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10 / 10 / 2025 | 11 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Economie de la donnée et partage de la valeur

L'IRES (L’Institut de recherches économiques et sociales)  (*) vient de publier deux études sur la digitalisation des réseaux électriques et de la grande distribution (**) réalisées par  Sterenn Lebayle, économiste, actuellement doctorante au CEPN (Centre d’économie de l’université Paris 13) sous la responsabilité scientifique de Laurent Baronian, enseignant-chercheur au CEPN pour  le Laboratoire Analyse des Crises et Transitions, l'Université Sorbonne Paris-Nord et la CFDT

 

Ce rapport s’intéresse à la valorisation des données numériques, abordée sous l’angle de la transformation des processus de production dans des entreprises extérieures au secteur numérique. Cette valorisation comporte une double-dimension : elle repose d’une part sur l’usage direct des données pour améliorer la productivité, d’autre part sur le fait que les données constituent un intrant essentiel pour développer de nouvelles solutions numériques.

 

Leur collecte permet ainsi à certaines entreprises de déplacer leur coeur de métier vers « l’amont numérique », un mouvement particulièrement stratégique dans les secteurs où le numérique est amené à jouer un rôle important.

 

Les gains de productivité dégagés au niveau de la production entraînent en effet une redistribution de la valeur, d’autant plus importante qu’ils sont eux-mêmes importants, au détriment des activités ciblées par ces transformations et au bénéfice des producteurs de l’innovation numérique.


Deux études de cas, menées dans les secteurs de la gestion des réseaux électriques et de la grande distribution, permettent d’illustrer ces dynamiques dans un secteur de pointe et un secteur de traîne technologique.

 

La comparaison de ces deux secteurs rend compte des stratégies contrastées vis-à-vis des données suivant le rôle que le numérique est appelé à jouer dans chaque secteur.

 

Ainsi dans le secteur électrique où les données sont d’emblée identifiées comme un élément essentiel dans les stratégies de maîtrise des coûts, leur collecte fait l’objet d’une stratégie proactive et les investissements dans la digitalisation du réseau dépassent largement les gains immédiatement attendus de l’automatisation du travail. Inversement, les données sont amenées à jouer un rôle moins significatif dans la grande distribution.

 

Si les entreprises du secteur collectent les données de leurs consommateurs depuis le début des années 2000, ces données restent relativement sous-exploitées jusqu’au milieu des années 2010.

 

L’étude met également en évidence les trajectoires opposées de chaque secteur en termes d’expertise technique : avec le développement des technologies, l’expertise tend à se concentrer davantage dans les entreprises et les secteurs du coeur technologique tandis qu’inversement, la digitalisation s’accompagne d’un appauvrissement relatif de l’expertise informatique dans les secteurs périphériques.

 

L’étude souligne enfin l’impact de la digitalisation sur les travailleurs, que cet impact soit direct – comme dans le cas de l’automatisation de la relève des compteurs électriques – ou indirect – via les transformations organisationnelles ou les compromis salariaux qui accompagnent le déploiement du numérique.

 

(*) https://ires.fr/wp-content/uploads/2025/10/20251007_IRES_2023-1_SYNTHESE_VDEF.pdf

(**) https://ires.fr/wp-content/uploads/2025/10/20251007_IRES_2023-1_SYNTHESE_VDEF.pdf

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