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23 / 03 / 2021 | 113 vues
Frédéric Homez / Abonné
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Trahison de PSA à Douvrin

La nouvelle est tombée comme un couperet sur les métallos de Douvrin fin février : le moteur qui leur était promis sera finalement fabriqué en Hongrie, avec pour conséquence un risque considérable pour la survie de leur site. Un procédé inacceptable...

 

L’encre de la signature de l’accord donnant naissance à Stellantis est à peine sèche que les craintes de notre organisation semblent déjà se confirmer. Le 25 février, les salariés du site de Douvrin, dans le Pas-de-Calais (ex-Française de Mécanique) ont appris avec stupeur que le futur moteur à essence de nouvelle génération EP GEN III, qui devait leur être confié et devait pallier la fin de la fabrication de moteur diesel en 2022, serait finalement confié à l’usine Opel de Szengotthard en Hongrie.

 

Ne resterait plus à Douvrin qu’un petit 3 cylindres essence/hybride, lui aussi en sursis, et la promesse que la nouvelle usine ACC (le fameux Airbus des batteries), qui va partiellement s'implanter sur le site de Douvrin, compensera la saignée. Car la conception de ces moteurs de nouvelle génération devait assurer du travail à 300 salariés et, avec la fin du diesel, près de 800 postes devraient finalement être touchés.

 

De l’avis général, c’est la survie même du site qui est en jeu. Pour les salariés, le coup est d’autant plus rude qu’on leur avait promis qu’ils produiraient le moteur de nouvelle génération en échange de sacrifices, auxquels ils ont consenti.


Comme le souligne Fabrice Maciolek, secrétaire du syndicat FO, « nous avons fait des efforts, signé les accords, les salariés n’ont pas d’augmentation pendant trois ans et tout ça avec la promesse d’avoir le moteur EP Euro 7 grâce à ces efforts. C’est une véritable trahison ! ».

 

Pour notre organisation, alors que l’heure est au plan de relance, le constat est amer :

  • l’intérêt financier prévaut encore et toujours sur la logique industrielle et l’emploi et le groupe délocalise alors que la direction clamait à toute force que la mise sur orbite de Stellantis ne se traduirait pas par des fermetures d’usine ;
  • depuis l’annonce du projet Stellantis, notre syndicat demande que la direction nous informe sur la politique industrielle qu’elle compte déployer concernant la production de nos moteurs thermiques et leurs éléments associés, dans les années à venir...

 

Le futur incertain de cette technologie dans certains pays, les récentes décisions politiques européennes concernant la réduction des gaz à effet de serre et les synergies envisagées par Stellantis nous laissent songeurs sur les engagements qui ont été pris lors des comités paritaires stratégiques des années passées. Les questions concernant l'avenir des sites de direction des mécaniques et brut (DMB) français sont nombreuses et sans réponse.

 

  • Plus largement, un autre motif d’indigestion est le choix de la Hongrie de Viktor Orban, un pays où les menées autoritaires vont de pair avec des réformes excessivement libérales. En 2018 les Hongrois avaient foulé le pavé contre une loi aux relents esclavagistes, permettant à un employeur de demander à ses salariés jusqu’à 400 heures supplémentaires par an, soit deux mois de travail, payables trois ans plus tard.

 

Enfin, il faut aussi rappeler que le groupe PSA a encaissé des subventions publiques conséquentes et s’apprête à verser 2,2 milliards d’euros à ses actionnaires sous forme d’action plus un bonus de 300 millions d’euros… Le plan de relance de l’automobile doit porter ses fruits et la direction centrale de Stellantis doit s’engager et apporter des réponses à nos délégués.

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