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13 / 10 / 2014 | 61 vues
Mutuelle Umc / Membre
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Épuisement professionnel : qui sont les acteurs en responsabilité ?

Face à l’épuisement professionnel (qualifié de « burn-out ») et ses maux (démotivation, dépression, violences physiques), il y a des coûts : pour les performances des entreprises, sur les contrats santé et risques lourds de ces mêmes entreprises pour la Sécurité sociale, sans parler des situations professionnelles et personnelles des gens touchés.

Devant un tel constat, la mutuelle UMC a porté le 9 septembre 2014 un café social sur la responsabilité des acteurs sur le sujet du « burn-out ».

En premier lieu, de la sienne en tant que gestionnaire de contrats collectifs de santé et prévoyance. « Nous ne sommes pas un payeur aveugle. Les services que nous proposions en faveur d’une meilleure prévention dans les entreprises se traduisent par une baisse du coût des contrats qui varient entre 5 et 10 % sur la partie des arrêts de travail. Du moins si cela s’inscrit dans un contexte de relations sociales de confiance. Il faut savoir que près de 30 % des arrêts maladies de longue durée relèvent du psycho-social », explique Jean-Jacques Hiroux, directeur du développement de la mutuelle.

Pour une prévention plus efficace

Ces arrêts de travail de longue durée ne sont pas reconnus en accident du travail ou maladie professionnelle, pour une large partie d’entre eux. Pour Jean-Claude Delgenes, directeur général du cabinet Technologia, en première ligne sur un appel à la reconnaissance du « burn-out » : « si nous demandons que le syndrome d’épuisement professionnel soit reconnu au tableau des maladies professionnelles, c’est bien pour que les employeurs contribuent à la branche AT-MP à la hauteur de leurs responsabilités en la matière. Cela ne pourra que rendre plus efficaces les démarches de prévention ». Quid des craintes patronales de voir surgir des dizaines de milliers de demandes de reconnaissance en maladie professionnelle ? « Nous sommes parvenus à objectiver les signes subjectifs de la pathologie psychologique. Il n’est pas si facile de manipuler un expert médical. Il ne faut pas que les salariés s’attendent à une porte ouverte », souligne Michel Debout, professeur de médecine légale et de droit de la santé.

« Burn-out » et autres dépendances


Alors quelles sont les solutions pour prévenir ? Avec l’enquête management & santé, la mutuelle UMC propose aux entreprises d’être à l’écoute de leurs salariés afin d’améliorer les conditions de travail. Un autre service proposé consiste à accompagner les salariés en arrêt de travail de longue durée pour faciliter leur retour dans l’entreprise. C’est d’ailleurs l’environnement professionnel qui est le plus susceptible d’aider les personnes en situation de souffrance psychologique. « Il est à souligner combien, dans ces moments de crise, l’implication de responsables ou de collègues dans l’entreprise est particulièrement efficace. Le sujet doit se sentir compris et encouragé. Pour cela, le responsable dans l’entreprise (DRH ou médecin du travail) doit pouvoir faire preuve de clairvoyance et d’écoute mais aussi d’autorité pour provoquer chez la personne dépendante un déclic. Les collègues peuvent aussi accompagner le malade de façon énergique par des discussions, non culpabilisantes, relatant la nécessité d’un traitement et d’un suivi médical et psychologique », explique Isabelle Sokolow, médecin addictologue, qui affirme avoir déjà vu plusieurs fois en consultation un patient accompagné de son manager. « De mon côté, je demande systématiquement à mon patient s’il souhaite que je prenne contact avec la médecine du travail », précise-t-elle en soulignant à quel point le « burn-out » était susceptible de se conjuguer à d’autres dépendances, à des produits cette fois. « Si la consommation de substances addictogènes peut être recherchée pour faire face aux exigences ou pressions, il y a aussi des buveurs excessifs qui ne parviennent plus à accomplir leur travail de façon efficace et qui, petit à petit, atteignent l'état d'épuisement professionnel en raison de leur accoutumance aux produits », rebondit la médecin. Première priorité dans ce cas : soigner en urgence le problème d’alcool et de consommation d’autres produits.

Pour Jean-Claude Frey, président de la mutuelle UMC, « l’individualisation croissante des relations favorise l’isolement des salariés et cela commence dès l’école. Le « burn out » n’est-il pas aujourd’hui une véritable maladie de notre civilisation mais aussi la conséquence d’une vraie aliénation à l’égard de nous-mêmes ? En tous cas, cela ne doit pas être le prix à payer pour répondre à des exigences sans cesse croissantes ».

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