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09 / 04 / 2018
Denis Garnier / Membre
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Dialogue social : causerie occupationnelle ou railleries ?

Le mot « négociation » a été quasiment exclu du débat social, lui substituant celui de « dialogue social ».

« La négociation est omniprésente dans toutes les relations humaines à un moment ou à un autre. Le négociateur doit être capable de se dépersonnaliser et de s’adapter à la personnalité de l’autre afin de mieux communiquer. Le bon négociateur cherche avant tout à amener son interlocuteur à proposer des solutions qui lui semblent acceptables et, par la suite, arriver avec des solutions communes. L’autre partie doit se sentir à l’aise pour négocier dans une perspective gagnant-gagnant » (La grande école des affaires au Québec).

Manifestement, cette notion semble étrangère au pouvoir actuel. Il décide, impose et ne veut dialoguer que sur ses propres décisions en ignorant totalement les arguments des concernés. Que ce soit à la SNCF, pour les EHPAD, les hôpitaux et demains d’autres services publics, partout l’État se cache derrière la dette lorsqu’il s’agit de financement de services publics mais l’ignore lorsqu’il s’agit de réduire les impôts des plus fortunés.

Ah, la bonne dette pour nous mettre à la diète !

Pour le Président et son gouvernement, les arguments sont assénés comme des vérités : « État qui vit à crédit depuis trop longtemps » et, argument imparable, sur la dette « que nos enfants devront payer ». Et d’enfoncer le clou : « Ils n’auront pas le choix, ils devront payer ».
La France, membre de la zone euro, n’a certes pas la souveraineté monétaire mais rappelons que, chaque mois, la BCE trouve 30 milliards d’euros pour racheter des titres sur les marchés. Cet argent vient de quelque part, il est créé par la simple volonté de la BCE. Deuxième économie de la zone euro, la France n’est pas menacée de faillite, ni à court ni à moyen terme.

Si la priorité était d’en finir avec un État qui « vit à crédit », le gouvernement mettrait immédiatement fin à un dispositif comme le CICE (20 milliards d’euros par an), dont l’efficacité est quasiment nulle en termes d’emplois. Il n’aurait pas offert 4,5 milliards d’euros de défiscalisation du capital par la suppression de l’ISF au 1er janvier (Romaric Godin, Médiapart : « Emmanuel Macron, l’aide-soignante et l’argent magique »).

Ce contraste économique dans un pays riche ne peut pas être compris de ceux qui ne peuvent accèder au minimum vital pour vivre et par ceux qui ont lutté pour bénéficier de l’ordinaire qui devrait être servi à chacun.

Entre la logique de l’oligarchie bancaire du Président Macron et la République de Liberté, d’Égalité et de Fraternité du service public, il n’y a pas de pont.

Le parlement est saisi avant même la recherche du moindre compromis. Dans ces conditions, il devient impossible de négocier et il semble tout aussi impossible de dialoguer.

C’est pourquoi les derniers échanges entre la ministre des Transports et les syndicats peuvent s’apparenter à une causerie occupationnelle, c’est-à-dire à gagner du temps pour que le Parlement vote la loi contre ce qu’il doit considérer comme des railleries.

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