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22 / 02 / 2012 | 1 vue
Roman Bernier / Membre
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Ryanair promet des emplois et en détruit quelques uns au passage

Dans un bel exemple d'altruisme capitaliste, Ryanair était arrivé en Catalogne comme dans tant d'autres endroits en promettant le rêve du voyage facile à prix réduits et de manne touristique pour la région.

  • Selon la rêgle d'or (toujours brandie, jamais vérifiée) mise en avant par la compagnie, tous les 1 000 passagers débarqués se traduiraient par une création d'emploi sur place.

Derrière un calcul clairement improvisé et conçu pour servir le marketing de Ryanair auprès des autorités locales, se cache une réflexion économique qui n'est pas dénuée de sens : à un afflux touristique (donc de demandes) doit correspondre une augmentation de l'offre (donc des emplois locaux). Toutefois, Ryanair « omet » de mentionner un paramètre. Cette manne touristique n'est pas créée ex nihilo, elle est, en grande partie, issue des anciens clients d'autres compagnies volant sur la même destination et probablement aguichés par les prix planchers et les publicités « racoleuses » de la low-cost irlandaise.

À force, cela se traduit pour les concurrents par de graves manques à gagner, qui ménent bien vite à la faillite. La dernière en date en Espagne, c'est la très nationale Spanair. La compagnie catalane a mis la clef sous la porte, laissant ses passagers au sol et ses employés sur le carreau. De là à dire que c'est de la faute de Ryanair spécifiquement, voire des low-costs en général (Ryanair n'est pas la seule à voler dans le ciel catalan), il y a un gouffre. Au contraire, vu de loin, il s'agit d'un simple effet d'une mécanique capitaliste où le plus fort survit et prospère et le plus faible fait banqueroute.

Politesse et diplomatie 

D'autant que ce n'est pas la disparition de Spanair qui va endiguer le flux de touristes dans cette région de l'Espagne. Il reste à espérer que les créations d'emplois promises seront au rendez-vous parce que les ex-employés de Spanair ne semblent pas prêts à signer chez Ryanair. Après que le PDG de celle-ci leur a longuement expliqué que la faillite de Spanair était « une tragédie inévitable », il leur a proposé de postuler chez lui. Peu attiré par la perspective d'un emploi sans sécurité, régi par le code du travail irlandais et rémunéré (au lance-pierre) sur un compte à Gibraltar, les ex-employés de Spanair ont snobé Michael O'Leary. Pas désarçonné, l'irrévérencieux patron a annoncé, lors d'une conférence de presse à Barcelone (devant un parterre d'anciens de Spanair), qu'ils allaient avoir le temps de voyager à bas prix grâce à Ryanair.

  • Il va sans dire que l'ironie subtile de cette annonce n'a pas totalement échappé aux nouveaux chômeurs et Michael O'Leary est sorti de la salle en vitesse, escorté d'un cortège de policiers.

Si la disparition de Spanair est l’illustration d’un mécanisme hyper-capitaliste très standard, il n’en demeure pas moins qu’elle entraîne un appauvrissement du nombre de compagnies présentes dans le ciel catalan. Ceci a des conséquences directes pour les autorités locales et les gestionnaires d’aéroports, et quand on sait l’appétit de certaines low-costs pour les subventions, il y a fort à parier que ce n’est que le début des ennuis pour les aéroports et les contribuables catalans.

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