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26 / 11 / 2025 | 18 vues
Eric Gautron / Abonné
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Situation des Ehpad : retour sur quelques actualités récentes

A de nombreuses reprises, notre organisation syndicale a dénoncé la financiarisation de la vieillesse, notamment à l’occasion du scandale « Orpéa ». Quelques années plus tard, le système a-t-il vraiment changé ?

 

Plusieurs réformes ont impacté le financement des Ehpad dans une logique affichée de simplification.


Outre la situation financière critique des Ehpad (66 % des établissements étaient déficitaires en 2023 contre 27 % en 2020 selon un rapport du Sénat publié en septembre 2024), le modèle en lui-même reste à bout de souffle et n’a plus la cote auprès des personnes âgées, dont une large majorité souhaite rester chez elle
le plus longtemps possible (d’où l’expression de « virage domiciliaire »).

 

Tour d’horizon à propos de quelques éléments d’actualités marquants concernant les Ehpad.


Quelques chiffres :


En France, on comptait en 2024 7450 Ehpad publics, privés, ou associatifs selon la Drees. 48 % des personnes sont âgées de 75 à 89 ans et 40 % ont 90 ans et plus. Les personnes qui entrent en Ehpad le font à un âge de plus en plus avancé. Les résidents des Ehpad ont en moyenne 86 ans et une grande majorité sont des femmes (environ 75 %)(1).


Les personnes en perte d’autonomie ne vivent pas toutes en Ehpad. Toujours selon la Drees, 3 à 8 % de personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile sont en perte d’autonomie. Sur ce point, on relèvera un chiffre encourageant : l’espérance de vie sans perte d’autonomie a augmenté de 0,8 an pour les femmes et de 0,5 an pour les hommes.


Dans un rapport intitulé « Le pari de l’autonomie sur la dépendance (2) » récemment publié, a été formulée une proposition radicale qui consisterait à ne plus accueillir en Ehpad que les personnes en perte d’autonomie classées, via l’outil d’évaluation « AGGIR », en GIR I et II, c’est-à-dire les personnes qui souffrent des pertes d’autonomie les plus lourdes (personnes confinées dans un lit ou fauteuil). Cela reviendrait à mettre à l’écart toutes les personnes classées en GIR III et IV, lesquels représentent
actuellement… la moitié des résidents actuels d’Ehpad.


.
Cette proposition laisse perplexe quand on sait que par exemple en GIR 3, les personnes ont besoin d’une aide très régulière (plusieurs fois par jour) pour assurer certaines activités, notamment prendre soin de leur hygiène. Au nom de mesures d’économies, cette proposition n’irait donc pas dans le bon sens.


Qui prendrait soin de ces personnes ?

Rappelons que le métier d’aide à domicile est plus que jamais « en souffrance » (3) et qu’il est urgent d’en renforcer l’attractivité ?

Les proches aidants déjà fréquemment sollicités et qui doivent souvent jongler entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle ?


La pratique des « tarifs différenciés » :


Avec la loi dite « Bien vieillir » du 8 avril 2024, les Ehpad peuvent pratiquer des tarifs différenciés et augmenter le tarif d’hébergement des nouveaux résidents non éligibles à l’aide sociale.


En pratique, les hausses tourneraient autour de 10/15 % en moyenne. Chaque département fixe son propre plafond et, au niveau national, l’augmentation tarifaire est limitée à + 35 %. Certains départements n’auraient pour l’heure rien décidé, laissant ainsi encore plus de souplesse aux Ehpad.


Cette nouvelle disposition interroge car les tarifs seront différents suivant les résidents pour les mêmes prestations et fait craindre des disparités encore plus fortes entre départements.

 

Pour nous, en matière de perte d’autonomie, l’égalité entre les personnes, quel que soit leur niveau de revenus et quel que soit le lieu où elles résident sur le territoire, est un principe non négociable.

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1) « Qui vit à domicile, qui vit en établissement parmi les plus de 60 ans ? », Les dossiers de la DREES, n° 104, 2023.
2) F. BIZARD, « Le pari de l’autonomie sur la dépendance », rapport 2025, institut- sante.org.
3) F.-X. DEVETTER, A. DUSSUET, E. PUISSANT, « Aide à domicile, un métier en souffrance », Ed de l’Atelier 2023.

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