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06 / 04 / 2020 | 82 vues
Frédéric Homez / Abonné
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Mondialisation à repenser pour relocaliser : anticiper le redémarrage de l’industrie

Au-delà des drames humains considérables qu’elle engendre, la crise sanitaire actuelle a et aura des conséquences majeures sur l’économie et sur l’industrie. Si la protection des salariés demeure la plus grande priorité, il faut déjà anticiper l’après-coronavirus et le redémarrage de l’industrie.
 

Face à cette crise qui frappe notre pays, les partenaires sociaux de la branche de la métallurgie ont estimé nécessaire de rédiger une déclaration commune, suite à plusieurs audioconférences.
 

Depuis les différentes annonces (parfois incompréhensibles et contradictoires) du Président de la République et de son gouvernement, nous sommes confrontés à des situations très variées suivant les entreprises. En effet, comment s’entendre dire qu'il faut rester chez soi mais aussi aller travailler ?
 

Notre fédération vient de publier un dossier spécial qui fait le point sur la situation dans notre secteur.
 

Une mondialisation à repenser
 

La forte imbrication des économies nationales au sein de ce que l’on appelle la mondialisation a des effets négatifs que notre organisation pointe et dénonce depuis longtemps. La crise du coronavirus en offre de nouvelles illustrations.
 

L’absence de coordination entre les États (notamment au niveau européen) sur les mesures sanitaires et la fermeture des frontières a joué une part non négligeable dans la propagation du virus. Sur le plan économique, les liens inextricables du tissu industriel mondial montrent à présent les dangers d’une trop grande internationalisation de la production.
 

Si souvent citée en exemple, l'Allemagne pâtit ainsi de son extrême dépendance au commerce international. L’arrêt de l'économie chinoise (dont dépend l'industrie allemande pour ses débouchés et son approvisionnement) s’avère dramatique outre-Rhin. Déjà durement éprouvés par la guerre commerciale, le Brexit et les nouvelles normes dans l'automobile, les industriels allemands craignent la « plus longue récession » du secteur manufacturier « depuis la réunification ». En Chine, les indicateurs dévoilés le 16 mars révèlent une situation bien pire que prévu. Pour la première fois en trente ans, l’industrie chute lourdement, avec un repli de 13,5 % sur un an (contre +6,9 % en décembre). Les ventes au détail, elles, se sont totalement effondrées.

 

Envisager des relocalisations
 

Outre les problèmes sanitaires, plusieurs sites de production à travers le monde rencontrent des difficultés d'approvisionnement en pièces détachées. À force de délocaliser et d’externaliser, l’interdépendance économique a atteint des sommets et la défaillance d’un seul maillon de la chaîne met l’ensemble des acteurs à l’arrêt, faisant courir le risque d’une crise économique mondiale.
 

Un exemple pourrait être risible s’il n’était pas aussi tragique : celui des masques de protection. Avec la « nouvelle doctrine » du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) en 2013, le stock de masques FFP2 (alors de 600 millions d’unités) n’a plus été renouvelé. La France s'en est remise aux capacités industrielles de la Chine, essentiellement situées dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie actuelle.

Une fois cette crise terminée, il faudrait se pencher sur une nouvelle mondialisation dans laquelle l’humain doit l’emporter sur le monde de la finance et, pourquoi pas, envisager des relocalisations de production industrielle sur notre territoire, comme notre organisation syndicale ne cesse de le revendiquer depuis des années.

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