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22 / 11 / 2023 | 175 vues
Nora Ansell-Salles / Abonné
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« Le glissement qui s’opère sur notre modèle de protection sociale n’est pas fait pour me rassurer » - David Ollivier-Lannuzel, MCDEF

David Ollivier-Lannuzel, Président de la MCDEF ( Mutuelle de la communauté défense et  nouveau président de lUROPS (Union prévention santé pour la Fonction Publique) a bien voulu répondre à mes questions...

 

comment se situe la MCDEF dans le paysage mutualiste ?
 

La Mutuelle de la Communauté Défense "MCDef – Groupe Klesia", est aujourd'hui la  première mutuelle d’accompagnement pour les civils et les militaires du ministère des armées.  Elle accompagne ses adhérents dans une démarche qui peut être individuelle ou collective. MCDef – Groupe Klesia s’engage également  dans des missions d’Intérêt Général à portée plus large, comme le soutien à la recherche médicale, l’amélioration du service pour les aidants et des actions en faveur des personnes en situation de perte d’autonomie. En outre, aux côtés des dirigeants et des acteurs de la prévention, nous mettons en œuvre des programmes et des actions pour mieux accompagner nos  adhérents. 


Pour faire face aux aléas de la vie, MCDef – Groupe Klesia développe et valorise son approche humaine par un réseau territorial composé de militants mutualistes et de professionnels dans une démarche volontariste et à portée sociale. Depuis quelques années MCDef a opéré un élargissement de son spectre a destination de ses adhérents.


Acteur du collectif dans les secteurs de l’armement nous avons compris très vite que les outils qui accompagnent les garanties santé sont des gages de fidélisation. Ainsi nous conservons depuis le début de la mise en place des contrats collectifs des fleurons de l’industrie d’armement Français tel Nexter-Giat ou encore MBDA et avant Safran.


Nous nous plaignons à raison d’être des contributeurs aveugles du système de soins alors que nous pouvons être des acteurs visibles du parcours de santé. Urops en est un exemple en soit.

 

? Vous assurez désormais également la  présidence de l'Urops. Quels sont vos objectifs à 5 ans pour l'Urops ?

 

Nous nous plaignons souvent, à raison, d’être des contributeurs aveugles du système de soins alors que nous pouvons être des acteurs visibles du parcours de santé. Urops (anciennement MFP Services) en est un exemple en soit. L'Urops, lors de sa mue, s’est détachée de la tâche gestionnaire pour investir celui de la prévention.

 

Optique salvatrice et pari réussi par mon prédécesseur Bruno Caron qui a mené cette transition en ménageant les personnels de MFPS et la gouvernance des mutuelles, un tour de force. Maintenant on doit consolider le modèle avec un contrat avec notre tutelle Cnam qui prenne bien compte les ambitions de politiques publiques et les expressions de besoin des ministères en matière de prévention des agents publics et contractuels.
 

Cela on peut le faire sur la base de constats sérieux et d’ambitions politiques clairement exprimées. C’est le cas par le Ministre Guérini quand il « missionne » Urops sur le terrain de la prévention du diabète sur l’île de la Réunion. C’est un grand pas en avant pour le collectif que nous sommes et un enjeu car nos moyens doivent pouvoir reposer sur des engagements concrets de la part de nos tutelles et de moyens de la part des ministères y compris pour nos 400 militants mutualistes qui œuvrent bénévolement par les moyens des mutuelles sur le terrain de la prévention en santé publique sur le champ professionnel. L'Urops reste un exemple de ce qu’il faudrait faire dans le monde privé… amener une pédagogie, une culture de prévention en santé publique au sein du monde du travail.

 

Quel regard portez-vous sur l'actualité  du moment ? 
 

On a faire face plus que jamais à  l’extrême complexité du monde mutualiste et de ses arcanes. Un environnement très dépendant des politiques sanitaires, réglementaires mais au aussi des lames de fond qui viennent fragiliser ses racines. Je suis assez soucieux de nature et le glissement qui s’opère sur notre modèle de protection sociale n’est pas fait pour me rassurer. Contrairement à une certaine doxa politique je ne crois pas que le budget de la Sécurité Sociale doit se confondre avec celui de l’Etat. Je ne crois pas au « Grand tout » budgétaire parce qu’au travers de cela on peut oublier ce qui fait la substance de notre modèle de protection sociale à savoir la cotisation sociale et la cotisation employeur.

 

C’est sur le fruit du travail qui se construit notre modèle. Si nous devions considérer que la solidarité nationale vienne supplanter la contribution du salaire différé je crains à un affaiblissement du modèle et une croyance plus grande dans le « tout gratuit » ce qui est déjà en soit une forfaiture. Le problème de la ressource fiscale est qu’elle reste assez neutre dans son utilisation à contrario de la cotisation sociale qui est affectée aux branches de la Sécurité Sociale… pour peu que l’on sache cela ou que l’on s’y intéresse.


En dehors de la problématique des corps intermédiaires gestionnaires et du rôle de supplétifs qu’ils pourraient jouer demain je crains que le dispositif de la « Grande Sécu » proposé dans un des scénarii du Hcaam ne soit pas totalement écarté.  On va tout droit vers un dispositif NHS (National Health Service) où le régime obligatoire étatisé et très présent et en complémentarité ou non d’un monde d’acteurs privés qui viennent combler les lacunes du premier car ne nous voilons pas la face la décision politique du « quoi qu’il en coûte » a eu pour conséquence d’aggraver finalement la situation de la CADES alors que la gestion de la crise devait être une dette d’état démontrant ainsi la difficulté de ce dernier en termes de gestion. Mon souci reste entier quand le rôle des uns et des autres n’est pas clairement identifié, que cela soit pour le RO, le RC et l’Etat.

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