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17 / 12 / 2020 | 68 vues
CFE Energies / Membre
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EDF : expression commune des six administrateurs salariés pour s'opposer au projet Hercule

Troisième journée de grève des agents d’EDF (après celles du 26 novembre et du 10 décembre) qui s’opposent au projet de transformation hors sol de notre entreprise. Nous avons interpelé les élus de la République. Leur étonnement est grand face au décalage entre l’engagement de service public sur le terrain et la stratégie en sous-main de privatisation à petit feu, qui risque de faire échouer la transition énergétique. Pour les plus au fait (depuis LR jusqu’au PCF), nous avons leur soutien, y compris sur les lieux de manifestation.

 

En tant qu’administrateurs salariés, nous devons, dans cette enceinte, porter les inquiétudes des salariés qui sont finalement les premiers investisseurs, par leur travail et depuis trois quarts de siècle. Œuvrant chaque jour à la réussite de notre entreprise, ces salariés ont droit au débat et aux informations sur le devenir d’EDF car ils sont bien les premiers concernés.

 

Le conseil d’administration et l’État qui y exerce un rôle si particulier doivent prendre leur voix et leur avis en considération. Actuellement, les exercices de communication descendante (à savoir les lettres uniquement adressées à leurs managers dans un premier temps- sont vécus comme des frustrations qui risquent de se retourner contre cette hiérarchie, dont la tâche n’est pas facilitée sur le long terme.

 

Le budget n’est pas l’occasion d’évoquer l’avenir de l’entreprise en continuant de choisir le repli, de nouveaux gains de productivité en attente d’un avenir reformaté Hercule supposé prospère. Il fait l’impasse sur les raisons ayant mené à cette situation et les erreurs stratégiques de l’entreprise portées par l’État actionnaire. Il nous ramène aux débats de 2005, lors de la mise d'EDF en bourse, qui était également supposée nous mener à un avenir radieux. Ce n’est clairement pas le cas.

 

Par conséquent, les administrateurs salariés rejettent unanimement le projet de budget pour 2021 et le plan de moyen terme pour 2021-2023 d’EDF présenté ce jour au conseil d’administration d’EDF, lesquels se caractérisent par des gains de productivité qui s’accroissent alors que la reprise des versements des dividendes en liquidités est prévue dès 2022.
 

Les administrateurs salariés le disent haut et fort : oui, la situation d’EDF est difficile mais non, la solution ne passe pas fatalement par le projet Hercule, qui est un démantèlement programmé d’EDF, malgré toutes les communications garantissant un caractère intégré pérenne.

 

Alors que des promesses avaient été faites au plus haut sommet de l’État en début de crise sanitaire pour une aspiration à de véritables services publics et une résilience industrielle, il semble que le monde de demain ressemble à s’y méprendre au monde d’hier.

 

Tous les administrateurs salariés seront aux cotés des salariés demain pour s’opposer au projet de démantèlement et de privatisation d’EDF. Conscients de leur responsabilité, ils participeront aux votes des délibérations de ce jour mais s’abstiendront de tout commentaire sur les points 2 et 3 de l’ordre du jour.

 

La première prérogative d’un conseil d'administration étant d’arrêter la stratégie en instruisant plusieurs options stratégiques, nous demandons que ce soit le cas. Nous ne pouvons accepter de n’avoir qu’une seule solution préformatée en toute opacité.

 

Nous devons travailler à des alternatives et c’est précisément ce qui est attendu d’un conseil d’administration qui jouerait pleinement son rôle. Dans cette période cruciale pour notre entreprise, chaque administrateur a une responsabilité particulière. Pour notre part, nous entendons l’assumer pleinement.

 

Nous regrettons profondément que la présence d’administrateurs salariés au sein du conseil d'administration d’EDF soit encore considérée par certains comme incompatible avec les prérogatives normales d’un conseil d'administration en 2020, à savoir instruire les options stratégiques en son sein, à « iso-niveau » de confiance, d’information et de responsabilité de tous ses membres. Notre présence ici n’est pas une indulgence accordée aux salariés, c’est la loi. Nous en demandons l’application.

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