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01 / 05 / 2025 | 39 vues
Valérie Forgeront / Membre
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Finances publiques : Les efforts ne doivent pas systématiquement peser sur les travailleurs !

Depuis la mi-avril, le gouvernement multiplie les déclarations senties sur la situation des finances publiques et ― prolongement logique selon lui ― sur le niveau grandissime des efforts qu’il faudrait fournir dès 2026 pour tenter de les remettre à flot.


Dans cet objectif, des idées de pistes arrivent de tous côtés, notamment du patronat. Toutes, sur un même registre, rivalisent d’attaques des droits, tant concernant les actifs que les retraités.


Temps de travail, retraite, fiscalité des retraités, moyens dédiés à la sphère publique ou encore dispositions impactant la protection sociale… Virant à la caricature, ces pistes concevant des mesures d’économies écartent de tout effort les plus riches et les grandes entreprises.
 

Tout cela relève d’une foire aux mauvaises idées pointe la confédération FO, pour qui il est hors de question que les travailleurs payent l’austérité et qui plus est par un abaissement de leurs droits.

 

Si la teneur des projets de textes budgétaires pour 2026 ne sera précisée qu’autour du 14 juillet (avant la présentation effective des textes à l’automne), le scénario commence toutefois à se dessiner. La baisse des dépenses publiques sera une nouvelle fois érigée en totem et celle-ci menace d’être encore plus sévère qu’en 2025.


Tel est l’avertissement lancé par le Premier ministre, le 15 avril, à l’occasion de la conférence sur les finances publiques, doublée d’un comité d’alerte. Pour un déficit public ramené à 4,6 % du PIB en 2026 (contre 5,4 % projetés cette année), l’effort supplémentaire à fournir serait de 40 milliards d’euros (voire 50) et il reposerait essentiellement sur une baisse des dépenses.

 

Évoqué, pour l’instant officieusement, un premier dispatching de l’effort global émerge. Ainsi, l’État pourrait être impacté pour 14 milliards d’euros (contre 24 milliards en 2025), la Sécurité sociale pour 18 milliards (7 en 2025) et les collectivités territoriales pour 8 milliards d’euros (2 en 2025).


Il est toutefois hors de question d’augmenter les impôts, sous-entendu des plus riches et des entreprises, martèle le ministre de l’Économie, Éric Lombard, pour qui l’effort ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance.


Mais cette dernière, déjà en berne, est encore plus fragilisée par la crise internationale, dont celle des droits de douane. Le 22 avril, le FMI estimait d’ailleurs que si l’économie mondiale devrait éviter la récession, sa croissance serait fortement ralentie cette année (à 2,8 %, en recul de 0,5 point par rapport à la prévision de janvier) et en 2026.

 

Toujours le manque de recettes

 

Le gouvernement a présenté le 15 avril un document prônant de réformer notre modèle social, ou encore de renforcer notre compétitivité par le travail. Il se plaît à indiquer que la part des recettes publiques dans le PIB a légèrement augmenté depuis vingt ans.


Mais ― cela malgré un tableau aux données Eurostat explicites contenu dans ce document ― il ne dit mot sur le décrochage massif du poids des recettes dans le PIB depuis 2018, à tel point que ce poids est redescendu à son niveau de l’an 2000. Ce qui a beaucoup à voir avec les mesures socio-fiscales décidées depuis sept ans.

 

Ainsi, entre autres, les baisses d’impôts pour les entreprises (sur l’IS, impôts de production…), la montée en charge des aides publiques (désormais quelque 173 milliards par an) dont elles bénéficient (dont la transformation du CICE en allégements pérennes de cotisations), et toujours sans contrepartie, les baisses d’impôts pour les plus aisés (dont la suppression de l’ISF)… Or tout cela, et bien d’autres réformes, décidées au nom de la compétitivité de l’économie, a participé à la perte de vigueur des recettes, sociales et fiscales.

 

Étudiant le phénomène, la Cour des comptes indiquait ainsi en 2023 que la période 2018-2023 a été marquée par d’importantes baisses d’impôts, dont l’impact [autrement dit le manque à gagner pour les comptes publics, NDLR] est estimé à 62 milliards d’euros en 2023, soit 2,2 points de PIB. Le manque à gagner en termes de recettes est désormais de 74 milliards d’euros. Le gouvernement dit avoir besoin de 40 à 50 milliards d’euros pour combler le déficit.


Qu’il conditionne les aides publiques aux entreprises !

Les efforts ne doivent pas systématiquement peser sur les travailleurs!

 

Extraits d’un catalogue de mauvaises idées 

 

Depuis quelques semaines déjà, la confédération  pointe « le concours Lépine des mauvaises idées » en matière de réduction supplémentaire des dépenses publiques en 2026.

 

À l’évidence, le concours se poursuit et même bat son plein. Ainsi en est-il de l’idée, pour l’instant développée par le Medef et le président du COR, de supprimer aux retraités imposés l’abattement de 10% (instauré en 1978 par équité face aux modifications du calcul de l’impôt sur le revenu).

 

Fin mars, huit unions de retraités, dont l’UCR-FO, fustigeaient un discours qui « vise à livrer les retraités à la vindicte publique en les traitant de nantis et de privilégiés (...). Le gouvernement tente de diviser en stigmatisant, (…) pour continuer d’exonérer les très riches d’impôts et de cotisations ».

 

La Cour des comptes, estimant en substance que les retraités français peuvent supporter que leurs pensions soient plus faiblement revalorisées, et surtout que les hausses soient inférieures à celle – actuellement très modérée – des salaires, propose elle une désindexation des pensions de l’inflation. Il s’agirait alors d’« une indexation (...) tenant compte de l’évolution des salaires d’une part et de l’évolution du ratio entre le nombre de retraités et les cotisants d’autre part. (...) Une fois le système équilibré (ce qui peut nécessiter d’agir sur d’autres paramètres comme l’âge de départ ou le taux de cotisation), un tel mécanisme garantit une forme de stabilité au système » des retraites, indique la rue Cambon.

 

La Sécu particulièrement visée

 

D’autres idées fusent, ainsi le patronat de la CPME préconise une hausse de la durée du travail, laquelle financerait une retraite par capitalisation. Il prône aussi, vieille lune, une « TVA sociale », visant ― toujours pour « alléger le coût du travail » ― à substituer aux cotisations sociales une taxe inique, puisque touchant riches et pauvres sans distinction.

 

La Cour des comptes, elle encore, propose un mécanisme mêlant une moindre prise en charge des frais de santé par la Sécu et un reste à charge augmenté qui serait à régler, ou pas, en fonction de ses revenus. Une différenciation entre assurés sociaux qui va à l’encontre du principe d’égalité des droits à la sécurité sociale.

 

Le gouvernement pointe quant à lui la « très grande dérive »des arrêts maladie et appelle à « une responsabilité accrue des salariés ».

Tout en concédant que certaines conditions de travail ont un effet sur les arrêts. Si aucune mesure visant les arrêts n’a été annoncée pour l’instant, l’histoire récente a montré ― dans la fonction publique notamment  ― que la recherche d’économies peut amener, par exemple, à la décision injuste d’un allongement du nombre de jours de carence...
 

Avant que, face à la détermination syndicale,  le gouvernement ne soit contraint d’y renoncer.

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À l’évidence, l’exécutif – à la recherche d’économies supplémentaires sur les dépenses publiques pour 2026 – a toujours dans son collimateur la sphère publique et ses personnels.

 

Par ses propos le 13 mai lors d’une interview télévisée, le président de la République a quant à lui fait monter un peu plus le mécontentement des agents publics. Il faudrait « agir sur le non-renouvellement de fonctionnaires » en épargnant certains types de postes (enseignants, soignants, militaires…), indiquait Emmanuel Macron qui, évoquant les versants de la territoriale et de l’hospitalière, recommandait de « continuer à moderniser ces fonctions publiques ».

 

Le chef de l’État est resté silencieux face à la préconisation de son interlocutrice (la très ultralibérale lobbyiste Agnès VerdierMolinié) de remettre en cause le statut des trois millions d’agents de ces versants.

 

Dès le lendemain, le ministère de la Fonction publique a dû sortir la lance à incendie, tentant d’éteindre la colère des agents. « Il n’est pas envisagé à ce stade une réforme statutaire », a-t-il déclaré. Le refus de ces mornes perspectives

 

Le 14 mai, la confédération, relevant ce silence présidentiel sur le statut, notait que « tout en refusant d’augmenter les impôts, il a confirmé un effort de redressement des comptes publics par le biais notamment des suppressions de postes ».

Et  de déplorer que la fonction publique soit toujours, aux yeux de l’exécutif, « une variable d’ajustement budgétaire ».

 

L’union interfédérale FO Fonction publique, reçue le 19 mai par le ministre, Laurent Marcangeli, a pu le constater. Celui-ci « a confirmé que dans le cadre de la loi de finances 2025 il n’aura aucune enveloppe pour augmenter la valeur du point d’indice ».

Et le ministre laisse « peu d’espoir » pour 2026 sur les salaires, même s’il assure, indique FO, « qu’il demandera au Premier ministre une enveloppe budgétaire pluriannuelle pour améliorer la grille indiciaire des fonctionnaires ».

 

Illustration de l’humeur des personnels, les huit organisations représentatives dans la fonction publique,   ont lancé une pétition contre une « mesure discriminatoire » décidée cette année, la baisse de l’indemnisation (de 100 % à 90 %) des arrêts maladie ordinaires. En moins d’un mois, elle a reçu plus de 108 000 signatures se félicitent les syndicats