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18 / 08 / 2011 | 3 vues
Roman Bernier / Membre
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Outrage en Belgique sur les conditions de travail des navigants de Ryanair

Ce n’est pas la première fois que j’écris sur le sujet *. Mais il semblerait que celui-ci ne lasse d’être traîté dans la presse. Cette semaine, ce sont des journalistes du quotidien national belge Le Soir qui se sont saisis des conditions de travail des employés de Ryanair.

Le journal a réussi à se procurer les contrats de travail de navigants travaillant pour Ryanair depuis la base de Charleroi. Le diagnostic est sans équivoque : la compagnie aérienne est en contradiction avec tous les acquis sociaux obtenus en Belgique depuis plus d’un siècle. En fait, ces contrats ne sont tout simplement pas en accord avec le droit belge.

Heures sup' non rémunérées

Pour s’en rendre compte, il suffit de parcourir les conditions de travail : « mutations possibles partout en Europe sans compensation, vêtements de travail déduits du salaire, délais de préavis réduits au minimum, heures supplémentaires sans rémunération additionnelle et on en passe ». Pour le journal, de telles conditions sont indignes du droit du travail belge.

Pourtant, ce n’est pas un problème pour Ryanair. Contactée, la compagnie aérienne s’est en effet dédiée de toute accusation d’abus sociaux. Et oui, les contrats de travail ne sont pas au nom de Ryanair mais d’entreprises de sous-traitance établies en Irlande. La compagnie aérienne ne précise toutefois pas qu’elle est directement responsable de l’apparition de ce système de sous-traitance et des conditions de travail qui en découlent.

Pirouette communicationnelle

Au contraire, interrogée sur sa politique a l’égard des questions sociales, la compagnie a eu l’audace de répondre par le même argument. Selon Ryanair, la compagnie aérienne permet à des consommateurs sans le sou de voyager vers des destinations qu’ils  n’auraient jamais pu atteindre autrement. La pirouette communicationnelle est culottée, mais il demeure évident que Ryanair refuse de considérer le problème dans son intégralité.

Car maintenir dans la précarité du personnel navigant pour permettre aux moins riches de voyager, c’est donner d’une main pour reprendre de l’autre. D’autant que Ryanair, du haut de ses trois milliards et demis de chiffre d’affaires peut difficilement prétendre faire dans le caritatif. L’avantage de faire passer ses embauches par des entreprises sous-traitantes tient surtout au fait qu'elle peut ainsi éviter toute responsabilité directe.

Il n’en demeure pas moins que si l’actuel flou juridique régnant sur la législation des travailleurs itinérants en Europe était éclairci (comme l’a déjà montré l’imbroglio sur le respect du droit fiscal à Marseille), Ryanair risquerait fortement de se trouver interdite d’employer ses navigants à Charleroi sous le droit social irlandais.

* « La difficile réalité du métier de pilote chez Ryanair » (9 juin 2011).

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