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08 / 03 / 2022 | 257 vues
Alain ANDRE / Abonné
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Engie : une grande braderie industrielle aux résultats trop incertains

À la veille des élections au conseil d'administration, notre fédération tient à rappeler qu'Engie n’a de cesse de promouvoir des recentrages stratégiques la positionnant comme « leader de la transition énergétique zéro carbone as a service ». Pourtant, sans disposer de « véritable » argent, celui issu de la croissance organique et réinvesti industriellement, cela semble bien hasardeux.

 

Seul levier pour financer la transition énergétique : la vente des bijoux de famille

 

Dans la logique de cette stratégie, Engie s’est lancée dans la grande braderie de ses actifs, avec notamment la vente d’activités « pompes à cash » historiques, les fameux bijoux de famille de Gaz de France.

 

Engie a ainsi cédé :

  • les activités d’exploration et production internationale à Neptune Energy (2017) qui a déposé le bilan depuis ;
  • tous les actifs de la branche de gaz naturel liquéfié à Total (2018) ;
  • la filiale Elengy SA à GRTgaz (dont Engie ne détient que 75 % des parts) ;
  • Endel, Gaztransport et Technigaz…

 

Des cessions au profit d’investissements dans une kyrielle d’acteurs du renouvelable et dont les actifs génèrent encore des bénéfices en mode « petit débit » aujourd'hui : beaucoup moins de liquide immédiat que les activités cédées et aucune visibilité sur le liquide de demain.


La cession de la BU GNL à Total a été traumatisante pour l’ensemble des salariés du groupe. Elle a marqué la fin définitive de notre leadership d’opérateur intégré de l’amont vers l’aval et d’un projet industriel qui fédérait les salariés.

 

La cession de Suez à Veolia a été le deuxième volet des bouleversements.

 

Il est loin le temps où l’annonce surprise de la création de GDF-Suez par le Premier Ministre Dominique de Villepin avait permis de contrer une tentative d’OPA inamicale d’Enel sur Suez en 2006. Seize ans plus tard, le groupe est de nouveau rendu vulnérable par la décision de jeter ces mêmes salariés historiques et ceux ayant rejoint Suez dans l’intervalle entre les griffes de son principal concurrent.

 

Enfin, il est inutile de revenir sur la très prochaine cession d’Equans qui sera conclue d’ici la fin de l’année et qui représente un troisième traumatisme et pas des moindres puisqu’il touche plus de 70 000 salariés, dont 27 000 en France.

 

Une transition énergétique qui peine à se montrer à la hauteur des sacrifices consentis

 

Sauvegarde de la planète oblige, nous sommes évidemment tous favorables au concept de l’énergie verte. Mais pour durer, encore faut-il que celle-xi soit rentable. Or nous attendons toujours des résultats financiers à la hauteur de ces investissements et de leurs sacrifices. D’autant plus que nous ne sommes pas les seuls à nous lancer dans l’aventure du renouvelable.

 

Trois acteurs majeurs visent déjà des capacités ENR installées en 2030 supérieures à notre objectif de 80 GW : Iberdrola avec 95 GW, Total 100 GW et Enel 120 GW (article AGEFI du 7 mai 2021 « Pour briller en bourse, Engie et EDF devront turbiner dans les renouvelables »).

 

Le maillot de leader de la transition énergétique est loin d’être acquis.

 

Nous avons financé ce recentrage stratégique, qui montre pourtant un avenir incertain, en fragilisant le groupe. Au risque de nous remettre à la merci de concurrents plus gros que nous ? C’est justement l'une des principales raisons qui nous ont menés à demander deux expertises en CSE central, dont l’une est une alerte sur la situation économique d’Engie suite à la dernière cession.
 

Aussi, importe-t-il de :

  • peser sur les choix stratégiques, les orientations et les investissements à venir ;
  • devenir acteurs de notre futur ;
  • et défendre nos valeurs et nos idées.

 

Avec l’élection des représentants des salariés au conseil d’administration, le salarié devient enfin « citoyen dans son entreprise » et « acteur du changement ».

 

Cette élection est majeure pour demain.  Notre fédération prône :

  • un dividende ajusté aux capacités distributives générées par l’activité et calculé sur le résultat net ;
  • l’arrêt de la vente des « pépites » du groupe et de l’endettement pour payer ce dividende ;
  • et une stratégie efficiente et visionnaire plutôt qu’une stratégie axée sur l’optimisation du dividende.
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