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23 / 02 / 2012 | 32 vues
Cfe-Cgc Métallurgie / Abonné
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ArcelorMittal : pour la CFE-CGC, une autre stratégie est possible en Lorraine

Lettre ouverte de Xavier Le Coq, secrétaire national en charge de l’industrie à la CFE-CGC à l'attention  de Robrecht Himpe, CEO d'ArcelorMittal FCE.
 
ArcelorMittal a confirmé la prolongation de l’arrêt de la filière liquide lorraine (agglomération, hauts fourneaux et aciérie) pour le deuxième trimestre 2012. Eu égard à la saisonnalité de la demande, et dans une période sans arrêt majeur attendu sur les installations en fonctionnement au sein de la BD Nord, l’arrêt se prolongera très probablement au 3ème trimestre, sauf changement de stratégie industrielle et sociale.

Pour la métallurgie CFE-CGC, une autre stratégie est possible, autre stratégie qui permettrait d’éviter le gâchis économique et humain qui se profile, avec le risque, devant
lequel nous sommes aujourd’hui, de pertes massives de parts de marché dans l’automobile
et dans le packaging ; et qui positionnerait ArcelorMittal comme entreprise responsable sur le plan économique et social pour arrêter la spirale de destruction, tirer parti avec intelligence de la compétence et de l’engagement exceptionnels des Lorrains, qui
depuis des décennies ont constamment amélioré leurs outils et leur savoir-faire, apportant à ArcelorMittal une offre de produits à haute valeur ajoutée au plus haut niveau
de qualité :

  • contribuant à la protection de l’environnement en préparant les technologies de demain avec ULCOS pour une production d’acier « vert » à l’aciérie avec 50 % de réduction des émissions de CO2 ;
  • contribuant à la protection de l’environnement avec ses aciers innovants. L’aciérie de Florange est benchmark en Europe en qualité pour l’Usibor qui permet d’alléger de 25 % les voitures ; avec des aciers packaging toujours plus fins, grâce au savoir-faire de tout le personnel de Florange et son dynamisme à innover sur ce marché concurrentiel.

L’arrêt de la filière liquide lorraine était motivé par la baisse du marché notamment dans le packaging (déclaration de septembre 2011) et avait pour objectif économique un gain de
50 €/t de brames produites (c’est en tout cas les chiffres annoncés lors du CCE du
8 septembre 2011). En réalité, sur l’année 2010, comme fin juillet 2011, l’écart entre le coût de la brame Florange et Dunkerque n’était que de 42 €/t.

Produire 90 kt de brames par mois à Florange ne représenterait donc qu’un manque à gagner pour la BD Nord de 3,5 millions d'euros par mois seulement.

Quel constat faisons-nous actuellement ?

Les hauts fourneaux actuellement en service dans la BD Nord sont chargés à 98,5 % (3,75 Mt par trimestre pour une capacité de 3,8 Mt).

Nos clients auto livrés à partir de brames de Dunkerque se plaignent d’une recrudescence sans précédent des défauts d’origine aciérie. Nos clients d’Usibor sont mécontents de la dégradation de la qualité d’analyse de l’Usibor (Florange a l’aciérie benchmark pour les basses teneurs en P et en S). Plus de 100 brames d’Usibor ont été écartées pour risque de casse dans le four.

Si les prix de vente des cois à chaud ont baissé en Europe, une légère hausse des prix
est observée depuis début 2012 (idem pour les produits galvanisés). Sur FCE, les
entrées de commande au 1er trimestre 2012 sont supérieures à celles du 4ème trimestre
2011 et similaires à T1 2011 ; que ce soit pour l’automobile ou pour l’industrie.

L’usine de Dunkerque déjà chargée, elle, à 100 %, est-elle en capacité de livrer en totalité
le train à bande de Florange ? La réponse est, pour la CFE-CGC, clairement non !

AM FCE refuse ou décale des commandes que nous ne sommes pas en mesure de
laminer à Florange pour « manque de brames ». Nous entendons parler aujourd’hui
d’approvisionner Florange à partir de la BD Est (Pologne ?). Une pénurie de brames
semble même probable fin T1 ou début T2, à tel point qu’il serait prévu de recevoir à
Liège 40 kt de brames de Severstal.

La CFE-CGC, comme une partie importante de votre encadrement, ne croit pas à un
effet positif sur les prix de vente, ce sont au contraire nos concurrents qui vont en profiter
pour accroître leurs parts de marchés.

La fédération de la métallurgie CFE-CGC s’interroge sur cette situation qui se prolonge et
engendre des difficultés de gestion des ressources humaines peut-être pas suffisamment
prises en compte.

Qu’avons-nous réellement gagné en €/t par rapport aux 50 €/t annoncés en mettant
installations à l’arrêt et compétences au chômage, en tenant compte des coûts de
transport, des coûts générés par la non-qualité, du coût de maintien en arrêt des
installations (agglomération, hauts fourneaux, aciérie et ligne d’étamage 2) avec le
salaires, l’entretien, même a minima des installations, consommation des fluides (eau,
électricité, chauffage) ?

  • Comment peut-on se baser sur des critères de rentabilité pour justifier des mises à l’arrêt d’installations, alors qu’elles induisent une dégradation de la qualité sur nos produits, qui va, à court terme, mettre en difficulté nos commerciaux de maintenir les prix dans un contexte difficile ?

Comment explique-t-on aux salariés de Florange que les commandes les plus rentables
du packaging auprès de clients historiques de Florange sont dispatchées depuis le début
de l’année entre la Belgique et l’Espagne ?

Pour la CFE-CGC, une autre stratégie industrielle est possible

 

Rallumer le P6 et construire une stratégie industrielle ambitieuse en tirant parti des forces
de nos aciéries respectives et de la supériorité indiscutable de l’aciérie de Florange pour
l’Usibor ; pour restaurer le niveau de qualité chez les clients ; pour restaurer leur
confiance en notre engagement pour améliorer les aciers dont ils ont besoin ; et pour
préparer le projet ULCOS en donnant un signe fort à la Commission européenne.

  • Stopper le « pillage » du carnet packaging de Florange au profit de la Belgique et de l’Espagne et redémarrer la ligne étamage 2.

Pour la CFE-CGC, l’optimisation des capacités de production au sein de la BD Nord doit
se faire par un recentrage sur les points forts de chaque installation et une politique de
reconquête de parts de marché sur les marchés industrie. En d’autres termes, les sites
les plus performants en coûts doivent permettre de répondre aux prix de marché les plus
bas, Florange aurait pour vocation de traiter, dans un premier temps, les produits
considérés à plus haute valeur ajoutée (Usibor notamment), tout en offrant une flexibilité
industrielle que la BD Nord n’a pas (saturation à 99 %) pour répondre à des opportunités
de commandes. Cette politique favorisera la couverture accrue des frais fixes, un bon
niveau de qualité et de service clients. En l’état actuel, un HF de Florange, base
250kt/trimestre, ne représente que 6 % d’augmentation des capacités, c’est donc peu et
suffisant pour faire face aux aléas d’un marché qui est sur un niveau bas aujourd’hui.

Forts de la confiance en l’esprit de solidarité au sein de la BD Nord affirmé par
l’ensemble des CEO présents à Florange en 2010, nous ne doutons pas de leur réaction
positive et solidaire pour donner le maximum de chances à ArcelorMittal de rassurer et
regagner la confiance de ses clients et préserver ses parts de marché.
La fédération de la métallurgie CFE-CGC attend maintenant, de votre part, des réponses
concrètes prenant en compte l’ensemble de la problématique du site de Florange.

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