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04 / 02 / 2020 | 59 vues
RP PLUS2SENS / Membre
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Intégrer un handicapé psychique en entreprise : une démarche facile et à forte valeur ajoutée

Avoir la reconnaissance de travailleur handicapé, c’est avoir une reconnaissance de travail. Les handicapés psychiques peuvent travailler et ils travailleront encore mieux si on leur donne les conditions qui leur conviennent pour le faire. On s’interroge souvent sur la « bonne » façon d’intégrer des handicapés  psychiques mais c’est un non-sujet même si la démarche est honorable. Elle pêche par excès de bienveillance.

 

Souvent inquiets, les employeurs cherchent à mettre des systèmes d’accompagnement en œuvre envers le public qu’ils accueillent et cela ne fonctionne pas car nous tombons dans du « cocoonage » et de la surprotection. Ainsi, nous n’avançons plus car l'intéressé se sent isolé du groupe, donc mal intégré. Il ne faut pas le stigmatiser, le traiter différemment ou le ménager, même si cela part d’un bon sentiment. Au contraire, le management doit être égalitaire, bien qu’individualisé.

 

Certes, le management n’est pas tout à fait le même ; on ne peut pas prétendre qu’il n’y a pas de handicap quand il y en a un. Il existe une RQTH, une reconnaissance officielle admettant que certaines conditions de travail sont nécessaires pour le bon épanouissement du travailleur. Il est important de le prendre en compte car il s’agit d’une réalité mais ce qu’il faut comprendre est que cela n’empêche pas de travailler et que les conditions de réussite tiennent plus de l’attention envers autrui, de l’écoute ou de l’observation que de l’aménagement logistique.
 

Finalement, ce qui caractérise le handicap psychique est le manque de confiance en soi. Par conséquent, l’adaptation que l’entreprise doit proposer relève davantage de l’ordre du relationnel et de l’humain.
 

L'handicapé psychique, un vrai plus pour l’entreprise...
 

Il y a encore peu de temps, le mot « handicap » avait une connotation négative ; c’était « les autres », on naissait avec, c’était tout sauf nous. Aujourd’hui, la notion de « handicap psychique » s’est élargie et n’est plus uniquement connotée « psychiatrie ». Le handicap psychique est mieux appréhendé, on comprend que cela relève d’événements de la vie quotidienne (un deuil, un divorce, une reconversion professionnelle mal vécue, un chômage de longue durée, des réfugiés politiques...) et que surtout le potentiel intellectuel des intéressés n’est pas altéré. Les handicapés psychiques peuvent travailler. Justement,  trouver du travail et se remettre au travail signifie dépasser ce handicap et se rétablir peu à peu.

 

Le handicap psychique se soigne par le cumul d’expériences positives. Progressivement, l'intéressé se rend compte qu’il est capable. Au début, le travailleur manque de confiance en lui et n’a de fait pas assez de recul pour reconnaître ses réussites. Il a besoin d’un tiers pour lui souligner ses aptitudes. Au fur et à mesure, le travailleur se convainc lui-même puis il a moins besoin d’être accompagné. C’est alors que le rétablissement opère. Il comprend aussi qu’il n’a pas été recruté pour sa différence mais bel et bien pour un poste et pour ses compétences.

 

Le rétablissement opère aussi à un autre niveau en entreprise, assez inattendu mais bien réel : la cohésion sociale. On remarque souvent à quel point une intégration peut créer l’apaisement au sein de l’entreprise, surtout dans un climat de tensions. Pourquoi ? Sûrement parce que cela place les collaborateurs dans une réalité qui n’est pas la leur et face à des travailleurs qui doivent redoubler d’efforts. Chacun relativise ses petits tracas, est plus attentif à ses collègues, se rend compte qu’il n’est pas si mal dans l’entreprise et qu'il peut-être a des facilités dans la réalisation de ses missions...

 

Il ne faut pas oublier que le handicap psychique est un handicap invisible. L’équipe voit souvent arriver une nouvelle recrue, ne comprend pas ce qu’elle a, il n’y a pas de fauteuil, ni de canne. On s’interroge et on spécule sur son handicap. Puis on s’aperçoit que l'intéressé ne se résume pas à sa différence ; il est plus motivé et volontaire que la moyenne. Il est prêt à faire plus d’efforts. Pourtant, il lui en coûte et il peut avoir des phases de repli sur lui-même. On entend alors des phrases comme : « C’est un bon collègue » ou « Il fait bien son travail ». Le temps passe et l'intéressé s’intègre et s’adapte. Cela montre aussi aux autres que la vie n’est pas toujours simple, quand on voit un proche faire des efforts, on positive davantage.

Alors, pour efficacement intégrer un handicapé psychique en entreprise, il n’y a pas besoin d’aménagement (technique ou logistique), c’est du temps, de la patience et de la confiance qu’il faut être prêt à consentir et à donner. L'intéressé fera le reste.
 

  • Une tribune libre de Catherine Gonzalez (conseillère d’insertion chez Messidor) et Philippe Muscat (directeur du restaurant interadministratif de Lyon).

Catherine Gonzalez_Philippe Muscat

 

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