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21 / 01 / 2020 | 163 vues
Laurent Grandguillaume / Membre
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« Territoires zéro chômeur de longue durée » : zoom dans la zone habilitée de Thiers et sur le projet émergent de Compiègne

L’insertion par l’activité économique et le projet « territoires zéro chômeur de longue durée » présentent des logiques complémentaires pour la suppression de la privation d’emploi. Zoom dans la zone habilitée de Thiers et sur le projet émergent de Compiègne.

« Nous avons l’expérience de l’accompagnement des personnes en difficulté, la complémentarité entre l’IAE et TZCLD nous a tout de suite semblé évidente », explique François Frenois, membre de l’équipe du projet TZCLD de Compiègne (Oise) portée par Partage Travail, association intermédiaire (AI) basée dans cette zone. Si des différences existent entre l’IAE et le projet TZCLD, les deux logiques s’avèrent très complémentaires. Un plaidoyer commun a ainsi été produit par les réseaux de l’IAE partenaires [1] et l’association TZCLD.
 

« Nous avons appris à travailler en bonne intelligence ».
 

Dans la zone habilitée de Thiers (Puy-de-Dôme), les structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE) sont impliquées depuis les prémisses du projet : « c’est fondamental si l’on veut au maximum éviter les sources d’incompréhension du public, les activités, les partenariats… », souligne Boris Surjon, vice-président du comité local pour l’emploi (CLE) de Thiers. « Il y a eu des peurs de la part des SIAE mais, aujourd’hui, chacun a trouvé sa place, nous avons appris à travailler en bonne intelligence. Nous nous répartissons le travail à faire, nous articulons les parcours des gens et les SIAE n’ont pas vu leurs financements diminuer, au contraire », remarque Joëlle Chelle, directrice d'Inserfac chantier, SIAE thiernoise. « Le dialogue est fondamental pour avancer », note Boris Surjon : toutes les SIAE de la zone de Thiers font partie du CLE et une commission « parcours » se réunit tous les deux ou trois mois. À Compiègne, les appréhensions se muent généralement « en curiosité quand les SIAE voient que nous sommes l’une des leurs et que nous leur présentons l’expérimentation comme une opportunité pour elles », selon Vincent Cacheur, chef de projet. « Nous devons évoluer et de cette collaboration peut naître quelque chose d’efficace et de constructif », martèle Alain Chapelon, président d’Inserfac.
 

Apporter une réponse de plus aux chômeurs
 

« Nous avions la volonté de davantage développer l’implication des salariés en insertion et nous avons vu TZCLD comme un projet moteur pour cela dans la mesure où son approche part des gens pour les mobiliser. De plus, avec notre AI, nous touchons 200 à 300 personnes par an dans la zone. Or, il y a 600 personnes au chômage. L’expérimentation TZCLD nous permet d’élargir le champ des possibles. », explique François Frenois. Dans de nombreuses zones, la création d’emplois est insuffisante pour répondre aux besoins de la population, ce qui prive les gens sortant de l’IAE d’un emploi dans le secteur « classique ». À Thiers, le CLE organise des animations hebdomadaires avec les chômeurs, les entreprises à but d’emploi (EBE) et les SIAE. « Les SIAE nous aident à trouver des solutions alternatives ou intermédiaires pour les gens cherchant un recrutement par les EBE de la zone », explique Boris Surjon.
 

Multiplier les activités utiles au territoire
 

« Les EBE ne doivent pas enlever un centime aux SIAE », insiste Boris Surjon. « Les co-présidents du CLE sont le maire de Thiers et le président de la communauté de communes Thiers, Dore et Montagne, ils sont donc vigilants à la fois à la garantie de financements des SIAE et au partage des activités. Lorsqu’un chantier est proposé par la mairie, en matière d’espaces verts par exemple, une réunion est organisée pour se répartir les tâches, la mairie arbitre selon les compétences et les savoir-faire de chaque structure ». À Thiers, les trois SIAE implantées dans la zone sont même adhérentes à l’EBE Actypoles, qui a un statut de société coopérative d’intérêt collectif.
 

À Thiers, Inserfac chantier et Inserfac EBE
 

La deuxième EBE du territoire est d’ailleurs portée par Inserfac. Une association (Inserfac EBE) a été créée courant 2019 et habilitée en tant qu'EBE dans la foulée. Ouverte le 24 octobre dernier, elle employait 14 salariés à la mi-décembre. « Nous sommes une association structurée avec une capacité d’ingénierie. À Thiers, avec Inserfac EBE nous avons dupliqué, des activités développées par Inserfac chantier dans d'autres zones. Les salariés de l’EBE sont ainsi formés par Inserfac chantier. Nous avons également les compétences en matière d’organisation : aujourd’hui, la direction, la paye et la comptabilité sont assurées par des salariés du chantier mais le but est de progressivement déléguer aux salariés de l’EBE après les avoir formés », explique Joëlle Chelle. Mutualisation des moyens, achats groupés, réponse conjointe à des appels à projets… « Nous fonctionnons selon une logique de groupe. Nous allons dans le même sens, même s’il est nécessaire, en tant qu’acteurs de l’IAE, de s’acclimater au projet TZCLD », poursuit-elle. À Compiègne, « la porosité entre les actions et les gens [entre la SIAE et l’équipe projet TZCLD] est le cœur nucléaire du projet », précise Xavier Bombard, bénévole de l’équipe projet et trésorier de Partage Travail 60, à commencer par l’équipe de projet qui est salariée par l’AI. « Nous souhaitons ardemment une seconde loi, il faut élargir cette expérimentation et poursuivre cette recherche et développement de façon mutualisée avec l’insertion », conclut Alain Chapelon, président d’Inserfac.

 

[1] Emmaüs France, la Fédération des acteurs de la solidarité, COORACE et le Réseau Cocagne.

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