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13 / 11 / 2019 | 78 vues
Amine Moussaoui / Membre
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Des salariés démunis pour aborder les pratiques addictives

A l’occasion de la première édition des rencontres de l’addictologie, le 12 novembre à Paris, GAE Conseil (cabinet conseil indépendant spécialiste de la prévention des pratiques addictives en milieux professionnels) dévoile les résultats exclusifs d’un sondage ELABE sur le regard que portent les salariés français sur les addictions en milieux professionnels. Alors que près d’un salarié français sur deux considère les pratiques addictives comme fréquentes (44 %) dans son milieu professionnel, 70 % d’entre eux se sentent démunis et mal informés sur la manière d’aborder le sujet. Ces résultats témoignent d’une trop faible prise en compte par les entreprises du risque addictif comme un sujet de santé, de sécurité et de prévention prioritaire.
 

  • 44 % des salariés déclarent comme fréquentes les pratiques addictives au travail.
  • 70 % des salariés se sentent démunis sur la manière d’aborder le sujet.
  • 57 % des salariés sollicitent en priorité les proches si un collègue est en situation de dépendance.
  • 60 % des salariés jugent les outils d'e-santé utiles pour la prévention des addictions.
     

« Les résultats de cette étude prouvent que les entreprises ont un vrai rôle à jouer en matière de santé publique. Nous appelons à une plus grande mobilisation de leur part pour concevoir des politiques de prévention plus ambitieuses et pour faire prendre conscience à leurs salariés que le silence tue plus que les addictions », commente Alexis Peschard, co-fondateur et président de G.A.E Conseil.
 

Les pratiques addictives jugées fréquentes en milieu professionnel
 

44 % des salariés français estiment fréquentes les pratiques addictives dans leur milieu professionnel. Il ressort que l’âge influence la perception du niveau d’exposition à ces risques en milieu professionnel. D’un côté, les salariés de plus de 50 ans, les estiment moins fréquentes (37 %) tandis que les moins de 50 ans les jugent plus fréquentes (46 % des 15-24 ans et des 25-49 ans).
 

Les salariés les plus jeunes sont potentiellement les plus exposés aux pratiques addictives ; c’est chez eux que l’on retrouve statistiquement le plus de consommateurs de produits psychoactifs. Ce niveau d’exposition et de consommation engendre donc une connaissance et une reconnaissance du sujet plus importantes que chez des salariés plus âgés, avec une expérience et un rapport à ce sujet différent, ce qui explique cette corrélation entre des facteurs d’âge et d’exposition.


Enfin, si l’on prend la situation financière des salariés en compte, les écarts sont davantage liés à une exposition directe aux pratiques addictives et non à une question de représentation. Ainsi, 53 % des salariés déclarant se restreindre pour finir leurs fins de mois estiment fréquentes les pratiques addictives dans leur milieu professionnel, contre 40 % pour les salariés les plus aisés.
 

Des salariés démunis pour aborder le sujet
 

Dans l’hypothèse où ils seraient confrontés à une situation liée à l'addiction, 70 % des salariés se déclarent mal informés sur la manière d’aborder le sujet avec le collègue ou collaborateur concerné. Ce manque d’information touche l’ensemble des catégories d’âge et des catégories socio-professionnelles salariées. Par ailleurs, plus la taille de l’entreprise augmente, plus ce sentiment de manque d’information est répandu : il est supérieur à 75 % chez les salariés d’entreprises de 1 000 salariés et plus, alors qu’il est de 64 % dans les petites et moyennes entreprises (10 à 249 salariés).
 

Le recours aux proches plébiscités par les salariés
 

Lorsque l’on demande aux actifs vers quel interlocuteur ils se tourneraient en priorité dans la situation où un collègue ou un collaborateur aurait des problèmes liés à une addiction, 57 % solliciteraient d'abord les proches (dont 31 % citant cette option comme premier choix). Ils se tourneraient ensuite vers la médecine du travail (52 %), avant le supérieur hiérarchique (44 %) et les représentants du personnel (36 %) et enfin le service de prévention, santé-sécurité (HSE) [1] (à 34 %).

Quelles actions contre les pratiques addictives au travail ?

Le ressenti des salariés sur l’efficacité des mesures de prévention et de lutte contre les pratiques addictives au travail se répartit en trois catégories.
 

Les mesures ciblées sont des mesures qui visent à agir directement auprès de la personne ayant des problèmes de dépendance au travail en lui fournissant des canaux de communication et de confrontation. Parmi ces mesures se trouve la mesure jugée la plus efficace par l’ensemble des catégories d’âge et sociales salariées : l’entretien individuel avec la personne concernée (77 % efficace).
 

Les mesures globales sont des mesures liées à une démarche collective de la part de l’entreprise (formation, actions ponctuelles etc.). Le fait de mettre en place une politique globale de santé, de sécurité et de prévention des addictions dans l'entreprise est jugée efficace par 75 % des salariés et l’intervention d’un consultant externe en addictologie par 73 %, des actions ponctuelles de sensibilisation (journées sécurité et qualité de vie au travail, mois sans tabac etc.) (67 %).

« Faire la prévention des conduites addictives en milieux professionnels est un enjeu national au sein du dispositif global de prévention des risques professionnels. C’est aussi créer et produire de la santé et de la qualité de vie pour tous les Français », commente Alexis Peschard,

Les mesures coercitives sont des mesures visant à encadrer, dépister ou interdire les pratiques addictives. Parmi ces mesures, les dépistages de stupéfiants (62 %) et d’alcool (60 %) sont jugés les plus efficaces, suivis de près par l’interdiction de la consommation d’alcool (59 %).
 

Les outils numériques de santé jugés utiles
 

Interrogés sur l’utilité d’un certain nombre d’outils d'e-santé pour la prévention des pratiques addictives, les salariés sont plus de 6 sur 10 à les juger utiles.

Les outils numériques d’écoute et de dialogue enregistrent des scores très élevés :

 

  • une ligne spécialisée d’écoute en addictologie pour avoir des conseils pratiques sur la manière d’aborder le sujet avec un collaborateur ou collègue est jugée utile par 82 % des salariés (25 % tout à fait et 57 % plutôt) ;
  • une consultation avec un patient-expert est jugée utile par 75 % des salariés (19 % tout à fait et 56 % plutôt).
     

Les outils numériques qui permettent de réaliser une auto-évaluation et de pouvoir faire ses propres recherches sur les services de soins sont aussi très bien jugés par les salariés :

  • un test en ligne d’auto-évaluation de ses comportements addictifs est jugé utile par 74 % des salariés (22 % tout à fait et 52 % plutôt)
  • l’accès à un annuaire national géolocalisant les services de soins en addictologie est jugé utile par 73 % des salariés (21 % tout à fait et 52 % plutôt).
     

Enfin la téléconsultation avec un spécialiste via visio-conférence et l’accès à la législation et les procédures en vigueur dans l’entreprise sont jugées utiles respectivement par 65 % et 63 % des salariés.
 

« Moins de 20 % des personnes dépendantes accèdent aujourd’hui aux soins spécialisés. L'e-santé permet de partiellement répondre à ce déficit en facilitant l’accès à des ressources et des professionnels de l’addictologie ; c’est tout l’objet de la plate-forme mutli-services GAE Phone Line® que nous déployons aujourd’hui auprès des entreprises », conclut Alexis Peschard.

 

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