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22 / 02 / 2010 | 61 vues
Clotilde De Gastines / Membre
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France Télécom : une maltraitance managériale ?

Le premier rapport Technologia accusait mi-décembre « la grande défaillance du management ». Face à l'absence « d'une colonne vertébrale solide de management, les personnels de France Télécom semblent plus que jamais orphelins de sens, de leaders »

« Parler de risques psycho-sociaux chez France Telecom, c'est risquer d'éluder les problèmes d'organisation du travail, en focalisant sur l'individuel. C'est pourquoi, au moment de sa création, l'Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées chez France Télécom n'a pas communiqué sur les suicides, mais bien sur la brutalité du management. Toutefois, la souffrance des salariés (états anxieux, dépressifs, troubles musculo-squelettiques, tentatives d'homicides et quasi-tentative, grèves de la faim), et la multiplication des suicides, dont le nombre oscille aujourd'hui entre 32 et 35 a alerté l'opinion publique », explique Pierre Gojat, directeur marketing sécurité chez France Télécom-Orange et secrétaire général de cet observatoire.

« Les managers ont usé de méthodes, qu'on peut qualifier de maltraitance », souligne M. Gojat, qui est également représentant syndical de la CFE-CGC/UNSA. « Ces méthodes ont détruit les collectifs de travail en forçant les mobilités, en instaurant une part variable pour les rémunérations, en brouillant les organigrammes. Les DRH ont été les premières victimes des destructions d'emploi, les unités ont été scindées ou fusionnées, les collaborateurs dispersés au nom de la « pro-activité ».»

Le rapport Technologia constate que ce sont avant tout « dans les boutiques, les centres d'appels et dans les unités d'interventions chez les clients que les conditions de travail sont ressenties comme les plus difficiles, métiers où croît la sous-traitance et la précarité, menacés de délocalisation ».

Difficile de s'y retrouver


Au sein de la centaine de filiales française du groupe, « tout le monde sait qu'il travaille pour le groupe France Télécom, mais travailler chez FT SA ou Orange France, ça n'est pas la même chose. Entre les filiales vendues et les marques abandonnées (Wanadoo, Itineris, Ola, pages jaunes, etc), c'est difficile de s'y retrouver », expliquait Régis Garreau, délégué syndical, dans une intervention du 13 novembre 2009 à Tours. « Les salariés de certaines filiales ont été laissés dans une bulle statutaire créatrice d'inégalités et de tensions. Les harmonisations des statuts des salariés de Transpac ont pris plus de 10 ans, celle d'Equant n'est pas réalisée 10 ans après le début du rachat ! ».

Parallèlement à ses ajustements, les programmes Next puis Act ont détruit 6 000 à 7 000 emplois par an. En 4 ans, 30 000 personnes ont quitté le groupe. « Or, personne n'était licenciable : 2/3 des salariés étaient fonctionnaires, ce n'était pas possible de faire partir leurs collègues de droit privé, à moins d'être accusé de discrimination et de déclencher des conflits en interne ». Les salariés ont donc été incités au départ, « vers la fonction publique, où les besoins en techniciens sont proches de zéro, fustige Pierre Gojat. Certains ont bénéficié d'une aide à l'essaimage (au mieux, queqlues dizaines par année). »

Si salariés et syndicats comprennent la nécessité des réorganisations, ils regrettent de ne pas y être « plus étroitement associés », d'autant qu'elles sont « instrumentalisées » pour supprimer des postes. Des décisions d'autant plus mal vécues par les salariés que le groupe est largement bénéficiaire et que l'État est actionnaire majoritaire.
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