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15 / 04 / 2010 | 1 vue
Sylvain Thibon / Membre
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Négociation d'une convention collective des télévisions privées : la précarité de l’emploi comme leitmotiv

Le STP, le syndicat des télévisions privées, qui regroupe TF1, M6 et CANAL+, propose aux partenaires sociaux de négocier une convention collective de branche, autrement dit, un texte de référence pour les milliers de salariés du secteur audiovisuel français.

Ce texte pourrait à terme concerner l'ensemble des salariés du secteur, qu'ils soient collaborateurs du service public ou ceux des groupes privés français.

Dans ces conditions, les représentants des 5 organisations syndicales nationales (CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT et FO) prennent cette négociation très au sérieux. Depuis quelques semaines, ils siègent tous à la table des négociations.

Après les préliminaires : préambules, recrutements, période d'essai etc. Les choses sérieuses ont débutées il y a un mois, lorsque le STP a présenté un projet de texte modifiant de fond en comble la relation contractuelle des salariés du secteur avec leur employeur.

Intitulé « contrat de travail d'un type particulier », l'article 8 de cet accord ne propose pas moins de 4 façons de contractualiser de façon originale avec son employeur.


Ces contrats de travail sont effectivement très particuliers !

Mis à part le CDD seniors, qui devrait permettre d'engager des salariés âgés de plus de 55 ans, les autres contrats ne sont ni plus ni moins qu'un moyen de détricoter le Code du Travail et les conventions collectives des entreprises concernées.

Du stage, au CDD, puis au contrat de type particulier, c’est peut être à 55 ans que le pauvre salarié pourrait éventuellement signer un CDI… seniors !

La précarité de l’emploi comme leitmotiv

 

Dans ce contexte, le CDI deviendrait l'exception !

Du contrat à durée déterminée à objet défini, ou du contrat indéterminée à objet défini (sic !), du contrat de travail intermittent à durée indéterminée (re-sic !), tout indique que demain, les cadres des entreprises de l'audiovisuel privé, puis à terme, de l'audiovisuel public, devront d’abord accepter ces contrats précaires. Du stage, au CDD, puis au contrat de type particulier, c’est peut-être à 55 ans que le pauvre salarié pourrait éventuellement signer un CDI… seniors ! Sans parler de la remise en cause des CDDU, ces contrats dits d'usage créés après 2003 pour encadrer l'emploi des collaborateurs des émissions télévisuelles et créés après un long conflit les ayant opposés à leur employeur, à commencer par Canal+.

Ainsi libellés, ces contrats permettraient en effet, d'engager sans contrainte et de façon précaire dans tous les businesses de nos groupes !

Inacceptable.

Il y a 15 jours, l'ensemble des représentants syndicaux ont demandé à l'unanimité le retrait de cet article avant de poursuivre la discussion. Le STP a alors décidé de lever la séance...
  • Cette semaine, alors que s'ouvrait une nouvelle séance de négociation, étonnement général, le texte est resté en l'état, l'article 8 vilipendé par l'ensemble des syndicats, était toujours présent... Pire, la présidente du STP précisant « c'est un point dur pour nous employeurs, nous ne voulons pas retirer cet article... » !


Deux suspensions de séances revendiquées par les organisations syndicales pour que les directions de TF1, Canal+ et M6 retirent cet article n'ont rien changé à l’affaire : le STP est resté campé sur ses positions.

Devant tant d'obstination et de fermeture au dialogue, l'ensemble des organisations syndicales nationales, unanimes, ont claqué la porte des négociations.

L'enlisement est proche, mais le préalable est clair : il n’est pas question d’accepter une régression sociale aussi importante dans notre secteur d’activité.

Bien au contraire, l’audiovisuel français, privé et public, doit donner l’exemple. Il doit être une vitrine sociale pour les dizaines de milliers de salariés qui travaillent chaque jour à produire et diffuser les programmes que les Français consomment au quotidien, sur leurs télévisions, mais aussi aujourd’hui sur internet, sur leurs portables…

Mesdames et Messieurs du STP, soyez raisonnables ! Nous ne serons pas « les bricoleurs » du Code du Travail, ni les fossoyeurs du CDI !

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