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22 / 03 / 2024 | 17 vues
Paul Leroux / Membre
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Les associations, un précieux vecteur de cohésion nationale

L’engagement associatif est, en France, un phénomène de masse.  Il couvre un spectre large d’activités et touche toutes les catégories sociales. Il reflète une forte volonté d’engagement collectif dans l’Hexagone.

 

Abolie lors de la Révolution française et rétablis par la loi Waldek-Rousseau en 1901, le droit d’association est aujourd’hui plus fort que jamais. De facto, cette loi a reconstruit les fondements d’un secteur associatif libre et créatif. Aujourd’hui, il est plus vivant que jamais et dans de larges proportions : peut-être le plus puissant vecteur d’action commune entre les citoyens. En 2023, on comptait ainsi 1,5 million d’associations en France. De plus, près des deux tiers des Français sont impliqués directement ou indirectement dans une association et près d’un quart s’y investissent comme bénévoles.

 

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Ils traduisent la prévalence de l’éthique et de la responsabilité personnelle mise au service de la collectivité : que celle-ci soit de nature locale ou nationale. Si elles sont par définition non lucratives, les associations ont néanmoins un impact économique non négligeable : ainsi près des 150 000 d’entre elles emploient l’équivalent de 9% des actifs du pays. L’influence du secteur associatif est donc non négligeable et permet à des millions de Français de concilier profession et quête de sens. Une thématique très prégnante dans l’opinion publique depuis quelques années.

 

Les associations : oui, mais lesquelles ?

 

Le secteur associatif se décline dans un spectre varié de domaines, de la culture aux amicales en passant par le sport. Mais quels sont alors les domaines les plus porteurs ? Selon le rapport 2022/2023 de Recherches&Solidarités, la culture et l’art (22,6%), le sport (18,8%) et les loisirs (11,5%) se taillent la part du lion en regroupant à elles seules plus de 50% du total.

 

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Les associations culturelles par exemple sont variées. Elles peuvent être le fait de collectifs d’artistes ou bien se spécialiser dans le spectacle vivant comme les festivals de musique (Fez Noz, Francofolies, etc.) ou le théâtre (Théâtre de la ville, etc).  La défense et la mise en valeur du patrimoine est aussi à l’honneur. En témoigne l’engouement depuis quelques années pour la reconstitution historique. Elles réunissent souvent des chercheurs et des amateurs d’histoire dans un format autre que magistral ou livresque. Un facteur de lien social important et qui facilite ainsi la transmission, en interne puis au plus grand nombre, d’un patrimoine immatériel auparavant détenu par une seule élite intellectuelle. C’est le cas de l’association provençale, les Somatophylaques, spécialisée sur la période grecque classique. Elle livre ses prestations en France et à l’étranger (reconstitution de campements, présentation de métiers d’époque, combat hoplitique, etc), lors d’évènements publics ou de fêtes historiques.

 

Dans le domaine du Sport, il s’agit en majorité de la multitude de clubs locaux (football, rugby, sports de combats) jusqu’aux grandes fédérations sportives. Il est par exemple intéressant de se rappeler que jusqu'à 1991, le club du Paris Saint-Germain était une association loi 1901.  

 

La popularité du secteur humanitaire

 

Le monde français des associations a aussi un intérêt marqué pour la solidarité et l’entraide.  Près d’une association sur dix en France se dote d’une vocation à impact social ou humanitaire. Elles participent à la création solidarité de proximité et renforcent le lien social. Il en existe une grande variété : lutte contre la pauvreté et la précarité, insertion sociale, etc. Dans le domaine de l’aide alimentaire, on retrouve les célèbres Restos du Cœur créé en 1985 par l’humoriste Coluche ou bien, moins connue, la Société Saint-Vincent de Paul. Cette dernière dispose d’un éventail d’activités plus large, elle organise des maraudes et des visites à domicile aux personnes âgées ; elle fournit aussi des hébergements d’urgence et dispose de centres d'accueil pour les personnes isolées. On peut encore citer la fondation des « Apprentis d’Auteuil », qui participe à l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté et qui vient en aide aux familles précaires. Fondée au XIX s, elle agit aussi bien en France qu’à l’étranger.

 

La sphère humanitaire est aussi très dynamique. Elle compte de nombreux acteurs bien établis, comme Médecin Sans Frontières qu’on ne présente plus, ou bien Bioforce, organisation internationale, certes moins médiatique, mais reconnue à l'échelle mondiale pour son expertise dans la formation aux métiers de l'humanitaire.

 

Mais ce qui frappe davantage, c'est l'émergence d'un véritable écosystème humanitaire au sein des quartiers dits populaires. Le phénomène est relativement récent. C’est par exemple le cas de l’ONG LIFE, créée en 2009 par des jeunes issus de quartiers défavorisés soucieux de rendre l’humanisme cosmopolite et la solidarité qu’ils ont reçue. « LIFE a été initiée par des jeunes issus de quartiers populaires, déterminés à dépasser les barrières du déterminisme social. Nos valeurs sont larges et se fondent surtout sur l’humanisme, l’entraide et la solidarité que nous avons connu dans ces quartiers. Les fondateurs, représentant une mosaïque de cultures et d'expériences, ont créé une organisation à l'image de leurs aspirations pour le changement social », résume aujourd’hui son président Tarek El Kahodi. Présente dans 25 pays, LIFE met en place des actions concrètes et des solutions durables orientées autour 4 domaines d’intervention : l'eau, l'assainissement et l'hygiène, la sécurité alimentaire, la protection de l’environnement, ainsi que l’éducation.

 

Chacune des démarches de LIFE s’inscrit dans une volonté de soutenir et d’accompagner l’autonomisation des populations locales. Un enjeu crucial au cœur des initiatives de l'ONG, qui a pour ambition de semer les graines d’un changement profond. Réactive, l’ONG est également capable d’intervenir dans des situations d’urgence comme lors du tremblement de terre qui a frappé le Maroc en septembre 2023. Son approche opérationnelle est novatrice. LIFE promeut en effet une faible empreinte logistique sur le terrain et le recours systématique a des acteurs locaux (associations, entreprises, administration locale, etc) afin de rester au plus près des besoins des populations aidées. De facto l’ONG mise beaucoup sur la jeunesse, ce qui se traduit dans son recrutement et sa communication très tournée vers les réseaux sociaux, les influenceurs et les créateurs de contenu. En plein développement, l'ONG LIFE connaît un succès grandissant et bénéficie d'une visibilité médiatique de plus en plus importante.

 

On peut également citer l’association Banlieues Climat dont l’objectif est de promouvoir les questions écologiques dans les quartiers populaires. Co-fondée par le rappeur Sefyu, elle prodigue des formations en écologie dans les quartiers dits sensibles. En outre l’association est active auprès de la sphère politique locale afin de développer tout un réseau d’initiatives au niveau national. À terme l’association souhaite s’investir dans des projets scientifiques en creux est de créer, via l’écologie, un terreau d’engagement actif des jeunes issus des quartiers sensibles afin d’améliorer leurs conditions de vie et de les insérer dans le débat central qu’est la question environnementale et climatique.

 

En définitive, la France bénéficie d’un tissu associatif très solide, gage d’un pays en bonne santé démocratique. Cette dynamique associative démontre une soif d’absolue renouvelée pour toute personne, jeune ou moins jeune, souhaitant s’engager pour changer le monde et l’améliorer par la culture, le sport ou la solidarité. Cet engagement collectif constitue un précieux levier de cohésion sociale, particulièrement essentiel à une époque où l'isolement et la discorde ne sont, paradoxalement, jamais loin.

 

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