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01 / 03 / 2013 | 11 vues
Audrey Minart / Membre
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Marie Pezé, une psy au front de la crise

Psychologue clinicienne et psychanalyste, reconnue pour son expertise en matière de souffrance au travail, Marie Pezé alerte sur une organisation du travail de plus en plus pathogène.

C'est en travaillant dans un service de chirurgie réparatrice que la psychologue clinicienne et psychanalyste Marie Pezé (1951) a commencé à faire le lien entre travail et souffrance psychique. « Petit à petit, on nous a envoyé des caissières, des secrétaires, victimes d’accidents du travail… Très vite, j’ai constaté une lassitude et un épuisement dans des corps de métiers dont les tâches ne justifiaient objectivement pas cet état ». Nous sommes dans les années 1990. Les troubles musculaires squelettiques (TMS) commencent à être évoqués mais la souffrance psychique liée à l’activité professionnelle est encore bien loin d’être au cœur des préoccupations.

La première consultation sur la souffrance au travail, c’est elle qui l’a créée en 1997 au sein du Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers (CASH) de Nanterre. Depuis, si celle-ci a disparu, 35 ont vu le jour en France. Elle a également co-fondé, avec le Professeur Christophe Dejours, une formation pluridisciplinaire au CNAM (Conservatoire national des Arts et Métiers). Intitulée le « certificat de spécialisation en psychopathologie du travail », elle est ouverte aux membres des CHSCT, aux juristes et aux cliniciens de terrain. « Nous avons gagné la bataille des mots. Nous sommes alors sortis de la naturalisation… Il ne s’agit pas d’un problème de personnes, spécifiquement fragiles ou bourreaux mais bien d’une organisation du travail problématique », sourit-elle. Comment expliquer l’explosion de ces troubles et de leur prise en compte dans les médias et par les pouvoirs publics depuis une vingtaine d’années ? Pour Marie Pezé, c’est l’intensification du travail qui en est à l’origine. « Il ne faut pas oublier que les Français, s’il ne travaillent que 35 heures par semaine, occupent la 3ème place mondiale en termes de productivité horaire ».

« En état de stress post-traumatique »


Plus qu’une lassitude et un épuisement chez de « simples » secrétaires ou caissières, la psychologue a repéré chez ces professionnels le même « tableau clinique » que celui caractérisant l’état de stress post-traumatique d’anciens soldats. La faute, selon elle, aux nouvelles formes du travail et aux stéréotypes des managers français. « Ils croient que les salariés doivent être disciplinarisés : « il ne pense qu’à ses congés, il faut donc le secouer ». Pourtant, de nombreuses études ont montré que ceux-ci souhaitent vraiment faire du bon travail ». La sociologue et directrice de recherche au CNRS, Danièle Linhart, que cite régulièrement Marie Pezé, évoquait le concept de « précarité subjective ». Un état entretenu par les techniques actuelles du management, qui cherchent à déstabiliser, à mettre le salarié dans une situation inconfortable. Un salarié par ailleurs trop mal informé...

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