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07 / 07 / 2020 | 54 vues
Etienne Dhuit / Membre
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La défense des services publics : un intérêt national et de classe

La santé et, plus globalement, le social faisaient partie des grandes réformes post-Seconde Guerre Mondiale, actes de naissance des services publics « à la française ». Aujourd'hui, l'hôpital est en déliquescence totale et le gouvernement face à un choix : l'économie ou le social (voire les deux) ?

 

Face à la convention citoyenne pour le climat, lundi 29 juin, Emmanuel Macron l'a dit : s'il est difficile, voire peu souhaitable, de mettre au pas et davantage encadrer l'économie privée (les investissements, les rémunérations d'actionnaires etc.), le volet social ne doit pas être oublié. Surtout pas après la crise du coronavirus, lors de laquelle de nombreuses revendications pour une économie plus raisonnée et humaniste ont éclos. Tirant les leçons du covid-19 et de la belle percée des Verts aux élections municipales –(et souhaitant peut-être faire oublier que La République en Marche s'est associée à des listes de droite pour faire émerger des « fronts anti-écolo »), le Président de la République s'est visiblement dit prêt à inscrire la France dans une « révolution » verte et sociale, moins axée sur le « tout-à-l'économie » en somme, que beaucoup appellent de leurs vœux.

 

Celle-ci ne se fera pas en un claquement de doigts ni sans heurts politiques. En attendant, la société (vu les 149 propositions faites par la convention citoyenne pour le climat et les manifestations qui émaillent la France depuis quelques semaines) a à maintes reprises exprimé son désir de changement. Respecter cette voix puissante et engager les réformes sociales et environnementales nécessaires ne serait, en fin de compte, que faire valoir la règle du jeu démocratique ; ce serait obéir à ce rapport de forces nécessaire duquel toutes les avancées économiques et sociales découlent dans l'Hexagone, au moins depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

 

À l'époque, le lien entre les domaines économique et social (rappelé par Emmanuel Macron dans son discours notamment) était primordial : l'économie française ne pourrait repartir, disait-on alors après six années de guerre, sans que la question sociale et, au-delà, humaine ne soit abordée. C'était le temps du Conseil national de la résistance (CNR), grande expérience de démocratie (alors que le pays était encore occupé par les Allemands) lors de laquelle un vaste programme socioéconomique, finalement adopté en mars 1944 à l'issue de plusieurs mois d'échanges, avait été discuté. À l'arrivée, entre autres, les activités économiques essentielles pour le développement du pays ont été nationalisées et un système de Sécurité sociale (que beaucoup nous envient) mis en place.

 

Le passage des industries gazière et électrique sous le giron national, en 1946, illustre parfaitement la volonté de mettre les ressources (énergétiques ici) du pays en commun pour le profit du plus grand nombre. La création d'EDF-GDF, résument certains, c'est une voix (re)donnée au peuple, la démocratisation de l'énergie et, plus globalement, une avancée sociale ultime. « Le service public nationalisé peut permettre d'aller vers une nouvelle civilisation de partages qui soit celle de toute l'humanité », écrivait François Duteil, président de l'Institut d'histoire sociale CGT mines-énergie, en préface d'un ouvrage de René Gaudy sur la nationalisation du secteur de l'énergie en France, en 1978.

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