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08 / 07 / 2019 | 124 vues
Secafi (Groupe Alpha) / Abonné
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550 établissements sont concernés par le dé-diésélisation, soit 100 000 emplois

Alors que l’Assemblée Nationale vient d’adopter la loi d’orientation sur les mobilités, confirmant ainsi la fin des ventes de voitures à moteur thermique essence ou au diesel pour 2040, la transformation annoncée de la filière automobile se poursuit inexorablement sur le terrain.
 

Obligation absolue, en raison de la baisse du diesel, de se reporter sur des motorisations essence plus ou moins hybridées et, à plus ou moins moyen terme, de miser sur le seul électrique. Avec cette contrepartie qui ne manque pas de sel : pour la première fois depuis 20 ans, la filière automobile européenne connaît une augmentation des émissions de CO2 compromettant l’atteinte des normes imposées par l’Union européenne.

« Nous n’avons sans doute pas mesuré à leur juste mesure tous les impacts de la chute brutale du diesel, constate Jean-Louis Hudec, consultant Secafi. L’augmentation des émissions de CO2 s’explique par la désaffection des consommateurs pour le diesel et par la mode des véhicules utilitaires sport, équipés de moteur essence, plus émetteurs de CO2 ! ». Dès lors, cela met les constructeurs automobiles face à une difficulté : depuis deux ans, les émissions de CO2 des véhicules neufs augmentent, alors que l’échéance de réduction du taux d’émission en Europe, avec le risque de lourdes pénalités pour certains constructeurs, se rapproche, à savoir 2020 !

 

Cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe pour un secteur déjà fortement chahuté par une croissance en berne en Europe, comme au niveau mondial, par la multiplication des investissements, en lien avec le véhicule connecté et autonome, et par l’accélération de l’électrification. « Cela a eu pour conséquence, poursuit Alexia Visca, experte Secafi, de faire prendre conscience aux acteurs de la filière de la nécessité de rebondir et de réfléchir, à l’échelle d’un territoire, aux métiers et compétences à développer. D’où notre idée, pour les aider, d’une cartographie précise de la filière Diesel. »
 

Ce travail minutieux, établissement par établissement, région par région, a permis d’identifier les acteurs les plus impactés, parmi lesquels les équipementiers et les sous-traitants positionnés sur le « groupe moteur propulsion ». Certains sites constructeurs sont également affectés par cette disruption majeure du mix énergétique.

En tout, quelque 550 établissements sont concernés par le dé-diésélisation, soit 100 000 emplois, niveau plus important que celui affiché officiellement ! Le sujet est d’autant plus important que deux tiers des établissements ont moins de 100 salariés et sont donc potentiellement très sensibles à une baisse de charge.

 

En outre, cette transformation de la filière va s’opérer dans un contexte de marché automobile européen particulièrement tendu. Avec cette précision de taille : « lorsque l’on parle de filière, l’on parle d’une multitude d’acteurs, les plus gros, en premier lieu, les constructeurs et équipementiers, aux « reins solides » et en capacité de mieux résister, et les sous-traitants, plus fragiles et davantage en risques pour absorber une baisse prononcée d’activité ainsi qu’une transformation de la demande… L’augmentation du nombre des dépôts de bilan dans la dernière période démontre l’acuité de l’enjeu», rappelle Jean-Louis Hudec. Dans un tel contexte, certains constructeurs et équipementiers ont déjà annoncé des gels de dépenses et autres arbitrages sur leurs coûts.

Carte de l'emploi lié au diesel par région (Veille Emploi SECAFI)

D’où les inquiétudes légitimes des salariés et de leurs représentants. « Car, même si les plans de charge paraissent encore « solides » à court terme, malgré les premiers signaux de baisse, il faut impérativement, conseille Jean-Louis Hudec, questionner la direction sur sa prise de conscience réelle des enjeux de l’évolution du mix énergétique et de ses conséquences en termes d’activité, d’évolution des métiers et des compétences. »
 

Si la direction a déjà identifié des axes de diversification, quels sont les plans de formation, les dispositifs de gestion des compétences envisagés pour permettre aux salariés d’évoluer et de conserver toute leur employabilité ? « Lors de nos matinées-débats, atteste Alexia Visca, nous constatons une forte inquiétude des élus et un besoin particulièrement élevé de disposer d’éléments d’analyse prospective, ce que nous pouvons leur apporter, en raison non seulement de notre cartographie et modèle d’impact, mais également de notre connaissance très fine du secteur et de l’ensemble de la chaîne de valeur. » Avec, comme maîtres-mots, diagnostiquer, anticiper et être force de propositions. « Notre première mission est toujours d’accompagner les représentants du personnel et les organisations syndicales dans la prise de conscience, le plus en amont possible, des tendances structurelles du marché, afin de pouvoir s’inscrire dans une démarche anticipatrice et, ainsi, pouvoir être porteurs de propositions et d’alternatives pour les salariés et l’entreprise » rappelle Jean-Louis Hudec.
 

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