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28 / 02 / 2020 | 470 vues
Laurent Smolnik / Membre
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Plan d'économies chez Renault : ce n’est pas comme si la santé du groupe s’était dégradée en quelques jours...

À l’issue de l’exercice 2019, les salariés ont eu la confirmation qu’ils obtiendront un intéressement, bien qu’en baisse. Nouvelle positive de courte durée puisque, lors de la conférence de presse du 14 février, la direction de Renault a annoncé un vaste plan d'économies visant à réduire ses coûts structurels de 20 % (deux milliards d'euros) ces trois prochaines années et a surtout fait savoir « sans tabou » ne pas exclure des fermetures d'usines.


Dès mi-octobre dernier, à l’annonce de la révision de ses objectifs annuels, « le « free cash-flow » opérationnel de l’automobile devrait être positif au second semestre mais sans garantir qu’il le sera pour l’année », signataire de l’accord d’intéressement, notre organisation syndicale a interpellé la direction sur le risque que l’absence d’intéressement conditionné par un « free cash-flow » positif aurait un effet considérable sur le moral des salariés et leur confiance en l’avenir du groupe.


Vendredi 14 février 2020, Renault a annoncé ses résultats financiers avec un « free cash-flow » positif (153 millions d’euros en 2019, contre 607 millions d’euros en 2018). Les salariés bénéficieront donc d’un intéressement en 2020 au titre des résultats 2019.


Soulagement éphémère puisque les chiffres annoncés à l’occasion de la conférence de presse sur les résultats financiers de Renault ont révélé une réalité amère pour l’entreprise avec un volume de ventes en recul de 3,4 %, chiffre d’affaires en repli de 3,3 % à 55,537 millions d’euros, MOP à 4,8 %. Résultat net à 19 millions d’euros, contre 3 451 millions d’euros en 2018.
 

Ce n’est pas comme si la santé du groupe s’était dégradée en quelques jours. Notre syndicat avait déjà dénoncé des choix stratégiques de la direction ayant contribué à aggraver la fragilité de l’entreprise. L’accumulation de jours de chômage partiel dans les usines en 2019 est un signe que l’on ne peut ignorer. Il faut regarder la réalité en face et les résultats financiers en sont la preuve.


À travers les propos de Clotilde Delbos (directrice générale par intérim) selon lesquels « nous n’avons aucun tabou et nous n’excluons rien…», la direction a suscité l’inquiétude pour les 38 000 salariés en France. Devant ces déclarations, la transparence est plus que jamais nécessaire. C’est pourquoi, nous avons déjà demandé une rencontre avec la direction générale.


Devant la réalité économique, la direction ne peut se voiler la face et doit garantir la pérennité de l’entreprise dans un secteur en pleine mutation. Pour nous, il est clair que les trois prochaines années seront déterminantes. Nous avons bien  conscience que le secteur automobile doit et peut résoudre une équation difficile avec des enjeux colossaux : maintenir les équilibres en prenant les objectifs environnementaux, la conception et la fabrication de nos véhicules et la préservation de l’emploi en compte. L’alliance avec nos partenaires Nissan et Mitsubishi reste une chance réelle de faire réussir le groupe Renault dans une transformation historique et sociétale.


L’automobile est au cœur de transformations historiques. Elle fait face à des défis qui nécessitent d’aménager des mutations structurelles. Mais pour nous, cela doit se faire avec plus de justice et de cohésion sociale. Nous devons renforcer notre capacité d’agir. La seule question qui vaille est de prendre la réalité en compte et de proposer des solutions pour le maintien des sites en France et garantir nos emplois d’aujourd’hui et de demain.

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