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08 / 07 / 2021 | 96 vues
Barbara Alfandari / Abonné
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Plus que quelques mois pour une politique du handicap enfin à la hauteur des enjeux

Au regard des nombreux chantiers initiés, ce cinquième comité interministériel du handicap (CIH) était très attendu par les handicapés et APF France handicap. L’association note par ailleurs la régularité de ces CIH qui sont des points d’étapes de la politique du handicap mise en œuvre par les différents ministères et tracent des perspectives. Néanmoins, l’association déplore fortement l’absence de mesures ambitieuses pour l’effectivité des droits fondamentaux au profit d’un bilan de fin de mandat présidentiel.

 

Malgré certaines mesures qui vont dans le bon sens, souvent déjà annoncées (éducation, emploi, ESAT, vie affective et sexuelle…), APF France handicap déplore aussi vivement le maintien de la position du gouvernement sur la déconjugalisation de l’AAH, même si le Premier Ministre a reconnu le caractère légitime de cette demande. Sur un certain nombre de sujets, les mesures déjà mises en œuvre et celles à venir sont loin d'être suffisantes au regard des situations dramatiques vécues par les handicapés et leur famille.
 

L’abattement forfaitaire sur les revenus du conjoint du bénéficiaire de l’AAH : une non-réponse à la demande de déconjugalisation
 

Ce CIH a acté le fait que, dès le 1er janvier 2022, la mesure d’abattement pour l’AAH rentrerait en vigueur, malgré un mouvement pour l’individualisation de l’AAH porté par les personnes concernées, les associations, une grande partie de la représentation nationale et la société civile.


APF France handicap rappelle que l’amendement proposé par le gouvernement ne répond pas du tout à la forte attente exprimée par les handicapés.


Il porte une atteinte grave aux droits fondamentaux (article 28 de la CIDPH). Les handicapés vivant en couple ne peuvent pas vivre toute leur vie en totale dépendance financière à l’égard leur conjoint, concubin ou pacsé.
 

La prestation de compensation du handicap (PCH) : un droit qui doit être renforcé


Aujourd’hui, trop de gens sont encore exclus de cette prestation, notamment du fait de critères d’éligibilité trop restrictifs et encore inadaptés.

 

De même, le périmètre des besoins pris en compte au titre de la PCH restent encore trop limités et dissuadent fortement les gens d’opter pour cette prestation.

 

APF France handicap rappelle que la compensation des conséquences du handicap est un droit fondamental et demande que le chantier actuel initié par le gouvernement soit poursuivi en concertation avec toutes les associations représentatives des handicapés directement concernées afin d’identifier toutes les situations d’exclusions à la PCH.
 

Une PCH de parentalité encore loin d’être opérationnelle et adaptée aux besoins des parents handicapés

 

Mise en application en début d’année sous une forme forfaitisée, forfaitisation qu’APF France handicap refuse, la PCH de parentalité ne bénéficie aujourd’hui qu’à très peu de parents handicapés. C’est le résultat de l’enquête actuellement menée par l’association auprès des gens directement concernés et auprès des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Un résultat dû à des raisons administratives (éligibilité à la prestation restreinte notamment) et à des raisons techniques : le dispositif forfaitaire semble être une contrainte supplémentaire, selon les MDPH. Très peu de MDPH et de départements ont ainsi pu procéder au versement de la prestation à ce jour.

 

Cette enquête pointe également les lacunes de la modalité forfaitaire au regard des besoins des parents handicapés, les limites des dispositions restrictives liées au nombre d’enfants dans la fratrie ou encore la limite des 7 ans de l’enfant.
 

Une nouvelle fois, APF France handicap demande le retour au principe d’une PCH de parentalité individualisée, dans l’esprit de la loi de 2005 comme le gouvernement actuel l’avait d’ailleurs annoncé à de nombreuses reprises pour 2022. APF France handicap demande également la levée des contraintes du décret relatives à l’obligation d’éligibilité à la PCH d'aide humaine et celles relatives aux 7 ans de l’enfant et à un seul enfant pris en compte quel que soit le nombre d’enfants dans la fratrie.

 

Vers une pleine reconnaissance de la vie sexuelle et affective
 

APF France handicap souligne que le sujet est désormais pris en compte par les politiques publiques et salue notamment le déploiement de centres ressources à la vie intime, affective et sexuelle dans toutes les régions. L’association renouvelle sa demande d’autoriser la création de services d’accompagnement à la vie sexuelle en France et attend les conclusions des travaux du comité consultatif national d’éthique sur ce sujet.
 

Des mesures liées à l’emploi à concrétiser
 

Hormis des mesures de soutien déjà adoptées dans le cadre du plan de relance du covid-19, APF France handicap tient à saluer deux nouveaux éléments :

  • la mise en œuvre d’un plan d’action d'ESAT renforçant les droits des usagers, fluidifiant les parcours entre milieu protégé et milieu ordinaire et soutenant la modernisation des ESAT ;
  • la prorogation des expérimentations dans les entreprises adaptées pour leur laisser le temps de produire leur pleine effectivité.

 

En revanche, toutes les modalités ne sont pas aussi concrètes : celles liées au rapprochement de Pôle Emploi et du réseau des Caps Emploi restent assez peu lisibles à ce jour, avec un calendrier de finalisation annoncé au printemps 2022. Elles ne prévoient pas du tout d’associer les bénéficiaires et les associations représentatives dans la concertation.


L’association souhaite dès maintenant une évaluation du rapprochement de ces deux réseaux, laquelle doit associer les bénéficiaires directement concernés et les associations représentant les handicapés.

 

Des mesures en faveur de l’habitat inclusif ouvrant de nouvelles perspectives en matière d’inclusion des handicapés
 

La montée en puissance de l’aide à la vie partagée (AVP), personnalisée et durable dans le temps, est une bonne nouvelle et ouvre la voie à une évolution ambitieuse de l’offre de service, basée sur un cadre de vie choisi, partagé, inclusif. La finalisation de la construction de ce dispositif ne doit toutefois pas être confisquée : la co-construction avec les gens comme avec les associations est indispensable au risque de laisser des besoins mal identifiés ou non exprimés de côté.

 

L’accessibilité, un enjeu de société largement ignoré
 

L’accessibilité est un droit fondamental et un sociétal : le CIH n’en a pas pris la pleine mesure. En effet, l’accessibilité et la conception universelles sont des conditions sine qua non de l’effectivité des droits pour une société inclusive et durable.   


APF France handicap rappelle une nouvelle fois le retard considérable pris en matière d’accessibilité du cadre bâti et des transports et demande une concrétisation des engagements pris à l’approche de l’échéance du dispositif 2024 des agendas d’accessibilité programmée (AD'AP).

 

APF France handicap prend donc acte du bilan présenté et tient à rappeler que, lors de son allocution à la conférence nationale du handicap le 11 février 2020, Emmanuel Macron avait fixé des objectifs autrement plus ambitieux :

« permettre à chacune et chacun de vivre une vie digne, une vie libre » ;

« continuer à aller sur le chemin de l'allocation digne pour toutes les personnes en situation de handicap » ;

« l’ouverture des nouveaux droits pour les personnes en situation de handicap : le droit de se marier, de se pacser, de divorcer ».

 

APF France handicap prend le Président de la République au mot et organise une journée de mobilisation nationale le 16 septembre prochain pour demander la déconjugalisation de l’AAH avec des rassemblements dans toute la France. Elle appelle la société civile à rejoindre cette mobilisation.

 

Elle sera également attentive aux conclusions du comité des droits de l’ONU qui examinera la politique du handicap de la France du 18 au 23 août 2021, dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées.

 

Elle rappelle également la réclamation collective portée par un collectif d’associations dont APF France handicap qui sera examinée cet automne par le Conseil de l’Europe.

 

À l’approche de l’élection présidentielle, la voix des millions de handicapés et de leurs proches doit clairement être entendue.

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Comme la Mutualité Française et de nombreux acteurs de la santé, APF France Handicap vient de se prononcer en faveur de la vaccination obligatoire pour les professionnels du soin et de l’accompagnement...

 

Depuis le début de la campagne de vaccination, APF France handicap a de manière
constante incité l’ensemble de ses 15 000 salariés à se faire vacciner contre la Covid-
19 afin de protéger au mieux les personnes les plus vulnérables. Dans un contexte
sanitaire toujours fragile, la protection des personnes en situation de handicap et des
professionnels est une priorité.


Si la vaccination représente un levier efficace de protection individuelle et collective, elle est
également pour les personnels de soins ou en situation d’accompagnement auprès des
personnes les plus vulnérables, une exigence éthique : la vaccination conditionne la qualité
de vie des personnes en situation de handicap accueillies en établissement pour lesquelles
les consignes de sécurité et d’isolement sont particulièrement contraignantes et restrictives
sur la liberté fondamentale d’aller et venir et de voir ses proches.


Dans le cadre du débat sur le caractère opportun ou non de la vaccination obligatoire pour les
personnels de soins ou exerçant en proximité des personnes accompagnées, APF France
handicap souhaite exprimer de manière forte son soutien à une mesure qui viendrait poser
une obligation de vaccination pour les personnels concernés, qu’ils exercent en établissement
de santé ou au sein d’établissements et services médico-sociaux.


En effet, l’association fait le constat de la persistance d’une réserve forte de nombreux
professionnels face à cette vaccination et ce malgré des données probantes et convergentes
- indépendantes des laboratoires - qui montrent l’excellent rapport bénéfice/risque des vaccins
utilisés. Dans ce contexte, la vaccination obligatoire des soignants constitue à la fois une
mesure de protection de ces personnels, plus exposés de par la nature de leurs missions, et
des personnes qu’ils accompagnent. Elle est aussi un moyen de protection efficace pour
toutes et tous contre la pandémie en freinant la transmission du virus.


Depuis mars 2020, la lutte contre la Covid-19 mobilise l’ensemble des professionnels d’un
système de santé soumis à rude épreuve : APF France handicap appelle à ne relâcher ni la
mobilisation, ni la vigilance quant au risque d’une nouvelle aggravation de la situation. Il est
aujourd’hui indispensable de généraliser l’effort de vaccination pour toutes et tous et plus
particulièrement pour les professionnels dont le métier et la vocation sont de « prendre soin »
de l’autre.