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19 / 02 / 2010 | 2 vues
Marcel Caballero / Membre
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Vous avez dit sociale ?

De délégation interministérielle en Secrétariat d’État, ballottée entre le plan, le Premier Ministre, les Affaires sociales etc, l’économie sociale n’a qu’à de rares et brèves occasions été considérée, dans les politiques publiques, comme ce qu’elle est : d’abord un secteur économique. Son tort est sans doute de reposer sur des valeurs et de mettre en oeuvre des pratiques différentes, voire antagonistes, de celles du modèle dominant : l’entreprise capitaliste.

Faute d’accepter ou de savoir lui reconnaître sa différence, les gouvernements préfèrent, à des degrés variables, ne retenir d’elle que sa capacité (réelle, voire supérieure) à créer des emplois et à contribuer à la cohésion sociale. Ce parti pris est d’autant plus affirmé dans les périodes où la situation de l’emploi se détériore et les tensions sociales s’exacerbent.

Croix Rouge de l’économie en crise


Le dernier positionnement de l’économie sociale dans l’organigramme gouvernemental confirme et aggrave ce rôle conféré de Croix Rouge de l’économie en crise.

  • Le décret n° 2010-95 du 25 janvier crée une direction générale de la cohésion sociale, par la fusion de la direction générale de l’action sociale, du service des droits des femmes et de l’égalité, de la délégation interministérielle à la famille, de la délégation interministérielle aux personnes handicapées et de la délégation interministérielle à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale.


Cette direction est elle-même organisée en trois services, dont celui des politiques sociales et médico-sociales qui « veillera à soutenir les initiatives susceptibles de prévenir, et non seulement de corriger, les inégalités, les vulnérabilités ». L’économie sociale relève de ce service. Outre les services, le directeur général dispose de trois missions, dont celle de l’innovation, de l’expérimentation sociale et de l’économie sociale.

Une économie sociale sans rivage

Au même moment, un ancien délégué interministériel à l’économie sociale, Hugues Sibille, lance un pavé en adressant une lettre ouverte* à ses « amis dirigeants de l’économie sociale », dans laquelle il affirme que « l’entrepreneuriat social peut permettre de rénover et faire reconnaître une économie sociale sans rivage ». Il se déclare favorable :

  • à une organisation réunifiée et rénovée, structure représentative nationale de l’économie sociale et solidaire,
  • à l’adhésion du Mouvement des entrepreneurs sociaux à cette organisation rénovée,
  • à une démarche commune de l’économie sociale et de l’entrepreneuriat social », notamment pour « la revendication d’un secrétariat d’État à l’Économie sociale et à l’Entrepreneuriat social, rattaché à Bercy après l'élection régionale ».

Le débat promet d’être ardu. Son promoteur reconnaît lui-même qu'« économie sociale et entrepreneuriat social ne sont pas synonymes » et que ce dernier « doit encore être précisé ». Pour la clarté du débat, peut-être faudrait-il, effectivement, commencer par là ?

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