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05 / 07 / 2019 | 255 vues
Philippe Grasset / Abonné
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Observatoire interne de Bercy : une forte disparité entre l’administration centrale et les services déconcentrés

L’observatoire interne a été mis en place à Bercy après le conflit social de 2000. Il s’agit d’une enquête réalisée par la société IPSOS auprès des agents. D’abord réalisée par appels téléphoniques, elle se déroule par internet depuis 2017.
 

Il y a quelques semaines, le secrétariat général de Bercy a présenté les résultats de la session 2018 aux fédérations ministérielles. Cette enquête par voie électronique a été effectuée l’automne dernier, avec une participation de plus de 50.000 agents, toutefois en retrait de 4 points par rapport à l’année précédente.
 

Le premier enseignement est une perception encore plus négative des évolutions de nos directions, avec une forte disparité entre l’administration centrale et les services déconcentrés.
 

L’encadrement est déstabilisé, avec une baisse de son engagement
 

À titre individuel, les agents n’arrivent pas à se projeter dans leur direction, conséquence de l’accumulation des réformes subies et aussi de la réduction des effectifs. Ils ressentent un déficit d’information et de vision sur les projets en cours, en particulier à la DGCCRF, à la DGDDI, à la DGFIP et à la DGE. Pour cette dernière, les résultats particulièrement négatifs peuvent s’expliquer par la réforme importante en cours au moment de l’enquête, la participation est donc en forte progression (+ 10 points).
 

Plus généralement, il y a clairement une dichotomie entre les services déconcentrés, touchés par la réforme du pôle 3E dans les DIRRECTE et l’administration centrale. Les agents ont exprimé leur pessimisme et la fragilisation de leur motivation.
 

Les conditions de travail dans les directions touchées par les changements font état d’une montée du stress ressenti et d’une baisse de la qualité de vie au travail. Néanmoins, la solidarité dans les équipes permet d’amortir les difficultés et ce résultat contredit quelque peu le sentiment d’individualisme qui prévaudrait dans le monde du travail.
 

Les managers font la dissociation entre leur stress en hausse et leur rôle d’encadrant mais la situation est compliquée, surtout que leurs subordonnés leur demandent plus d’expertise de métier.
 

À la DGDDI et à la DGFIP, il y a une forte attente sur la reconnaissance, notamment sur l’avancement. L’abandon des plans de qualification depuis l’arrivée de Gérald Darmanin au ministère accentue ce manque de reconnaissance.
 

Un résultat contredit là encore un discours ambiant : les organisations syndicales de Bercy sont reconnues comme la source principale d’information pour 60 % des agents, loin devant le responsable direct. Au contraire, cela en dit long sur la communication ministérielle, de fait assimilée à de la propagande.
 

Les agents demeurent attachés au fait de délivrer un service de qualité aux usagers mais la charge de travail reste un sujet réel dans l’organisation des services et des missions.
 

L’informatique reste un point de crispation, avec une forte attente d’évolution sur les outils numériques
 

Dans l’expression libre, les agents souhaitent en premier lieu une amélioration de leurs conditions de travail : surcharge, stress, mauvaise ambiance et arrêt des suppressions d’emploi.
 

La réponse apportée par le gouvernement avec la suppression des CHS CT est, à cet égard, totalement déconnectée des aspirations du personnel.
 

Au final, cette enquête fait ressortir un fort effet des annonces de réorganisation lié à « action publique 2022 », avec des craintes fortes sur l’avenir du personnel et sur une nouvelle vague de suppressions et de fermetures de sites (craintes récemment confirmées, notamment par la publication des orientations de la DGFIP sur la « nouvelle géographie » de ses implantations sur le territoire).
 

Même l’encadrement se juge en général mal informé.
 

Ce n’est pas en externalisant ou en privatisant certaines missions que nos directions vont rassurer les agents et améliorer leurs conditions de travail.
 

Avec la loi de « transformation de la fonction publique », le gouvernement a décidé de frapper fort et vite en s’attaquant frontalement aux fonctionnaires.
 

Ce projet porte une atteinte grave au service public. C’est aussi « une boîte à outils » pour les restructurations massives en cours et à venir dans nos ministères, avec leurs milliers de suppressions d’emplois.
 

Le retrait de ce projet de loi anti-fonctionnaire demeure une exigence de notre organisation syndicale. Les débats en cours au Parlement démontrent bien que les objectifs gouvernementaux contredisent les attentes du personnel (celui des directions de Bercy en particulier).

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