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24 / 05 / 2025 | 45 vues
Bruno Gasparini / Abonné
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21 000 morts au travail : 20 ans d’échec de la prévention

Un constat accablant....

 

En 20 ans, la France a enregistré 21 000 morts et 1,35 million de blessés graves au travail, selon le bilan dressé par L’Humanité. Malgré les discours et les campagnes, ces chiffres témoignent de l’inefficacité persistante des politiques de prévention des accidents du travail.

 

La France, mauvais élève de l’Europe

 

La France détient le triste record du plus grand nombre d’accidents mortels au travail en Europe, avec 3,5 décès pour 100 000 salariés en 2022, soit le double de la moyenne européenne. En 2022, le nombre d’accidents mortels a même atteint un niveau record en 20 ans, alors que la tendance européenne est à la baisse. Pour les accidents non mortels, la France est aussi en queue de peloton, avec 3 364 accidents pour 100 000 salariés.

 

Des politiques de prévention inefficaces

 

Malgré la multiplication des textes et des plans de prévention, la réalité du terrain n’a pas changé : les conditions de travail restent dégradées, l’intensification du travail progresse, et les exigences physiques, le travail de nuit ou l’accélération des rythmes continuent de fragiliser les salariés. Les dispositifs de prévention restent trop souvent formels et déconnectés du travail réel, sans réelle implication des acteurs de terrain ni adaptation aux évolutions des organisations.

 

Des vies sacrifiées, des familles brisées

 

Chaque jour, deux personnes meurent au travail et plus de 100 sont blessées gravement en France. Derrière ces statistiques, ce sont des vies brisées, des familles endeuillées, et une société qui tolère l’inacceptable au nom de la rentabilité.

 

Nos revendications syndicales

 

  • Un renforcement effectif des moyens de contrôle et de sanction pour les employeurs défaillants
  • L’intégration réelle de la prévention dans l’organisation du travail, avec une participation active des représentants du personnel
  • La reconnaissance et la réparation intégrale des victimes et de leurs proches
  • Une politique ambitieuse de santé au travail, centrée sur l’amélioration des conditions de travail et la réduction effective des risques

 

La prévention ne peut plus être un vain mot. Il est temps d’en faire une priorité nationale, à la hauteur de l’enjeu humain et social.

 

 

Sources

Nombre d’accidents du travail mortels en France 2008-2022 – Statista https://fr.statista.com/statistiques/647173/accidents-mortels-du-travail-france/


Les accidents du travail – Dares – Travail-emploi.gouv.fr
https://dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/les-accidents-du-travail

 

 

Une décennie de réformes, mais quel cap pour les cadres salariés ?.

 

Après dix ans d’expertises IGAS, la prévention reste le parent pauvre de la santé au travail. Les cadres, moteurs de la transformation des organisations, doivent exiger une ambition renouvelée. Au terme d’une décennie d’investigations et de recommandations, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dresse un constat lucide : malgré la multiplication des rapports et une réforme structurante portée par la loi du 2 août 2021, la santé au travail demeure un chantier inachevé, particulièrement pour les cadres salariés.

 

Des risques professionnels en mutation, une prévention à la traîne

 

Les rapports IGAS soulignent la diversité croissante des risques professionnels – psychosociaux, exposition à l’amiante, désinsertion liée à la maladie, perturbateurs endocriniens – et la nécessité d’une approche globale, décloisonnant santé publique et santé au travail. Pourtant, la prévention primaire reste insuffisamment structurée et financée, alors même que la charge mentale et l’intensification du travail frappent de plein fouet l’encadrement.

 

Des moyens en baisse, une attractivité en crise

 

L’IGAS pointe une réduction continue des moyens humains et financiers dédiés à la médecine du travail, aggravée par la difficulté à recruter et fidéliser les médecins du travail. Cette attrition fragilise l’accompagnement des cadres, souvent confrontés à des exigences accrues de reporting, de transformation numérique et de gestion des équipes à distance.

 

Réforme 2021 : une ambition, mais des résultats à concrétiser

 

La loi de 2021 a posé les bases d’une refonte des services de santé au travail, misant sur la pluridisciplinarité et la contractualisation avec l’État et la Sécurité sociale. Mais l’IGAS alerte sur la lenteur de la mise en œuvre et le manque d’appropriation par les entreprises, en particulier les PME, où nombre de cadres exercent des responsabilités transverses sans bénéficier d’un accompagnement adapté.

 

Pour le SNFOCOS : un rôle moteur à réaffirmer

 

Face à ces constats, les cadres doivent peser dans le dialogue social pour :

 

  • Exiger l’effectivité de la prévention primaire et des moyens dédiés à la santé au travail.
  • Valoriser leur rôle clé dans la diffusion d’une culture de prévention et l’innovation organisationnelle.
  • Revendiquer une offre de services adaptée à leurs réalités, intégrant risques psychosociaux, télétravail et transitions professionnelles.

 

Sources :


Rapport d’expertise sur la réforme de la santé au travail | Igas : https://www.igas.gouv.fr/rapport-dexpertise-sur-la-reforme-de-la-sante-au-travail


Une décennie de rapports de l’Igas consacrés à la santé au travail :https://www.igas.gouv.fr/une-decennie-de-rapports-de-ligas-consacres-la-sante-au-travail

 

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