Construction métallique: une industrie en pleine transition
Alors que les enjeux climatiques s’intensifient, le Centre Technique Industriel de la Construction Métallique (CTICM) met l’accent sur la transition environnementale avec une ambition : faire de la construction métallique un acteur clé de la transition bas carbone et de l’économie circulaire.
Faire des défis représentés par la décarbonation et l’industrie verte une opportunité, telle est la philosophie prônée de longue date par notre fédération . C’est dans la même optique que le Centre Technique Industriel de la Construction Métallique (CTICM) place son action. Il vient de l’illustrer en dévoilant une présentation sur l’innovation et la transition environnementale dans l’industrie de la construction métallique, dans le cadre de son Contrat d’Objectifs et de Performance (COP), signé en juillet 2024.
L’exigence est d’autant plus forte que le secteur fait face à des exigences réglementaires croissantes (RE2020, loi AGEC, etc.).
Pour la secrétaire fédérale Géraldine Gomiz, qui siège au conseil d’administration au nom de FO, ce document offre des arguments pour soutenir ce qui est une évidence pour les métallos : « accompagner les constructeurs métalliques dans les profondes transformations en cours dans leur secteur n’est pas seulement un impératif écologique, mais aussi une occasion de moderniser les pratiques tout en restant compétitifs. » Ceci exige une réflexion solide sur des pans de l’activité aussi divers que la conception des ouvrages, la réutilisation des matériaux existants, la fabrication, le transport, ou encore le montage final des œuvres.
Être vert et compétitif
Comme le rappelle le CTICM, deux des trois axes stratégiques du développement de la filière embrassent pleinement la transition environnementale. En premier lieu, il s’agit d’encourager la mixité des matériaux. Le CTICM mise sur la complémentarité entre acier, béton et bois pour concevoir des structures plus légères et durables et à moindre impact environnemental. Le centre développe et diffuse de nouvelles méthodes de calcul, de conception et d’évaluation carbone adaptées à ces approches hybrides. L’objectif est clair : permettre à la construction métallique de devenir un moteur de la construction bas carbone sans pour autant obérer sa compétitivité.
Autre priorité : faire du réemploi un levier majeur de l’économie circulaire en l’intégrant dans les pratiques courantes.
Prolongeant les actions du COP 2020-2023, le nouveau document regroupe les premières recommandations professionnelles pour encadrer la réutilisation d’éléments structuraux en acier. Ce référentiel, validé par la Commission Prévention Produits de l’Agence Qualité Construction, définit un processus strict de requalification pour garantir des performances mécaniques équivalentes à celles du neuf.
Cette validation ouvre la voie à l’assurabilité automatique des pièces issues du réemploi, un enjeu et une avancée majeurs pour la filière !
Le dispositif sera prochainement complété par une plateforme numérique reliant détenteurs et requalificateurs, un laboratoire mobile pour les tests sur site et une certification des entreprises spécialisées.
Dans le cadre de la RE2020, ces composants bénéficient d’un atout supplémentaire : ils sont considérés comme à impact carbone nul sur l’ensemble de leur cycle de vie. Le CTICM suggère également de s’appuyer sur les atouts existants de la filière, tels que les bureaux d’études intégrés performants.
L’innovation au service de la transition
Toutes ces initiatives viendront renforcer le troisième axe du COP : renforcer la souveraineté technique et la résilience de la filière, notamment en aidant les entreprises à rester à jour par rapport aux réglementations. « Avec ce plan d’action, résume Géraldine Nivon, le CTICM trace la voie d’une transition pragmatique, fondée sur la science, la coopération et la montée en compétences. L’enjeu est de concilier robustesse technique, innovation et responsabilité environnementale. » La filière de la construction métallique, longtemps perçue comme énergivore, entend désormais devenir un maillon exemplaire de la décarbonation et de l’économie circulaire.
Une filière bien charpentée
La construction métallique en France, ce sont près de 800 entreprises employant pas moins de 25 000 salariés et réalisant un chiffre d’affaires annuel de 4,3 milliards d’euros. Ce secteur de haute technicité consomme plus de 800 000 tonnes d’acier chaque année. Derrière elles, ce sont aussi des filières amont, comme la sidérurgie, qui ont un chantier majeur à réussir pour permettre à l’ensemble de la métallurgie de devenir pleinement une industrie verte.