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31 / 10 / 2023 | 47 vues
Jean-Philippe Milesy / Membre
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Il est temps que citoyennes et citoyens s’emparent de bien commun qu’est leur santé

Membre du Comex (comité exécutif) de la Coopérative de Santé Richerand, premier centre de santé structuré en Société Coopérative d’Intérêt Collectif, je regarde avec inquiétude les premières orientations du Projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024.

 

L’Objectif National des Dépenses de l’Assurance-Maladie, ONDAM, pour les années 2024-2025, annoncé significativement par Bruno Lemaire, ministre des finances devrait être limité à 2,7%.

 

Ce chiffre est contesté par la quasi-totalité des acteurs de la santé comme insuffisant pour répondre aux besoins de santé du pays. Il implique une gestion purement financière de celle-ci avec les contraintes d’une tarification à l’acte, maintenue malgré les engagements du président de la République, qui pervertit la gestion hospitalière.

 

On s’obstine à réclamer aux structures de santé publique et à celles relevant du non-lucratif une rentabilité impossible. Si l’exemple est le privé lucratif, il faut gravement s’interroger.

 

Si celui-ci dégage effectivement des profits pour ses investisseurs financiers, il choisit le plus souvent ses patients et il bénéficie par ailleurs de la solvabilisation de ceux-ci par un régime, non pas universel mais aveugle, de Sécurité sociale.

 

Alors qu’ont éclaté successivement les scandales des EPHAD privés, puis celui des crèches privées et enfin celui du COSEM (Coordination des Œuvres Sociales et Médicales), la cécité des pouvoirs publics sur la santé et le social lucratif confine à la complicité.

 

Dans un pays qui a voté l’an dernier une programmation militaire de 413 milliards pour des armées à qui on se garderait bien de demander qu’elles démontrent leur bonne gestion et leur rentabilité, le traitement technocratique et financier de la santé est désespérant.

 

L’Hôpital public est en grave crise. Les centres de santé qui s’attachent au suivi sanitaire des populations les plus en difficulté qui, en leur absence, seraient le plus souvent confrontées aux déserts médicaux connaissent des difficultés structurelles quand ils se refusent à une bobologie lucrative ou à la main mise des groupes financiarisés. La prévention est négligée.

 

On met en avant les comportements individuels alors que l’on sait, comme le montre l’ouvrage de Nicolas LEBLANC et Alfred SPIRA « Santé : les inégalités tuent ! » que les déterminants sociaux, revenus, logements, temps de vie, éducation sont décisifs en la matière.

 

On incrimine les arrêts de travail alors que l’on sait l’accroissement des souffrances au travail, y compris dans les secteurs d’activité soi-disant modernes et les conséquences de la dégradation de l’environnement de la santé sur les salariés.

 

Il est temps que citoyennes et citoyens s’emparent de bien commun qu’est leur santé, que la Sécu, conformément à son plan initial soit effectivement l’affaire de ses cotisants, que les mutuelles soient débarrassées de la cangue financiaro-normative dans laquelle elles se sont, volens nolens, laissées enfermer, que les associations de patients qui ont montré, dans les temps du SIDA, leur pertinence et leur action décisive aient pleinement droit de cité.

 

Tout le contraire de ce qui se profile, hélas…

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