre le suicide, comme si cet acte pouvait exister en dehors de la personne qui le réalise, on le définit comme un mal en soi, plus soucieux de vouloir « l’attaquer » que d’en comprendre les causes personnelles et sociales. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le gouvernement refuse la création d’un observatoire », explique Michel Debout, signataire de l’appel des 44 et président de France Prévention Suicide.

Le Ministère du Travail a, de son côté, demandé à l’INVS (Institut national de veille sanitaire) un état des lieux des données existantes afin de bâtir un modèle d’analyse de l’évolution des suicides qui ne sera pas opérationnel avant deux ans. La création d’un observatoire permettrait peut-être d’accélérer les choses.

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