Protection Sociale Complémentaire au ministère des Finances : un appel d’offre qui interroge toujours!
Suite aux résultats de l'appel d'offre sur la PSC à Bercy qui n'ont pas manqué de faire réagir le monde mutualiste et syndical et que nous avons relayé dans ces colonnes, les conditions d'attribution à la Ste ALAN interrogent toujours...La CGT les a de nouveau réitérées dans un récent communiqué, refusant l'arrivée d'une "start up spéculative" à Bercy et exigeant une totale transparence...
Elle rappelle qu'après de longs mois de discussion, les organisations syndicales et le ministère avaient réussi à trouver un terrain d’entente sur le contenu de l’appel d’offre :
- l’alignement du panier de soin sur celui de la Fonction Publique d’État,
- la mise en place de 2 options pour élargir l’offre de remboursement,
- la mise en place de mécanismes de solidarité envers les adhérents avec enfants aux revenus les plus fragiles,
- la mise en place d’une cotisation additionnelle afin d’alimenter un fond de solidarité à destination des retraités, qui permettra de prendre en charge une partie de la cotisation des retraités ayant les plus faibles pensions,
- l’intégration de la prévoyance avec une adhésion obligatoire dans l’appel d’offre.
...et que c’est sur cette base que l’accord du 21 juin 2024 a été signé aux Finances et que la phase d’appel d’offre a été lancée en procédure « avec négociation ».
Deux lots ont donc été proposés :
- Le premier pour la santé, auquel 4 prestataires ont répondu, dont la MGEFI (mutuelle spécialiste de la Fonction publique) et Alan (Assurance et start-up spéculative).
- Le deuxième pour la prévoyance auquel 2 prestataires ont répondu, la GMF assurances (Garantie Mutuelle des Fonctionnaires et employés de l’État et des services publics et assimilés) et CNP Assurances (sous contrat avec la MGEFI).
Pour la CGT il importe de rappeler que:
Pour la partie prévoyance, 3 critères avec des sous items ont été retenus :
- Critère 1 : Rapport entre la qualité des garanties et le tarif proposé : 40 points
- Critère 2 : Maîtrise financière des contrats : 20 points
- Critère 3 : Qualité de gestion des contrats et des services : 40 points
soit un total de 100 points.
À réception des offres initiales, GMF assurances devançait la CNP de 10 points.
Après la phase de négociations, il y a eu resserrement mais la GMF a remporté le marché avec 5 points d’avance.
Pour la partie santé, 4 critères avec chacun des sous items ont été définis avec des points pour chacun d’eux.
- Critère 1 : Rapport entre la qualité des garanties et le tarif proposé : 30 points
- Critère 2 : Maîtrise financière des contrats : 20 points
- Critère 3 : Qualité de gestion des contrats et des services : 43 points
- Critère 4 : Actions de prévention : 7 points
soit un total de 100 points
À réception des offres initiales, 3 opérateurs se détachaient, dont la MGEFI avec 8 points d’avance sur Alan.
La phase de négociation s’est donc ouverte. Chaque participant a fait de nouvelles propositions. Et oh miracle ! Alan est arrivé cette fois-ci en première position.
La CGT s'interroge:
Mais que s’est il donc passé lors des négociations pour qu’Alan remporte le marché avec 2 points d’avance ? A ce stade, nous n’avons pas de réponse à cette question et c’est problématique.
Le syndicat refuse que les données individuelles et médicales soient hors d’Europe et aux mains d’une entreprise à but très lucratif et attirent les convoitises d’industries privées, soucieuses de développer de nouveaux marchés.
La CGT s'interroge également sur les conséquences de ce marché notamment pour les collègues DGFIP et DGDDI travaillant dans les services de TRACFIN, DNRED et ONAF et habilité « secret défense ».
L’analyse de la CGT
La comparaison faite entre la structuration d’Alan et les notes maximales obtenues interroge sur de nombreux critères : évolutions des cotisations, permanences physiques, actions de préventions, rapport entre la qualité des garanties et le tarif proposé, entre autres.
La réalité est tout autre si l’on en croit les collègues du ministère de l’écologie qui subissent Alan depuis maintenant 6 mois. Les premières analyses de la CGT sont alarmantes :
- Une gestion non maîtrisée des dispenses d’adhésion : la gestion des dispenses d’obligation d’adhérer a révélé des failles dans le dispositif (difficile identification des interlocuteurs, mise en difficulté des pôles RH, manque de lisibilité sur les prérogatives de l’employeur et celles d’Alan pour accorder ou non les dispenses, …).
- Informations insuffisantes et inadaptées : le nombre de réunions d’information sur site a très insuffisamment couvert les services avec des délais et des canaux d’information ne ciblant pas les personnes les plus concernées (retraités, agents en arrêt maladie, longue maladie ou longue durée, personnels n’ayant pas accès à de l’information dématérialisée, …).
- L’apparition après signature du marché de certains tarifs semblant non conformes aux dispositions du protocole d’accord (familles mono parentales, adhérents outre mer, …).
- Montants des fonds de solidarité insuffisants (destinés aux retraités et à l’accompagnement social). Le ministère de l’environnement a reconnu que le fonds était trop bas pour mettre en place un nombre conséquent d’aides. Celles-ci devront être très ciblées et certaines, très spécifiques, devront passer par une commission interne au prestataire....
Pour la CGT, ALAN, ce n’est pas un simple changement de prestataire. C’est un nouveau coup de boutoir contre la logique de solidarité, contre l’économie sociale et solidaire, contre la maîtrise publique de notre système de santé. C’est un choix idéologique, un choix politique, au service du capital et de la « start-up nation » voulue par Emmanuel Macron. C’est une stratégie délibérée dite du “cheval de Troie” pour faire rentrer l’assurantiel financiarisé dans la protection sociale des fonctionnaires.
- Protection sociale parrainé par MNH
- Relations sociales
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Où en est-on?
Le chantier de la protection sociale complémentaire s’est poursuivi avec pas moins de trois réunions de la
commission paritaire de pilotage et de suivi (CPPS) en un mois...
Alan, qui se définit comme « Le partenaire santé qui prévient, assure et accompagne au quotidien », nous
a donc présenté l’offre proposée aux agents du ministère.
Leurs engagements :
➢ Sur la complémentaire santé : un processus simplifié côté agents, des remboursements éclairs
et une assurance transparente ;
➢ Sur les services de santé : un accès simplifié aux soins, une approche préventive et la protection
du pouvoir d’achat ;
➢ Sur le service client : réponse rapide, écoute et accès multicanal.
Les inquiétudes demeurent:
Alan engage sa responsabilité sur la protection des données de ses 710 000 membres. L’ensemble des
données est hébergé en Europe : infrastructure certifiée ISO 27001 et hébergeurs de données de
santé (HDS) avec un chiffrement intégral des données, géré par Alan.
Même si l’opérateur nous assure que ces dispositions contractuelles, organisationnelles et techniques sont censées prévenir les transferts de données hors UE, il s’agit quand même d’un serveur lié à Amazon et donc soumis à la réglementation américaine.
FO Finances a bien sûr pointé ce risque, demandant à tout le moins la mise en place d’un hébergement répondant aux dernières normes soit le label SecNumCloud (*)
De même, l’utilisation de l'intelligence artificielle soulève des interrogations. L’IA est utilisée pour
améliorer la productivité et rendre les soins de santé plus accessibles, efficaces et personnalisés. Les
systèmes d'IA servent aussi à analyser les documents et extraire les informations nécessaires au
remboursement des prestations, fournir des réponses aux questions les plus courantes et
contribuer au service « clinique Alan » grâce à un outil d'assistance médicale pour les professionnels
de santé. ( un ersatz numérique qui ne correspond sûrement pas à notre conception de la santé)
Quant aux retraités...A ce stade, nous n’avons toujours pas le détail des cotisations prévues par Alan....
FO Finances continue de dénoncer la décision de l'administration de sélectionner Alan pour
assurer la PSC des agents de Bercy. Cette start-up est à l'opposé de nos valeurs mutualistes
mais aussi syndicales d'entraide et de solidarité.
Au-delà d’un hypothétique recours, le marché prévoit une durée ferme de contrat de 2 ans,
renouvelable annuellement jusqu’à 6 ans.
Notre fédération demande aux agents de faire remonter tous les manquements de l’opérateur choisi, afin de documenter et étayer une éventuelle dénonciation du marché en cours et restera vigilante quant à la stricte application des critères du marché et de l’accord ministériel.
Pour plus de détails: https://financesfo.fr/2025/07/30/psc-ou-en-est-on/