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03 / 09 / 2018 | 9 vues
Jean-Claude Mallet / Abonné
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Opiniocratie

« De toutes nos mélancolies, celle de la fin des vacances est la plus tendre, la plus précieuse, parce que ce fut la première, ayant débuté dans notre enfance, à l’approche du retour à l’école »*.

Qu’il soit favorable à une introspection ou un moment propice aux rencontres et aux échanges, l’été est toujours l’occasion de temporairement se débarrasser des contingences quotidiennes pour prendre de la hauteur, pour analyser les événements lpolitico-professionnels rencontrés lors des six premiers mois de l’année sereinement, pour dresser une forme de bilan et pour évidemment emmagasiner quelques forces tant mentales que physiques pour affronter les défis et les combats inéluctables que l’automne réserve avec vigueur, voire passion.

La légèreté de l’été est déjà un lointain souvenir. Il n’est et n’a été qu’une parenthèse salutaire, aussi éphémère que les stratocumulus sont persistants. Pour les uns, il n’aura été qu’un moment intellectuellement confortable pour affuter et aiguiser une doctrine politique malmenée, pour les autres une impérieuse nécessité d’élaborer les solutions au casse-tête qu’est la situation politico-sociale du pays…

1,7 % de croissance annoncée, revue à la baisse : finalement, le vieux rabot ressorti du placard. Amer constat : à peine rentré d’un séjour hypnotique à l’étranger ou d’une station balnéaire française, force est de constater que les épineux dossiers sont toujours là. La réforme des retraites tournicote et celle de l’hôpital repoussée sine die. Quant à l’assurance chômage de compliquée, à trop attendre elle est devenue complexe…  Si l’on veut encore croire que le grain à moudre est toujours réel, jamais le coût de fonctionnement du moulin n’a été aussi élevé. Une consommation atone, l’inflation de retour, le déficit du commerce extérieur loin d’être endigué se creuse avec une persistance inquiétante et le chômage ne baisse toujours pas. La dépense publique continue, comme au bon vieux temps… Le déficit public nous étouffe silencieusement à la manière d’un boa constricteur : climat de drôle de guerre, celle-ci économico-sociale, celle-là contre nous-mêmes.

Le dialogue social est-il encore possible dans un pays qui refuse depuis plus d’une décennie de s’appuyer sur les corps intermédiaires ? Une chose est certaine, le renouvellement majoritairement voulu par les Français en 2017 ne l’excluait pas dans leur esprit, alors qu'ils lui doivent tant depuis la Libération, n’annihilait pas leur volonté de trouver un nouvel équilibre social au-delà d’une prise de conscience toute relative de budgets contraints.

Loin de se laisser aller à l’atonie ambiante, le CRAPS poursuivra ses travaux, avec un panel d’acteurs de la protection sociale toujours plus nombreux, donc toujours plus représentatifs.

Divers débats seront organisés, d’abord avec Cédric Arcos en septembre. Directeur général adjoint de la région Île-de-France, il partagera avec vous ses réflexions sur le rôle des régions toujours plus actives sur les champs de la solidarité. Ensuite, avec Nicolas Revel en octobre. Le directeur général de la CNAM vous livrera sa vision des réformes du quinquennat en matière de Sécurité sociale. Enfin, nos débats s’orienteront sur l’intelligence artificielle qui révolutionne déjà notre société techniquement et philosophiquement, avec l’aide de différents membres du CRAPS, dont les travaux sont reconnus, à l’instar de ceux de David Gruson et de Pierre Simon.

Échanges certes mais également diffusion de nos réflexions avec la publication de trois ouvrages pour la fin de l’année : sur les territoires de santé, la retraite et l’articulation entre le régime obligatoire et les régimes complémentaires. Enfin, parce que la pédagogie est au cœur de notre action, l’élaboration de vidéos d’animation en partenariat avec le réseau Canopé et la Fondation Charles de Gaulle pour une finalisation et une présentation aux lycéens et collégiens dès le mois de janvier.

Un vœu en guise de conclusion : convaincu que le fameux nouveau monde ne peut naître ex nihilo, il ne pourra convaincre que si le dialogue social retrouve sa plénitude. En matière de protection sociale, autant qu’ailleurs, si la vérité est par essence protéiforme dans un monde où plus rien n’est et ne sera simple, les résultats sont immédiatement et quotidiennement  mesurables par la population dans son ensemble… Et qu’y a-t-il de plus rassembleur que le dialogue social ? Y a-t-il arme plus efficace pour lutter contre l’émergence des populismes de tout bord ? Le CRAPS, reconnu précisément pour sa capacité à rassembler des personnalités de sensibilité politique différente et venues d’horizons variés, prendra, croyez-le bien, toute sa part, fort de la légitimité que lui confère l’expertise de ses adhérents, à la reconstruction de ce dialogue.

Bonne rentrée à tous et espérons que l’automne ne soit pas seulement la période des feuilles mortes que l’on ramasse à la pelle.

* Tweet de Bernard Pivot du 26 août 2018.


 

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