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10 / 04 / 2009 | 5 vues
Université De Printemps Ires / Membre
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Le monde de demain : du capitalisme financier au développement durable

Quel sera le sens des réalités dans le monde de demain ? « Du capitalisme financier au développement durable ». C’est le grand thème de la première université de printemps de l’IRES (Institut de recherche économique et social) avec l’ensemble des organisations syndicales qui se tiendra les 28 et 29 avril prochains à la mairie de Montreuil (93).

Des universitaires, tous les représentants responsables nationaux des syndicats représentatifs français, européens et internationaux, des représentants d’associations et d’instances internationales, des responsables d’entreprises vont réfléchir ensemble sur la plus importante mutation que nos sociétés ont à comprendre et à entreprendre : sortir d’un capitalisme financier, en crise, pour construire un mode de développement durable.

« Il est essentiel de concentrer sur ces deux jours, et a fortiori dans ce contexte de crise économique et sociale profonde et violente, une expression de l’ensemble des organisations syndicales pour mettre sur la table la question d’un nouveau mode de développement avec une finance au service d’une économie durable et équitable », déclare Jean-Louis Levet, le directeur général de l’IRES, dont l’objet vise à nourrir de ses recherches les syndicats.

Comprendre les interrelations

« Il reste encore beaucoup de chemin pour mettre en place des mécanismes de compensation sur la question du coût écologique » - Yves Lichtenberger

« Identifier les différentes chaînes causales et de coûts associés au concept de développement durable est indispensable. Le processus de maturation est long » déclare Yves Lichtenberger, professeur de sociologie et président du PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) de l’université Paris-Est. Ce dernier voit des signes avant coureurs d’une « écologisation de l’économie ». « Nous sommes capables de mesurer les coûts externes comme par exemple celui du recyclage des produits et d’y associer des taxes  pour faire converger les approches économiques et environnementales. Une convergence qui n’a rien de naturelle. Il reste encore beaucoup de chemin pour mettre en place des mécanismes de compensation sur la question du coût écologique », souligne le sociologue.

Si les incidences environnementales sur les offres des produits et des services se mesurent de mieux en mieux, il reste encore beaucoup de ponts à dresser avec le social. Car il ne s’agit pas simplement de parler du potentiel de création des emplois verts mais tout aussi de l’impact environnemental sur les compétences et l’organisation du travail de millions de personnes travaillant dans des entreprises dont le cœur de métier n’est justement pas l’environnement.

« Donner un sens à cette interrelation entre l’environnement et le social » - Jean-Louis Levet

« Les organisations syndicales et les chercheurs doivent apporter leurs contributions, pour donner un sens à cette interrelation entre l’environnement et le social », affirme Jean-Louis Levet. Une façon pour les syndicats de rentrer de plein pied dans une approche sociétale dans laquelle des associations et des ONG sont engagées. En effet, le salarié est aussi citoyen et consommateur. À ce titre, il est tout autant concerné par l’idée d’une « croissance propre » dans le cadre d’une « concurrence équitable » et d’un accès plus aisé à la connaissance pour l’ensemble des populations et en particulier celles des pays en développement.

« Le sujet de propriété intellectuelle doit être abordé. Il est incompréhensible de voir, par exemple, que des connaissances d’utilité publique relatives à la biologie puissent être brevetées pendant 70 ans. Il y a urgence à mettre en place un droit raisonnable de la propriété intellectuelle », estime Pascal Petit, directeur de recherches au CNRS, attaché au Centre d’économie de l’Université Paris-Nord.

Des contradictions aujourd’hui difficiles à expliquer

Impossible pour une direction d’expliquer à ses salariés sa décision de fermer ou de délocaliser un site de production français sur lequel des millions d’euros ont été investis et qui est a fortiori économiquement viable. Une réalité qui ne pèse pas bien lourd au regard de la logique financière. « La finance joue un rôle paradoxal vis-à-vis de l’économie réelle. Par exemple, d’un côté elle autorise le financement de l’innovation mais de l’autre, par son impatience et en exigeant des rendements à court terme, elle sape les bases de son développement. C’est le cas des entreprises de biotechnologies dont un grand nombre est menacé de disparition en raison du tarissement de leur financement. La régulation doit se faire de façon ciblée afin de soutenir les innovations. Notamment au travers de structures de financement extra-bancaires permettant d’assurer des investissements sur le long terme », explique El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine qui regrette le manque de moyens d’Oséo.

« Les politiques d’intervention publique sont myopes et tardives vis-à-vis des chocs qui affectent les territoires » - El Mouhoub Mouhoud Le rôle des États est tout aussi indispensable pour aider les entreprises, notamment les PME, à anticiper. Or selon El Mouhoub Mouhoud, « les politiques d’intervention publique sont myopes et tardives vis-à-vis des chocs qui affectent les territoires dans la mondialisation comme les délocalisations qui recouvrent pourtant des réalités très différentes (défensives, comportements de marge, forcées…) ». Ceci s’explique en partie par une incapacité à se doter d’un observatoire national de la vulnérabilité des territoires ou à agréger des données statistiques fragmentées entre les collectivités locales et les services de l’État, ce qui ne permet pas d’anticiper les chocs et les délocalisations. On se contente de distribuer des aides financières et des exonérations fiscales diverses aux entreprises pour tenter, sans succès, de rattraper le coup dans les secteurs en difficulté ».

La crise actuelle remet au goût du jour la tentation protectionniste mais tous les experts s’accordent pour dire que ce serait une voie sans issue.

« La concurrence fiscale et sociale fait partie du problème que nous connaissons aujourd’hui. » - Pascal Petit

Pascal Petit considère néanmoins que, « cela n’empêche qu’il faut faire un bilan raisonnable du libre échange. La concurrence fiscale et sociale fait partie du problème que nous connaissons aujourd’hui. À partir de là, on ne peut pas se contenter de jouer sur la variable des prix. » La place des États, et surtout leur capacité à coordonner leurs politiques, est d’autant plus indispensable que le principe de responsabilité sociale et environnementale des entreprises s’arrête aux frontières du réel, celles de la finance et de la concurrence à tout craint. Pour le moment du moins...


Participez au groupe de quatre discussions en ligne que nous ouvrons. Vos contributions viendront alimenter les débats lors des quatre tables rondes des 28 et 29 avril prochains.

Les sujets des quatre discussions que nous vous proposons (vous êtes bien entendu libres d’ouvrir de nouveaux fils de discussions) :

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