Participatif
ACCÈS PUBLIC
25 / 11 / 2011 | 2 vues
Didier Cozin / Membre
Articles : 59
Inscrit(e) le 05 / 08 / 2010

35 heures dans les hôpitaux et DIF : la même logique d'un stockage explosif

Il y a 10 ans, la fonction publique a décidé de mettre en œuvre les 35 heures dans les hôpitaux. Il s’agissait sans doute d’un affichage politique et social car chacun savait que les établissements hospitaliers publics travaillaient à flux tendus depuis belle lurette et qu’ils ne pouvaient supporter la désorganisation entraînée par de nouvelles contraintes règlementaires.

Qu’ont inventé les gestionnaires et « décideurs » politiques de l’époque : le report à plus tard des échéances : les 35 heures se mettraient donc en place dans les hôpitaux mais via un compte épargne temps (CET) qu’il serait toujours temps de mettre en œuvre (vous pensez, on a 10 ans pour ce faire jusqu’en 2012).

Las, tout passe (surtout le temps) et les échéances finissent toujours par arriver.
Très logiquement, en cette fin 2011, les hôpitaux publics (mais de nombreuses autres fonctions publiques aussi) se retrouvent avec une bombe à retardement sociale, financière et organisationnelle prête à exploser.

Quels rapports avec la formation professionnelle tout au long de la vie ?

En 2003, tous les partenaires sociaux (avec une unanimité jamais atteinte depuis 1971 et la première loi sur la formation) ont décrété que la formation professionnelle devait être profondément réformée.

Devenue formation tout au long de la vie (puisque l’entrée dans la société de la connaissance et de l’information nécessite un entretien permanent des connaissances) les partenaires sociaux ont inventé un nouveau dispositif de formation censé rendre équitable la formation : le DIF (droit individuel à la formation).

Depuis le vote de la loi de mai 2004, chaque salarié français est donc doté d’un droit individuel à la formation (DIF) de 20 heures annuelles (20 heures très raisonnables quand on sait que Jean Boissonnat, Le travail et l'emploi, en France, à l'horizon 2015, estimait qu’il faudrait consacrer 10 % de son temps travaillé à se former au XXIème siècle).

La France s'est donc doté d’une loi innovante qui devait permettre à tous les salariés (y compris et surtout aux moins qualifiés) de se former régulièrement, d’apprendre tout au long de leur vie professionnelle.

Un peu comme dans les hôpitaux, on a décidé de verser les heures non utilisées pendant l’année sur un compte (le compteur DIF) qui durant 6 années (et pas 10 ans comme dans les hôpitaux) cumulerait les heures de formation des salariés français. En 2009, les partenaires sociaux puis le législateur ont décidé que ces heures de DIF deviendraient portables en cas de rupture professionnelle (ceci dans un souci de « sécurisation professionnelle »).

  • Durant sept ans il s’est produit le même phénomène que pour les 35 heures dans les hôpitaux : le monde du travail a stocké le « problème DIF » plutôt que de le traiter, prétextant une faible demande de formations (le DIF est un droit cumulatif et très peu lisible dans un premier temps) l’univers professionnel, tous secteurs et toutes dimensions confondues (grandes ou petites entreprises, secteur public comme secteur privé), a décidé de ne rien faire, de ne rien décider, de reporter aux calendes grecques les décisions indispensables pour le mettre en œuvre (dégager des budgets, des moyens humains pour organiser les formations, communiquer, favoriser les demandes de formations, dialoguer…).

Si dans les hôpitaux publics la note à payer sera présentée à la Sécurité sociale (qui n’avait pourtant aucune compétence pour mettre en œuvre les 35 heures dans les hôpitaux), la note en matière de formation tout au long de la vie sera présentée en 2012 à l’ensemble du monde professionnel.

Pas encore de commentaires