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Manifester, c’est refuser l’injustice, c’est refuser l’inaction
Partout en Europe, pendant que les rues grondent, les pouvoirs serrent la vis. Alors que les crises s’accumulent — sociales, climatiques, démocratiques — le droit de manifester, pourtant pilier de nos libertés collectives, vacille. Ce qui devrait être un espace d’expression populaire devient un terrain de surveillance, de stigmatisation et de répression. Au nom d’un discours sécuritaire toujours plus autoritaire, les États criminalisent la contestation, délégitiment la colère et cherchent à dissuader la mobilisation¹.
Les discours politiques alimentent ce climat. En qualifiant les manifestant·es d’« extrémistes », de « fauteurs de troubles » ou de « terroristes », les dirigeant·e·s transforment la critique sociale en menace à l’ordre public. Cette rhétorique de la peur ouvre la voie à des lois toujours plus restrictives.
La Belgique n’est pas épargnée. Récemment, le ministre fédéral de la Défense, Théo Francken appelait à l’usage de balles en caoutchouc contre des manifestant·es qu’il qualifiait « d’antifas d’extrême gauche »².
Pourtant, comme le rappelle Amnesty International, l’usage de ce type d’armes n’est pas sans conséquences : dizaines de morts dans le monde, traumatismes crâniens, lésions internes et hémorragies…³.
Dans le même temps, le nouveau Code pénal, attendu pour 2026, prévoit d’introduire le délit d’« atteinte méchante à l’autorité de l’État » — une disposition dénoncée pour son flou et son potentiel arbitraire par l’Institut fédéral des droits humains (IFDH) et la coalition « droit de protester » (dont sont membres les trois syndicats - FGTB, CSC, CGSLB -, Greenpeace, ou encore Amnesty International Belgique)⁴.
Pourtant, l’histoire l’a prouvé : de nombreuses avancées sociales et démocratiques sont nées dans la rue — droit de vote, droits des femmes, éducation pour toutes.
Manifester, c’est refuser l’injustice, c’est refuser l’inaction. À l’approche de l’« appel de novembre »⁵ des syndicats, il faut se rappeler que si les voix citoyennes dérangent, c’est qu’elles portent. Si les marches inquiètent, c’est qu’elles progressent. Quand le pouvoir redoute la contestation, c’est souvent qu’elle fait mouche. Alors une seule solution… la manifestation !
¹https://www.amnesty.be/campagne/droit-protester/europe-manifestations-restrictions
²https://www.lesoir.be/704985/article/2025-10-15/francken-plaide-pour-lusage-de-balles-en-caoutchouc-apres-les-heurts-en-marge-de
³https://www.lesoir.be/704985/article/2025-10-15/francken-plaide-pour-lusage-de-balles-en-caoutchouc-apres-les-heurts-en-marge-de
⁴https://www.amnesty.be/infos/blogs/blog-paroles-chercfedeeurs-defenseurs-victimes/article/droit-protester-menace-belgique
⁵https://www.rtbf.be/article/les-syndicats-lancent-un-appel-de-novembre-trois-jours-de-greve-les-24-25-et-26-novembre-11619778
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