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23 / 11 / 2015
David Mahe / Membre
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Attentats de Paris : un traumatisme pour les salariés, une épreuve pour l’entreprise

Les attentats du 13 novembre ont eu une répercussion considérable dans le pays et au-delà. Inévitablement, les salariés et les entreprises ont été touchés. Comment gérer cette situation ? Comment soutenir les salariés ?

Qu’est-ce qu’un événement traumatique ?

L’événement traumatique nous confronte soudainement à la violence, la menace pour notre intégrité physique ou celle de nos proches, l’idée de la mort ou le sentiment d’impuissance face au danger.

Dans ce contexte inhabituel, il est normal et très fréquent que des blessures psychologiques apparaissent : peur intense, désarroi, horreur... La plupart du temps et pour la majorité d’entre nous, ces manifestations finissent par diminuer et disparaître dans le temps. Mais elles persister parfois, s’intensifient ou paraissent plus à distance de l’événement. Cela traduit « l’état de stress post-traumatique » : perte d’intérêt, évitement lié à la peur du souvenir, hyper-sensibilité, souvenirs intrusifs, irritabilité, angoisse, isolement, fatigue, difficulté à trouver le sommeil, cauchemars, difficulté à se concentrer, hyper-vigilance etc.

Quelles conséquences pour l’entreprise ?

Un attentat a des conséquences sur l’état psychologique des collaborateurs, leur capacité à bien travailler, l’ambiance au travail, la motivation et le bon fonctionnement des équipes. Non traités, ces disfonctionnements pourraient s’aggraver sur la durée et nuire au développement de l’entreprise. C’est bien le rôle d’un management exemplaire, responsable et efficace de faire preuve de sa considération et de s’organiser pour vivre cette période au mieux.

Comment gérer cette situation ?

Voici 5 conseils pour vous aider à faire face et vivre au mieux un tel événement :

  1. accepter les difficultés liées au choc : même si cet état doit être passager, il est normal de ne pas être bien après un tel choc ;
  2. libérer la parole et renforcer l’écoute : le management doit faire preuve de compassion et permettre aux salariés d’exprimer leurs émotions normales et légitimes. Dès les premiers jours, prenez l’initiative de dégager du temps et des espaces pour permettre de parler de ce qui a été vécu et ressenti. L’écoute de la part des managers et des collègues est primordiale, d’autant que ces événements graves peuvent s’ajouter à un contexte de tension dans l’entreprise ou de difficulté dans la vie personnelle. Vous pouvez aussi mettre en place un dispositif de soutien psychologique pour que les salariés puissent exprimer leur détresse. Dans ces moments troublés, ne sous-estimons pas le réconfort que l’entreprise peut apporter. Les équipes, elles, s’en souviendront à coup sûr ;
  3. ajuster provisoirement l’organisation et faire preuve de souplesse dans les plannings : transférer la charge de travail à un collègue, accepter une absence ponctuelle du bureau, ajuster des agendas, reporter l’échéance d’un projet, annuler un voyage : ces petits gestes permettent de montrer aux salariés que le management sait s’adapter à la situation et prendre en compte leurs contraintes ;
  4. vivre ensemble des moments collectifs et maintenir des activités sources de plaisir : le besoin d’être ensemble est important dans ces moments cruciaux : se réunir pour faire une minute de silence, changer une routine en organisant un petit déjeuner improvisé, prendre l’initiative d’un moment de détente commun, partager un message de solidarité ou de soutien, résister à la tentation d’annuler des moments conviviaux prévus. La convivialité n’est jamais déplacée, encore moins dans ces moments ;
  5. au-delà de ces bonnes pratiques, il est efficace de mobiliser les services de professionnels spécialisés dès l’événement grave.
  • Activation du réseau des acteurs experts de l’entreprise : DRH, médecins du travail, élus du CHSCT, préventeurs.
  • Déploiement d'une cellule psychologique et d’interventions sur site pour des débriefings individuels ou collectifs.
  • Mise en place de dispositifs de soutien psychologique par téléphone auxquels les salariés ou leur famille peuvent avoir accès 24 heures sur 24.
  • Prendre conseil pour aider les directions à gérer ces périodes cruciales.

La manière dont l’entreprise gère la situation de crise aura des répercussions durables sur la relation que le salarié aura avec elle. Mal ou non gérée, cette séquence laissera le souvenir d’un management déficient. Bien gérée, elle renforcera la confiance et l’attachement des salariés à leur entreprise.

Dans notre environnement malheureusement instable, l’accompagnement des événements graves  fait partie intégrante de la politique de santé au travail et de prévention des risques. Malgré et au-delà des attentats, la vie de l’entreprise doit reprendre son cours.

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