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21 / 09 / 2022 | 85 vues
Jean Meyronneinc / Abonné
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Retraites : le rapport du COR ne saurait justifier de travailler plus longtemps

Un nouveau rapport du COR (Conseil d'orientation des retraites) a été publié ce jeudi 15 septembre 2022.  A l'évidence il sera sûrement à nouveau largement commenté et apprécié de diverse manière, certains y portant la lecture qui les arrangent  pour en tirer les arguments nécessaires aux thèses développées sur la nécessité impérieuse d'une réforme urgente..!

 

D'ores et déjà les organisations syndicales ont vivement réagi ces dernières semaines sur le sujet, les déclarations présidentielles ou gouvernementales laissant à penser qu'il existe une réelle volonté de mettre en oeuvre une réforme pour l'été prochain... Pour autant, l’état de notre système de retraite n’est pas si  inquiétant. Comme le souligne la Confédération FO, un excédent de 900 millions d’euros a été dégagé en 2021, et ce malgré la crise sanitaire, portant le total du surplus à 3,2 milliards d’euros. Si le solde global du régime risque de se dégrader après 2023, ce n’est que faiblement et de manière contrôlée avant un retour à l’équilibre après 2030 !

 

La réalité est donc très loin de la situation alarmante que nous présentent certains commentateurs et les pouvoirs publics.

 

De plus, la part des dépenses de retraites dans le PIB resterait stable. Ainsi le COR rappelle que « les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ».

 

Dans son dernier communiqué, la confédération dénonce l’instrumentalisation de ce rapport au service d’un projet de réforme qui vise à contraindre les salariés à travailler plus et gagner moins. Pour elle, une énième réforme ne serait pas motivée par des justifications économiques ou une volonté de « justice sociale », mais par la seule volonté de limiter la hausse annuelle des dépenses publiques. Elle  rappelle que les éventuelles « économies » obtenues en matière de retraite en cas de prolongation de la durée de travail se répercuteront automatiquement, et parfois plus fortement, sur les autres dépenses publiques : chômage et maladie principalement. Prolonger la durée de cotisation alors qu’actuellement un tiers des séniors est sans emploi ni retraite et vit sous le seuil de pauvreté aggraverait la pauvreté pour beaucoup de nos concitoyens.

 

Rappelons que la semaine dernière, 13 organisations ont réaffirmé lors d’une intersyndicale leur opposition à une réforme des retraites. 

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L e gouvernement l’affirme et le répète : notre système de retraite serait de nouveau en danger, les déficits menacent, il faut agir rapidement pour décaler progressivement l’âge effectif de départ à la retraite.

 

Une mesure dite paramétrique, repoussant l’âge légal de départ à la retraite et/ou allongeant la durée de cotisation, pourrait compléter le projet de loi de finances de la Sécurité sociale par voie d’amendement. Pourtant, le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) publié le 15 septembre 2022 montre que l’état de notre système de retraite est loin d’être inquiétant. Un excédent de 900 millions d’euros a été dégagé en 2021, malgré la crise sanitaire, et il pourrait atteindre 3,2 milliards d’euros en 2022. Si le solde global du régime risque de se dégrader après 2023, les déficits resteraient maîtrisés, compris entre 0,5 % et 0,8 % du PIB, le système revenant à l’équilibre après 2030.

 

Rien d’alarmant donc, pas plus aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Souvenons-nous, en 2017, le président nouvellement élu souhaitait engager une réforme profonde visant à créer un système universel par points. Il expliquait alors qu’après vingt ans de réformes passées, le problème des retraites n’était plus financier. Il ajoutait même que c’était parce que le problème n’était plus financier qu’il était possible de faire une réforme plus profonde.

 

Or, la lecture du rapport du COR de 2017 montre que les projections d’alors n’étaient pas très différentes de celles d’aujourd’hui. Le poids des dépenses de retraite dans le PIB est resté stable, et surtout le rapport indiquait que le système resterait déficitaire jusqu’en 2040 dans tous les scénarios, mais pourrait renouer avec les excédents à long terme avec des hypothèses de croissance favorables. Les déficits étaient estimés entre 0,6 % et 0,8 % du PIB, à peu de choses près ce que prévoit le COR dans son récent rapport.

 

Dit autrement, ce qui n’était pas un problème financier il y a cinq ans en serait devenu un aujourd’hui ! Ne nous y trompons pas, si le problème n’est pas l’équilibre du système, c’est que l’objectif du gouvernement est ailleurs : détourner les cotisations retraite pour financer d’autres dépenses. C’est ce que la Première ministre a déjà laissé entendre : revaloriser les petites pensions, financer le grand âge…

 

FO s’opposera à toute réforme conduisant à réduire les droits à la retraite

 

Rappelons que la retraite est le résultat de l’action syndicale. Notre système par répartition permet d’assurer la solidarité entre les salariés et entre actifs et retraités. Il faudra compter sur FO pour les défendre ! FO s’opposera à toute réforme conduisant à réduire les droits à la retraite et à faire travailler plus longtemps pour en bénéficier, et à toute mesure remettant en cause les régimes de retraite existants. Pour FO, il convient de travailler sur les moyens de développer l’emploi, notamment des seniors et sur l’aménagement de leurs fins de carrière.

 

Le CCN nous a donné mandat les 21 et 22 septembre dernier pour proposer aux organisations syndicales l’organisation en commun d’une mobilisation interprofessionnelle, c’est-à-dire de la grève, comme en 2019, pour obtenir du gouvernement qu’il renonce à toutes ses contre-réformes. Afin de préparer le rapport de force et la grève, le CCN propose à toutes les structures (fédérations, unions départementales, syndicats) une grande campagne de réunions et assemblées avec les syndiqués et les salariés. Soyons prêts pour la mère des batailles !

 

L’intersyndicale, réunie le 3 octobre à Bagnolet, a pris acte de la volonté du gouvernement d’ouvrir des consultations concernant notre système de retraite. Il faut que le gouvernement précise ses intentions, ses éléments de diagnostics, la méthode de concertation et ses objectifs.

 

Attachées au système par répartition, les organisations syndicales se disent ouvertes pour mener des concertations qu’elles souhaitent loyales et transparentes pour plus de justice sociale. Celles-ci doivent porter sur les dispositifs de carrières longues, de pénibilité et d’usure au travail, de transition emploi retraite et de fins de carrière, d’emploi des séniors, de minimum retraite, de financement du régime et d’égalité femme/homme. Sur ces questions, les organisations syndicales travailleront ensemble pour porter des revendications communes. Les organisations syndicales réaffirment que l’ensemble de ces sujets ne nécessitent pas de réforme paramétrique.

 

Les organisations syndicales réaffirment ainsi qu’elles sont, comme la majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation. Pour l’intersyndicale, des alternatives y compris financières existent et doivent faire l’objet de discussions.

 

Dans ce contexte, nos organisations syndicales rappellent qu’un salarié sur 2 arrivant à l’âge de départ à la retraite n’est plus en activité (invalidité, chômage, minima sociaux…). Ainsi, toutes mesures d’âge ne feraient que précariser encore les actuels et futurs travailleurs et travailleuses. Cela ne générerait par ailleurs, aucune économie pour notre système car conduirait à un transfert financier vers l’assurance chômage et pour l’invalidité et les minima sociaux, vers notre système de protection sociale.

 

Nos organisations appellent les actuels et futurs travailleurs et les travailleuses à se réunir et débattre, et n’hésiteront pas à construire tous les moyens d’action nécessaires si le gouvernement demeurait arc-bouté sur son projet.

 

Dans ce contexte d’incertitude pour les travailleurs et travailleuses, l’intersyndicale a décidé de se réunir à nouveau courant octobre.

« La fabrique du bien vieillir » ? :

Une nouvelle manœuvre du gouvernement pour ne pas répondre aux revendications urgentes

 

Dans le cadre du Conseil National de la Refondation « CNR à la mode Macron », est lancée le 11 octobre « la fabrique du bien-vieillir ».

J.C. Combe décrit le périmètre du futur atelier qui, selon lui, n’est pas « nouvelle concertation mais une opérationnalisation de mesures consensuelles et issues du terrain ».

 

Mais ça veut dire quoi, à la fin, tous ces termes ?

 

En réalité, beaucoup d’affirmations pour … un grand abandon.

 

Juin 2018 : E. Macron affirme que la « loi Grand Âge sera le marqueur social de ce quinquennat ».

Juin 2019 : E. Philippe affirme que cette loi « est peut-être une des plus importantes de ce quinquennat ».

Juin 2021 : O. Véran affirme que la loi est prête et sera présentée au Parlement dès le mois de septembre 2021.

Septembre 2021 : J. Castex abandonne l’examen de la loi au Parlement mais annonce de nouvelles mesures à l’Assemblée.

Août 2022 : J.C. Combe annonce l’abandon définitif de la loi grand âge.

 

Un constat partagé.

 

Tous les acteurs savent la nécessité de donner davantage de moyens à un secteur en grande souffrance, de revaloriser des métiers qui peinent à recruter, d’affronter un « boom » de la dépendance de nombre de retraités en perte d’autonomie.

La question centrale est donc bien celle d’une réelle programmation des chantiers et des dépenses correspondantes, tant le retard de la France est énorme. Les dépenses publiques qui regroupent les dépenses de la perte d’autonomie des personnes âgées sont de 1,7 % du PIB en France, par rapport aux Pays Bas (3,7 %), à la Suède (3,2 %) et au Danemark (2,5 %).

 

Une réponse totalement décalée des enjeux.

 

Les trois ateliers proposés par la « fabrique » permettent d’en mesurer l’ambition au vu des retards constatés :

-           La prévention : adaptation des logements, rendre l'activité sportive plus accessible, faciliter le vieillissement en bonne santé, prévenir les chutes.

-           Le lien social et la citoyenneté : renforcer la participation des personnes âgées et leur engagement dans la société, faciliter la mobilité et l'accès aux transports, promouvoir la bientraitance et lutter contre les violences, faciliter l'accès aux droits avec un service territorial de l'autonomie.

-           Les métiers : mieux faire connaître les métiers du bien-vieillir, changer leur image, et améliorer les conditions de travail.

 

Une solution imposée.

 

Tout le monde sait bien que ces tables rondes n’ont d’autre objectif que de nous faire croire que nous sommes associés à l’élaboration des mesures. La réalité de la décision ne sortira pas de ces tables rondes. Elles s’inscrivent dans une globalité de décisions que le gouvernement refuse de présenter. Et pour cause…

Pour le pouvoir, l’enjeu majeur c’est la réforme des retraites qui n’a d’autre but que de nous faire travailler plus longtemps pour diminuer les dépenses de retraite qui ne sont pas compatibles avec les objectifs affichés de réduction des dépenses publiques.

Voilà comment le gouvernement entend nous faire payer la facture : âge de départ à la retraite retardé, hausse de la durée de cotisation, nouvelles journées de solidarité…

 

Une réponse déterminée.

 

C’est pourquoi l'ensemble des organisations syndicales de retraités s’indigne de la méthode employée par le ministre qui est « en complète incohérence avec la gravité de la situation dans laquelle se situe le secteur du grand âge, d’une dimension inédite » pour reprendre les termes du communiqué de la FNADEPA (Fédération nationale des directeurs d’établissements et services pour personnes âgées).

 

C’est pourquoi les organisations soussignées ne sauraient tomber dans le piège de cette manipulation grossière qui, loin de traiter les problèmes, vise au contraire à nous faire les complices de mesures rétrogrades.

 

Elles appellent à un vrai débat qui se conclut par un vote au Parlement avec une programmation des engagements et des financements à hauteur des attentes et des besoins.

 

Elles appellent enfin l’ensemble des citoyen·nes, notamment retraité·es à porter leurs revendications, pour obtenir en particulier :

-           1 agent par résident dans les EHPAD,

-           la construction en nombre d’EHPAD publics pour faire face aux besoins liés au vieillissement de la population,

-           la création de 100 000 postes pour tous les services d’aide à domicile et une amélioration de leur rémunération, de leur formation et de leurs conditions de travail pour permettre une prise en charge répondant aux besoins,

-           la création d’un Service public de l’autonomie.