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27 / 11 / 2020 | 206 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Du besoin de dépasser « l’uberisation » pour entrer dans l’ère de l’« ÉSSisation »

À l’initiative de Patrick Brothier (président du groupe Aesio) et à l’occasion du mois de l’économie sociale et solidaire 2020, 30 acteurs de l’ÉSS, dont Hugues Sibille (président du Labo de l’ÉSS), viennent de signer le manifeste « Plus d’ÉSSisation, moins d’uberisation : relevons le défi ! ».

 

Éléments du manifeste
 

L’économie sociale et solidaire vient de loin : des premières associations ouvrières créées il y a deux siècles, aux coopératives de consommateurs, en passant par les sociétés de secours mutuel ayant émergé ces 50 dernières années.
 

L’ÉSS se réinvente aujourd’hui sous de nouvelles formes entrepreneuriales et en étant une pionnière active des transitions : transition écologique avec l’agriculture biologique, transition sociale avec le commerce équitable et l’insertion par l’activité économique, transition économique avec les sociétés coopératives d’intérêt collectif et les coopératives d’activités et d’emploi, transition technologique avec les logiciels libres et les plates-formes alternatives etc.
 

De ces dix dernières années, l’Histoire retiendra pourtant principalement la déstabilisation de pans entiers de notre société par l’économie de plate-forme : précarisation de l’emploi, notamment chez les jeunes générations, difficulté d’accès au logement dans les métropoles ou encore dévitalisation des commerces de proximité face aux géants du e-commerce.
 

Dans ce monde soumis à de fortes turbulences, nous avons besoin de robustes repères humanistes et de de dépasser « l’uberisation » pour entrer dans l’ère de l’« ÉSSisation ».
 

L’ÉSSisation, c’est développer et diffuser de nouvelles façons d’entreprendre reposant sur la logique de solidarité et d’utilité sociale dans l’ensemble des champs de l’économie. Là où il y en a besoin plus que jamais : quand des entreprises sociales et solidaires investissent des secteurs essentiels pour y proposer des alternatives durables à grande échelle, comme Énercoop sur l’énergie, il y a ÉSSisation. Là où on ne l’attend pas : quand la fondation DNDI déploie un modèle alternatif et collaboratif de recherche et de développement pharmaceutique pour lutter contre des maladies « non rentables », il y a ÉSSisation. Là où elle rassemble les énergies de l’ÉSS : quand la coopérative Label Emmaüs et ses structures de l’ÉSS s’unissent pour favoriser l’insertion professionnelle et présenter un contre-modèle fort aux géants du e-commerce, il y a ÉSSisation.
 

L’ÉSSisation est ouverte au champ des possibles. Déjà, des centaines de milliers de salariés et entrepreneurs de l’ÉSS, des millions de consommateurs et de bénévoles de l’ÉSS et des dizaines de millions (notamment parmi les jeunes générations) veulent un monde différent, plus juste et plus soutenable.
 

Le temps est venu d’un nouvel esprit de conquête pour une ÉSS sans complexe et sans rivages, agile et disruptive, capable de co-élaborer des solutions durables avec l’ensemble des secteurs économiques, et porteuse de progrès pour chacun. S’il y a « un monde d’après », il doit être marqué par l’ÉSSisation.

 

Les signataires :
 

Patrick Brothier (président du groupe AÉSIO), Pascal Michard (président du groupe MACIF), Amandine Albizzati (présidente directrice générale d’Énercoop), Jean-Louis Bancel (président du Crédit coopératif), Frédéric Bardeau (président et co-fondateur de Simplon.co), Stéphane Bossuet (président directeur général de Coopérer pour entreprendre), Alexandra Debaisieux (directrice générale déléguée de RailCoop), Luc de Gardelle (président de la Fédération des entreprises d’insertion), Élise Depecker (directrice d’Atis), Cyprien Fonvielle (directeur général d’Acta Vista et de BAO Formation), Lena Geitner (directrice de Ronalpia), Tarik Ghezali (fondateur de la Fabrique du nous), Stéphanie Goujon (directrice générale de French Impact), Mathieu Grosset (directeur général du groupe coopératif Demain), Nicolas Hazard (fondateur et président d’INCO), Cécile Leclair (directrice générale de l’AVISE), Wilfried Meynet (avocat associé chez Alcya conseil), Benoît Miribel (président du Centre français des fonds et fondations), Dr Bernard Pecoul (directeur exécutif de Drugs for neglected diseases initiative), Nils Pedersen (président de La Fonda), Rudy Pignotmalapert (cofondateur de la Compagnie générale des autres), Rémi Roux (cofondateur et gérant d’Éthiquable), Jérôme Saddier (président d’ÉSS France), Eva Sadoun (co-présidente d’Impact France), Maud Sarda (co-fondatrice et directrice de Label Emmaüs), Thierry Sibieude (professeur titulaire de la chaire d'innovation et entrepreneuriat social de l’ESSEC), Bastien Sibille (président de Mobicoop), Hugues Sibille (président du Labo de l’ESS), Hugues Vidor (président de l’UDES).

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