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06 / 03 / 2014 | 3 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ ou le « descenseur » social ?

De quoi parle-t-on lorsqu’on évoque une situation qui conduit à la régression professionnelle ? De situations qui indiquent aux salariés concernés qu’ils ne sont que les éléments d’un grand puzzle organisé par quelques personnes, généralement éloignées de l'opérationnel, en dehors de toute logique managériale, humaine voire juridique.

Dans le cas présent, Canal+ nous offre une nouvelle fois une illustration de ces phénomènes qui tendent à se multiplier et qui atteignent certains salariés sans même qu’ils en soient informés directement, qui découvrent par hasard ce qu’ils sont devenus au gré des envies ou des lubies passagères de responsables RH.
 

La grande dégringolade 

 
Juin 2013, avant l’été et ses farnientes, il fallait déposer ses congés. C’était en préparant cette période que certains salariés se sont aperçus qu’ils n’étaient plus ce qu’ils croyaient être. Des directeurs sont devennus responsables, des responsables requalifiés en chargés de, des chargés de sont devennus chefs et ainsi de suite jusqu’au plus bas de l’échelle, le tout à l’insu de chacune des personnes concernées…  

Étonnés, ces salariés ont pensé, imaginé un bug informatique, une erreur malencontreuse. Mais non, il ne s’agissait point d’une erreur mais d’une action volontaire d’une RH de pôle (en l’occurrence du pôle technique ici), qui avait décidé un beau jour de printemps qu’il y avait trop de directeurs dans son secteur d’activité. Dans ce cas, il suffisait simplement de les requalifier en responsables. Mais dans une organisation, avoir trop de chefs pose également des problèmes et c’est ainsi que de fil en aiguille, des salariés se sont retrouvés dégradés dans leur position et leur fonction professionnelles.
 
« C’est le pouvoir d’organisation de l’employeur », nous a-t-on répondu lorsque nous avons interpelé notre direction sur le sujet. Mais de quel pouvoir s’agit-il ?
 

Irrespect total

 
Le titre, le salaire et la fonction sont des éléments centraux du contrat de travail. Les modifier peut se justifier mais certainement pas sans l’accord et à l’insu du ou des salariés concernés comme dans le cas présent. Certainement pas sans la signature d’un avenant au contrat de travail…

Apparemment, à Canal+, en 2014, on peut s’affranchir allégrement de ces règles sociales. Dans l’irrespect total des salariés, certains décident ainsi du jour au lendemain de remettre en cause votre position, votre statut et vos responsabilités. Un non-sens juridique et social !   

Les conséquences de ces décisions abruptes et absurdes sont compréhensibles. Elles génèrent de la colère ou, pire, de la démotivation. Que veut-on faire passer comme message ? Que vous n’avez plus votre place et qu’il faut penser à partir ? Qu’à 40 ans, vous atteignez l’asymptote de vos compétences et que Canal+ va vous faire descendre tranquillement de l’échelle sociale pour vous permettre de vous recaser sur le marché du travail plus facilement ?
 

Un peu de reconnaissance 

 
Modifier ainsi les titres de dizaines de salarié influe également directement sur les organisations. Des organisations qui devront dès lors faire l’objet d’une présentation dans les instances représentatives du personnel, notamment au comité d’entreprise. Ainsi, en cachette, on peut décider de modifier ce qui constitue le fondement de la relation professionnelle et juridique du salarié avec son employeur : son contrat de travail.
 
Ainsi va la vie sociale de notre belle entreprise : une référence il y a 20 ans, aujourd’hui une dégénérescence qu’il s’agit d'arrêter si l’on veut remonter le moral des troupes et affronter vaillamment nos futurs concurrents qui frappent à la porte de la France pour nous tailler des croupières.
 
Les batailles futures se gagneront ensemble, mais la condition de cette réussite passe d’abord par le respect d’un certain nombre de règles sociales et parmi elles, la reconnaissance et la récompense pour des centaines de salariés qui se démènent dans des conditions chaque jour un peu plus difficiles pour atteindre des objetifs ambitieux
 
Charge de travail, organisation et maintenant atteinte aux fondements de la relation sociale, les sommets de l’inacceptable approchent à grands pas. Les 5 000 collaborateurs de Canal+ méritent mieux que de vivre au grè des humeurs de certaines RH de pôle.

Dorénavant, lorsque vous signerez un contrat de travail chez Canal+, nous vous conseillons fortement de déposer votre exemplaire en lieu sûr car vous pourriez être sujet à de drôles de pratiques.
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