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09 / 01 / 2018 | 2 vues
Philippe Grasset / Abonné
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Moins de pression au travail mais le rythme reste soutenu

Le 20 décembre, la DARES a publié les résultats d’une enquête menée en 2016 sur les évolutions des conditions de travail et des risques psychosociaux. La pénibilité physique et l’intensité de travail se sont stabilisées à un niveau élevé, tandis que certains facteurs de risques psychosociaux sont en baisse.

Les contraintes physiques dues au travail (port de charge lourde, vibrations etc.) se sont stabilisées depuis 2013, selon la DARES (service statistique du ministère du Travail). Un tiers des salariés se disent touchés par au moins trois d’entre elles.

Menée auprès de 27 000 individus, l'enquête a aussi permis d’établir que les salariés sont de plus en plus nombreux à ne pas pouvoir quitter leur travail des yeux : 43 % en 2016, contre 39 % en 2013. La nécessité de devoir fréquemment abandonner une tâche pour une autre plus urgente augmente également et touche désormais deux tiers des salariés.

En revanche, la charge mentale est en baisse. En 2016, 44 % des salariés déclaraient devoir penser à trop de choses à la fois, contre 49 % en 2013. Ce recul, qui s’observe pour toutes les catégories socioprofessionnelle (CSP), est particulièrement sensible pour les ouvriers qualifiés (-7 points), les professions intermédiaires et les cadres (-6 points), même si ces derniers restent concernés à 57 %.

Moins d’un tiers des salariés affirme travailler sous pression, 31 % contre 36 % en 2013. Chez les cadres, ils sont 43 % (-8 points). La part des salariés estimant ne pas être reconnus pour leur travail est également en baisse, quelle que soit la CSP. On constate par ailleurs une baisse des comportements hostiles au travail.

Mobilisation des interlocuteurs sociaux

Cette baisse de certains facteurs de risques psychosociaux est une surprise, a reconnu Selma Mafouz, directrice de la DARES, lors d’une conférence de presse. Plusieurs explications ont été avancées par ses services, qui ont cependant rappelé que le point de référence en 2013, en fin de crise économique, était particulièrement élevé.

Cette amélioration peut s’expliquer par un soutien social fort, une large majorité de salariés estimant recevoir de l'aide de la part de la hiérarchie et des collègues. La DARES constate aussi que l’intensité du travail et les comportements hostiles sont associés à l’insécurité socio-économique. En effet, les salariés craignant de perdre leur emploi ou ceux ayant subi un changement important dans l’organisation de leur travail sont davantage exposés. Le ralentissement des changements a pu contribuer à la diminution des tensions, suggère l’enquête.

Mais ce recul pourrait aussi découler de la sensibilisation médiatique et politique au harcèlement moral et aux risques psychosociaux. Lors de la conférence de presse, les intervenants ont aussi souligné la mobilisation des interlocuteurs sociaux sur cette question, avec la signature d’un accord sur la qualité de vie au travail en 2014 ou la création d’un observatoire du stress en entreprise.

Des salariés de moins en moins autonomes

L’autonomie et les marges de manœuvre des salariés poursuivent leur déclin entamé en 1998. Ils sont de moins en moins nombreux à choisir eux-mêmes la façon d’atteindre les objectifs fixés. Il est aussi de plus en plus rare de ne pas avoir de délai ou de pouvoir faire varier les délais fixés. Cette perte d’autonomie est particulièrement marquée chez les cadres et les professions intermédiaires. Enfin, pour un même poste, les femmes continuent d'avoir moins de latitude que les hommes pour organiser leur travail.

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