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28 / 11 / 2019 | 126 vues
Cathy Simon / Membre
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Intérim, l’un des grands enjeux syndicaux de demain

Une intense campagne électorale se déroule actuellement dans le secteur de l’intérim qui représente aujourd’hui pas moins de trois millions de salariés. Il poursuit ainsi sa lente et durable "progression" et touche de plus en plus de sphères professionnelles, dont certaines n’avaient jusqu’à lors que très peu recourt aux salariés intérimaires (comme au sein de la sécurité sociale par exemple).
 

Or, le secteur de l’intérim est, au regard, de son importance numérique et spatiale, encore trop peu organisé faute notamment de relais suffisamment consistants entre les délégués des entreprises d’intérim et les délégués des entreprises clientes.
 

Ce sera, d’un point de vue syndical, l’un des enjeux prioritaires de demain que celui de permettre une plus franche collaboration entre les délégués.

 

Il est, en effet, nécessaire de rappeler que nous sommes tous concernés et de ce point de vue : organiser le secteur de l’intérim, c’est renforcer non seulement les droits des salariés qui y travaillent mais c’est aussi limiter le chantage, la concurrence entre les salariés et donc la course au moins disant social au sein des entreprises clientes qui en découlent trop souvent. nous le savons, les frontières entre les différents statuts (juridiquement et au sens large), conditions et formes d’emplois ne cessent de devenir plus poreuses, et nous savons également qu’au sein du patronat et de leurs relais gouvernementaux beaucoup rêvent d’un statut "unique", interchangeable et précaire (dans les domaines où naturellement la "fidélité" à son entreprise n’est pas requise !) : demain !

 

Devenons tous intérimaires ou "autoentrepreneurs", expriment-ils de plus en plus ouvertement : le devenir ou la transformation de la grande masse de salariés en "intérimaires" et en autoentrepreneurs représentent l’avenir radieux de biens des dirigeants, et ce, même si personne n’est dupe de la supercherie.

 

Nous évoquions les difficultés qui s’accroissent aujourd’hui en matière électorale et, sous couvert de dialogue social et démocratie sociale, l’extrême difficulté qu’il y a à constituer un véritable rapport de force syndical au sein des entreprises concernées. or, ce sont ceux-là mêmes qui ont le plus besoin de protection qui en sont, généralement, le plus cruellement dépourvus.

 

Le paradoxe n’est pas nouveau, il est inhérent d’une certaine façon à l’histoire du droit du travail : ce sont les lieux où peut s’instaurer, in fine, un rapport de force qu’une création de droits à la faveur des salariés soit possible. or, lorsque ce rapport de force ne peut pas s’instaurer (ou très difficilement), c’est tout un pan de travailleurs qui est laissé à la merci des employeurs, qu’ils soient directs ou indirects, et donc sans protection juridique durable et véritable !

 

D’énormes béances existent aujourd’hui lorsqu’il s’agit d’appliquer le droit du travail dans le secteur de l’intérim. Ainsi, lorsque nos camarades participent à des sessions de formation juridique, beaucoup reviennent en nous disant que les spécialistes du droit social qui animaient leurs sessions n’ont pas su répondre à nombre de leurs questions. La faute ne revient évidemment pas aux enseignants euxmêmes, mais au fait que la particularité même de l’intérim est de pouvoir échapper à un certain nombre de lois et de règles qui régissent aujourd’hui le code du travail !

 

Ajouter à cela, le fort désintérêt, qui confine parfois au mépris, que beaucoup partage à l’égard du monde de l’intérim.
 

Le secteur de l’intérim serait donc la voie bis, parallèle, qui permet à un grand nombre d’entreprises de se soustraire précisément au droit du travail. Plus encore, il permet au droit du travail lui-même d’exister ! comme si toute avancée pour les uns devait se payer d’un lourd tribut pour les autres !

 

Rappelons-nous le mot de Freud lorsqu’il parle de la condition de l’union entre les hommes : "il est toujours possible d’unir les uns aux autres par les liens de l’amour une plus grande masse d’hommes à la seule condition qu’il en reste d’autres, en dehors d’elle, pour recevoir les coups…".

 

Trop souvent, c’est bien de cela dont il s’agit, en dépit des efforts qui ont été faits en faveur des intérimaires. Rappelons, à cet égard, que ces droits ne sont toutefois pas négligeables, mais les salariés ne s’en saisissent pas comme ils le devraient, et ce, souvent par méconnaissance. c’est pourquoi l’enjeu de la syndicalisation est primordial. c’est pourquoi il est plus que nécessaire de continuer à l’organiser.

 

L’enjeu pour la représentativité de l’ensemble des salariés n’est plus à démontrer, il est seulement à consolider beaucoup plus franchement : à cette fin, il est impératif de trouver des candidats, mais la chose est loin d’être aisée car beaucoup d’intérimaires craignent d’être stigmatisés ou de perdre toutes chances d’être embauchés en CDi par l’entreprise cliente s’ils sont amenés à se présenter sur une liste syndicale.

 

Il est évidemment (souvent) souhaitable qu’un salarié intérimaire obtienne à l’issue de sa mission un CDi dans son entreprise cliente, mais cette embauche est loin d’être automatique.
 

Ainsi, la première grande difficulté est de trouver des candidats, ensuite c’est celle de faire voter les salariés intérimaires, car à ce jour il n’y a que 2 ou 3% de votants.

 

L’enjeu syndical, encore une fois, est donc immense, il est aussi une chance pour notre implantation car les salariés intérimaires sont présents partout, dans l’ensemble des entreprises et potentiellement dans tous secteurs confondus, il peut donc fournir un maillage à la fois territorial et professionnel tout à fait extraordinaire

 

Et pour cela nous avons besoin de l’effort de tous : délégués des sociétés d’intérim et  délégués des entreprises clientes doivent unir leurs forces afin de dépasser les clivages mortifères qui se répandent toujours plus entre groupes de travailleurs qui finissent par affaiblir tout le monde.

 

Retrouver une force syndicale, c’est retrouver une fraternité entre tous les travailleurs, et cet objectif a toujours fait partie de la vocation fondamentale de notre organisation syndicale !

 

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