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28 / 06 / 2019 | 115 vues
Laurent Aubursin / Abonné
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Revoir les contrats entre les donneurs d’ordre et les entreprises de nettoyage pour vraiment lutter contre la surexploitation des « femmes de ménage »

Les salariés du secteur de la propreté ont appris dans la presse il y a quelques jours que l’amélioration de leurs conditions de travail était le nouveau cheval de bataille de la Secrétaire d’État chargée de l’égalité hommes-femmes. Dont acte...


Travail en journée


La FEETS (fédération syndicale qui regroupe les syndicats FO du secteur du nettoyage et de la propreté) a immédiatement régi à cette annonce dans un communiqué  pour rappeler qu'elle revendique le travail en journée et en binôme depuis longtemps et que c'est la solution pérenne pour combattre l’amplitude de la journée de travail. Car ces horaires atypiques rendent les salariés invisibles et contribuent largement à leur précarisation, à leur isolement et à leur pauvreté.
 

Les horaires sont difficiles dans le nettoyage puisque le travail s’effectue souvent tôt le matin et/ou tard le soir, entraînant de lourdes conséquences en termes d’atteintes à la santé et à la vie familiale et sociale. Ils posent des problèmes de transport et de sécurité, les salariés se retrouvant souvent isolés dans des locaux désertés de leurs occupants.
 

Ces horaires mènent également les salariées à mettre au point des stratégies complexes et épuisantes pour pouvoir les concilier ou les cumuler entre eux.

 

L’indifférence n’est plus acceptable...
 

Dans le secteur du nettoyage, le travail est socialement dévalorisé et les salariés en souffrent mais le fonctionnement en sous-traitance, la précarité et l’isolement des situations de travail, la non-reconnaissance, la rémunération des compétences et l’absence d’évolution professionnelle ont un effet évident sur la souffrance physique et morale.
 

Dans ce secteur, des salariés jonglent avec le multi-emploi et la misère salariale au quotidien, avec une énergie considérable.
 

Dans le travail de nettoyage, la liste des tâches pénibles, des postures inconfortables et sans cesse recommencées est longue. Ce travail sollicite les corps et les use parfois prématurément.
 

Les salariés les plus fragiles ou les plus abîmés sont très vite rejetés d’un travail qui nécessite une énergie considérable et où il est parfois fait bien peu de cas de la législation.
 

En attendant, les grèves se succèdent dans ce secteur, au sein duquel l’exploitation des salariés est des plus dures, comme en témoignent les grèves pour cause de conditions de travail harassantes, la précarité et des salaires très bas.
 

La FEETS FO exige que les décideurs imposent des clauses sociales contraignantes. Le bon vouloir ne suffit pas !


Le problème de la contractualisation
 

L’une des dimensions essentielles du nettoyage est qu’il repose sur des relations triangulaires entre les donneurs d’ordre, les entreprises prestataires et leurs salariés. Cette singularité se traduit par une contractualisation et une relation au client qui forment la clef de voûte du fonctionnement du secteur et qui déterminent son développement social et économique en fonction des modalités particulières des contrats passés.
 

Depuis quelques années, plusieurs tendances orientent la contractualisation entre les donneurs d’ordre et les entreprises de nettoyage.
 

  • Un changement dans les termes de la contractualisation, avec le passage d’une obligation de moyens à une obligation de résultats qui induit le transfert de responsabilité des premiers vers les seconds. Ce nouveau type d’obligation requiert une plus grande professionnalisation des entreprises sous-traitantes et de leurs salariés, ce qui n’est pas sans poser des problèmes compte tenu du très faible niveau de qualification et de scolarisation de ces derniers.
  • L’élévation du rythme de passation des marchés (autrefois de cinq ans, puis de trois ans et aujourd’hui, pour certains contrats, d’un an renouvelable) imprime une tension entre les entreprises qui se livrent à une concurrence effrénée.
  • Les prix sont sans cesse tirés vers le bas, chaque passation de contrat étant assortie d’une renégociation à la baisse. La conséquence en est le caractère quasi général du « moins-disant » social. La masse salariale est une composante importante du prix de revient de la prestation effectuée et la renégociation à la baisse des contrats passés avec les entreprises du nettoyage se répercute automatiquement sur les salariés.
     

Cette situation est dénoncée par la fédération depuis des années. À maintes reprises, les pouvoirs publics se sont engagés au changement en faisant confiance au marché et aux employeurs pour y parvenir. C’est un échec. La fédération revendique donc des mesures réglementaires et au minimum d’être entendue par la ministre, comme les patrons vont l’être le 3 juillet prochain.

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