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15 / 07 / 2021 | 212 vues
Christian Oyarbide / Membre
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La fin des complémentaires de santé : vers un regain du mutualisme ?

Disons-le d’emblée : l’horizon des complémentaires de santé est bouché. Les garanties, les prix et les taxes sont imposés par la puissance publique, banalisant les offres. La concurrence se joue sur les prix, notamment en santé collective, ce qui ne laisse aucun espace tarifaire pour l’innovation et les services.

 

Gageons que, si les surcomplémentaires se développent, elles seront très vite encadrées. Pour cause d’affichage des taux de prélèvements obligatoires, des assureurs complémentaires subsisteront cependant, lesquels ne seront (s’ils ne le sont pas déjà) que des délégataires de gestion de processus décidés par l’État et ses agences.

 

Le (récent) mythe de la différenciation par les services est également en train de s’effondrer. Aujourd'hui, ces services ne sont pas financés : leur mise à disposition en inclusion des offres de santé suppose qu’ils ne soient pas utilisés car ils pèseraient autrement sur les prix.

 

Là encore, nous pouvons, sans trop de risque, parier que l’explosion de la téléconsultation consécutive au covid-19 mènera à sa sortie du paquet standard pour lui trouver une place ailleurs. Mais où ?

 

Un article de fiction du Monde imaginait une Américaine qui téléconsultait son infirmière puis son médecin, commandait ses ordonnances en ligne pour enfin être remboursée par son assureur de santé. L’article précisait que les éventuels opérateurs de ces services étaient déjà la propriété d’Amazon. À l’évidence, dans cet exemple, le remboursement n’est que l’un des éléments d’une offre plus globale. À terme, selon nous, la seule option possible pour les organismes.
 

Là, deux modèles (au moins) s’affrontent.
 

  • Le modèle « Amazon » (s’ils le développent) brièvement décrit ci-dessus : individualiste et consumériste dans sa relation aux professionnels et services de santé. Financé par les clients, il fera l’objet d’une sélection médicale à l’entrée. Il se superposera au modèle étatique actuel dont la seule légitimation sera d’organiser la solidarité en direction des exclus. En effet, ce modèle n’aura pas la prétention d’organiser le système de santé au bénéfice de tous. Bien plus, il « disruptera », au bénéfice de ceux qui ont les moyens de se l’offrir, le système étatique (sur diverses dimensions qu’il serait trop long de détailler ici).

 

  • L’action collective de proximité. Des acteurs engagés pourraient se donner pour mission de mobiliser des énergies (bénévoles ou pas) sur les territoires (géographiques, professionnels, de destin…), au plus près des besoins. En collaboration avec les acteurs locaux (professionnels de santé, services à domicile, collectivités, entreprises, bailleurs…) et nationaux, ces énergies iraient au devant des populations, prioritairement (mais pas seulement) les plus exposées et les moins armées et au-devant des risques les plus prégnants sur la zone ; pour organiser des préventions ciblées, des parcours de prises en charge et développer l’éducation à la santé.

 

Une fois démontrée l’utilité sociale et sanitaire de cet engagement, nul doute que les multiples sources de financement actuelles (action sociale des divers opérateurs complémentaires, fonds du degré élevé de solidarité, fonds sociaux des collectivités, fonds des ARS…) réorientées, permettront de faire émerger des modèles économiques équilibrés (mais pas forcément générateurs de retour sur investissementl).

Le regain du mutualisme, en somme...
 

Interview accordée au Magazine des professions financières et de l’économie

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